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Actualités - CHRONOLOGIE

Les habitants calmes mais inquiets

Les habitants de Jezzine attendaient hier dans le calme mais avec inquiétude le retrait imminent de l’Armée du Liban-Sud (ALS). «Bien sûr, nous sommes très heureux de rentrer dans le giron de l’État ! Nous nous sentions abandonnés», dit Boulos Asmar, 85 ans, président du conseil municipal. Selon des sources proches de l’ALS, citées par l’AFP, la milice pourrait se retirer dès ce lundi. Chez M. Asmar, tout le monde est endimanché. On prépare activement un repas de communion. Mais très vite, la conversation tourne à la politique. «Moi j’ai confiance en notre président» Émile Lahoud, dit un convive. «Tout ce que nous voulons maintenant, c’est l’État libanais, et j’espère qu’il n’y aura plus de barrages de l’armée» libanaise empêchant l’accès libre à Jezzine, lance un autre invité, en égrenant nerveusement son chapelet. La région de Jezzine, qui ne fait officiellement pas partie de la zone de 850 km2 occupée par Israël, est néanmoins verrouillée par quatre barrages, deux de l’armée libanaise et deux de l’ALS. Ces barrages font de la ville «une grande prison», selon Youssef Wehbé, 72 ans, propriétaire d’un hôtel dont les fraîches arcades surplombent la rue principale de Jezzine. Seuls les habitants de la région peuvent franchir sans permis les barrages de l’armée libanaise. Tous les autres doivent obtenir une autorisation spéciale s’ils veulent visiter la bourgade. «Si l’ALS s’en va, alors tout va changer. Et si la route (vers Beyrouth) est ouverte, ce sera le début de la fin de l’occupation. Mais si l’armée libanaise ne lève pas ces barrages, l’économie sera par terre», prédit M. Wehbé, qui partage sa vie entre Jezzine et Montréal. Les habitants craignent que l’État libanais ne tarde à imposer sa présence dans la ville. «Si notre gouvernement n’envoie pas des soldats ou des gendarmes, la région deviendra une zone tampon vide et ce sera la catastrophe», assure un commerçant. Pour Maroun, un expert-comptable, le retrait de l’ALS signifie «un peu plus de liberté, mais beaucoup plus d’inquiétude». «Que peut faire le pauvre petit Liban ? La question du Liban-Sud, c’est un problème entre Israël et la Syrie, et chaque fois qu’Israël s’est retiré, ça s’est mal passé», explique-t-il. Le député Nadim Salem et l’ancien parlementaire Edmond Rizk se sont rendus à Jezzine pour tenter de rassurer les habitants. «Les miliciens ont peur d’être victimes d’actes de vengeance. Nous leur conseillons toutefois de rester et de se rendre à l’État libanais, quitte à faire voter une loi d’amnistie ultérieurement», a déclaré à l’AFP M. Salem. «L’État affirma d’une manière très claire qu’il assumera ses responsabilités, ce que la population souhaite», a ajouté M. Salem après avoir rencontré à Jezzine une centaine de miliciens de l’ALS natifs de cette région. M. Rizk a pour sa part affirmé posséder «des assurances venues de l’État et du principal intéressé, le Hezbollah». «C’est pour cette raison que nous écartons d’éventuels troubles», a-t-il assuré. «La population de Jezzine veut pour unique interlocuteur l’État libanais qui sera le seul garant de sa sécurité», a affirmé M. Rizk. Ces propos rassurants n’ont pas entièrement dissipé les craintes des miliciens pro-israéliens sur leur avenir. Un sergent de l’ALS interrogé par l’AFP a affirmé «être inquiet» sur son sort. «Nous n’avons reçu jusqu’à présent aucune garantie ferme. Mais j’ai décidé de rester même si j’ai la possibilité de me replier à Marjeyoun», a-t-il ajouté. «J’ai rejoint l’ALS car j’étais privé de revenus et le gouvernement libanais ne faisait rien pour les jeunes de Jezzine. Ironie de l’histoire, je me retrouve aujourd’hui au banc des accusés», commentait un milicien de 23 ans se présentant sous le seul prénom de Jean. Tous les miliciens interrogés ont dit ne vouloir «avoir affaire qu’à l’État libanais» et craindre le Hezbollah qui leur «tire dessus et (en) appréhende certains pour les échanger contre ses combattants capturés par les Israéliens». De son côté, le député Samir Azar a déclaré que «le sort des miliciens de l’ALS sera décidé dans le cadre de la loi libanaise. J’encourage l’application des règlements de manière équitable et je souhaite que l’État agisse à leur égard en bon père de famille», a déclaré M. Azar. Selon M. Azar, 70 miliciens originaires de la région de Jezzine s’y trouvaient encore hier.
Les habitants de Jezzine attendaient hier dans le calme mais avec inquiétude le retrait imminent de l’Armée du Liban-Sud (ALS). «Bien sûr, nous sommes très heureux de rentrer dans le giron de l’État ! Nous nous sentions abandonnés», dit Boulos Asmar, 85 ans, président du conseil municipal. Selon des sources proches de l’ALS, citées par l’AFP, la milice pourrait se...