Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Consommation - En avril, les ventes ont chuté de 60% par rapport au même mois l'an dernier Cri d'alarme des importateurs de produits cosmétiques

Il y a eu d’abord les commerçants. Maintenant c’est au tour des importateurs et des distributeurs de produits cosmétiques de pousser les hauts cris : les affaires vont très mal. Durant le mois d’avril, les ventes ont chuté de 60 % par rapport au même mois l’année dernière. Pour eux, la crise économique qui secoue le pays ne s’est jamais fait autant sentir. L’un après l’autre, les divers secteurs de l’économie nationale pressent le gouvernement d’adopter une politique qui assure, en priorité, la relance de l’activité. Même s’il n’a touché que les produits qui ne sont pas de première nécessité, le relèvement des taxes douanières est loin de promouvoir une telle dynamique. Certes, il assure de nouvelles rentrées au Trésor, mais son effet s’arrête là, puisque l’activité commerciale – pour ne parler que d’elle – s’est ralentie davantage depuis que les droits de douane ont augmenté. S’il y a quelques mois encore, les importateurs de produits cosmétiques étaient seulement inquiets, aujourd’hui, ils craignent le pire et le spectre d’une disparition de leur commerce – au profit surtout des produits de contrebande – pèse de plus en plus lourd. Dans l’optique des autorités, les Libanais ne s’en porteront pas plus mal s’ils ne se fardent ou ne se parfument plus, mais ce n’est sûrement pas sous cet angle qu’il faut poser le problème. Ce qu’il faut voir essentiellement, c’est la menace de l’affaiblissement grandissant de certains secteurs du commerce, à l’heure où le Liban a grand besoin de stimuler son économie. Il ne faut pas oublier que les revenus du secteur du commerce représentent 75 % du PIB, selon le ministère de l’Économie. Et pour pouvoir stimuler cette économie, le Liban se doit aussi d’être compétitif, ne serait-ce que pour préserver sa clientèle (qui prend de plus en plus l’habitude de se procurer de l’extérieur ce qui lui revient cher au Liban) et pour récupérer la clientèle arabe, ou même occidentale, attirée aujourd’hui par d’autres centres commerciaux arabes. Développement de la contrebande Il y a quelques années encore, on venait de Syrie, d’ Égypte, de Turquie, d’Irak, voire même de Russie, pour ne citer que ces pays, afin de passer quelques jours ou quelques semaines à Beyrouth et y faire son shopping. Le marché de la consommation locale était important pour les commerçants. Celui que représentait la clientèle étrangère l’était tout autant. Aujourd’hui, les deux se sont affaiblis considérablement : le pouvoir d’achat des Libanais s’est sérieusement érodé et la clientèle étrangère s’est tournée vers d’autres centres touristiques et commerciaux, beaucoup moins chers que le Liban, comme Dubaï, Bahrein... Les importateurs de produits cosmétiques paient aujourd’hui 62 % de taxes douanières sur les factures d’origine en plus des frais de transport et d’assurance, alors qu’à Dubaï, ces frais ne dépassent pas les 4 %. À tout cela, il faut ajouter un autre facteur déterminant dans la crise qui frappe ce secteur du commerce : la contrebande. La hausse des droits de douanes a favorisé ce genre de commerce illégal qui a toujours existé – il faut le reconnaître – mais qui s’est développé considérablement depuis quelques temps. Selon des informations glanées dans les milieux concernés, les produits introduits frauduleusement au Liban représentaient 20 % du marché. Cette proportion a augmenté dernièrement sans qu’il ne soit toutefois possible de l’évaluer avec précision. C’est la hausse du nombre des caisses de produits de contrebande saisis sur le marché qui a permis ce constat dans les milieux des importateurs et des distributeurs. Une réduction des dépenses En fait, le secteur des cosmétiques au Liban est en perte de vitesse depuis 1995. À cette époque, les taxes payées représentaient 20 % du montant de la facture d’importation. Elles ont été relevées une première fois à la fin de cette même année, puis de nouveau en 1997 pour devenir 34 %. Pratiquement, cela s’est traduit par une importante chute du volume du marché qui était évalué à 100 millions de dollars en 1995. En 1997, il était de 50 millions de dollars. Dans les milieux concernés, on s’attend à ce que ce chiffre se réduise au moins de 20 % cette année. Les pertes accumulées en un mois sont «affolantes», note-t-on dans ces mêmes milieux où l’on précise que rien qu’en un mois, en avril dernier, les ventes ont chuté de 60 % par rapport à la même période l’année dernière. Pourtant, les importateurs de produits cosmétiques avaient décidé de ne pas faire assumer à leurs agents au Liban, du moins pour le moment, les charges dues à la hausse des taxes douanières, dans l’espoir de ne pas faire fuir la clientèle locale. Mais pour ce faire, ils se sont trouvé contraints de réduire leurs dépenses dans d’autres secteurs. Selon les informations obtenues, les bénéfices réalisés grâce à la distribution de produits cosmétiques se situent autour de 7 %. Les importateurs consacrent 10 % à 15 % de leur budget aux promotions publicitaires, sans compter qu’ils paient eux-mêmes les salaires des jeunes promotrices-conseillères (2 000 en tout) affectées aux rayons des cosmétiques dans les parfumeries et les grandes surfaces, ainsi que les sessions de formation auxquelles elles assistent à l’étranger et qu’ils financent l’installation et le décor des stands dans les parfumeries. Pour ne pas avoir à hausser leurs prix proportionnellement à l’augmentation des taxes douanières, ils préfèrent supprimer le budget consacré à la publicité et rééquilibrer ainsi leurs frais. Une petite enquête menée d’ailleurs auprès de quelques parfumeries à Beyrouth confirme que les prix n’ont pas flambé. Les hausses varient entre 5 % et 15 % dans certaines parfumeries et entre 5 % et 20 % dans d’autres. Au cas où le marasme persiste, les importateurs se verraient contraints de réduire leurs importations et de recourir également aux licenciements pour diminuer leurs dépenses. Mais pour ne pas en arriver là, ils multiplient les contacts avec les responsables qu’ils espèrent pouvoir sensibiliser aux problèmes qui se posent au niveau du secteur du commerce. Jusque-là, ils n’ont obtenu que des promesses d’une éventuelle révision du dossier. L’ancien régime s’était aussi engagé à se pencher sur leurs doléances, sans pour autant réagir sérieusement. Aujourd’hui, c’est la promesse officielle faite aux Libanais et selon laquelle la situation s’améliorera dans deux ou trois ans, qui inquiète surtout les forces actives économiques : tiendront-elles le coup d’ici là ?
Il y a eu d’abord les commerçants. Maintenant c’est au tour des importateurs et des distributeurs de produits cosmétiques de pousser les hauts cris : les affaires vont très mal. Durant le mois d’avril, les ventes ont chuté de 60 % par rapport au même mois l’année dernière. Pour eux, la crise économique qui secoue le pays ne s’est jamais fait autant sentir. L’un après...