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Actualités - REPORTAGES

Justice - Quatre témoins de la défense entendus hier dans le procès Karamé D'anciens compagnons de Matar confirment ses propos

Entre la Cour de justice et l’EDL, le courant ne passe apparemment pas. Après l’audience aux chandelles de lundi dernier, celle d’hier s’est déroulée avec des lumières tamisées, la plupart des ampoules ayant grillé. Mais rien ne peut décourager le président Mounir Honein qui poursuit inlassablement et jusqu’au-delà de minuit l’audition des témoins dans le procès Karamé, dans l’espoir de connaître un jour la vérité. Hier, c’était le tour des anciens compagnons du brigadier Khalil Matar de corroborer ses dires, présentant à la cour un portrait avantageux du brigadier, soucieux du bien-être de ses subordonnés et capable d’assumer ses responsabilités. Le mystère du poste Genav (l’émetteur que possédait Matar et qui permet de communiquer avec les avions) ne sera probablement jamais éclairci. C’est du moins ce qu’affirme le colonel Samir Maalouli en réponse à une question de Samir Geagea. Contredisant deux rapports de ses supérieurs, les brigadiers Hanna Sleylati et Joseph Ghosn, ainsi que les propos de son subordonné, le commandant Élias Aboujaoudé, et les affirmations du commandant Tabbouche de la base de Kleyate, Maalouli précise qu’il est très difficile de connaître les fréquences utilisées en 1987 (l’année de l’assassinat du Premier ministre Rachid Karamé) à la base de Kleyate. «Il n’y avait pas d’activité aérienne dans cette base à l’époque et il ne doit pas y avoir de registres, puisqu’il n’y en avait pas dans les autres bases». Maalouli reconnaît qu’en rédigeant leurs rapports techniques dans lesquels ils avaient défini les fréquences des différentes bases, les brigadiers Sleylati et Ghosn ne l’avaient pas contacté, tout comme le commandant Aboujaoudé ne l’avait pas averti qu’il en préparait un de son côté. Cachant difficilement son amertume, il déclare à la cour : «Je suis pourtant le seul qualifié pour ce genre de question». Il relève ensuite ce qu’il considère être les erreurs des rapports présentés à la cour, confirmant ainsi les thèses du brigadier Matar au sujet de la fréquence 123,1, qui, selon lui, n’était pas utilisée à Kleyate, mais à Rayack et à Halate. Interrogés en Israël Compagnon de Matar à la base de Halate de 1983 à 1990, il déclare que ses relations étaient mauvaises avec le brigadier inculpé, car ce dernier le traitait «avec hauteur». Il lève ensuite le voile sur plusieurs incidents évoqués au cours de ce procès. Le colonel était avec Matar lorsque ce dernier avait en 1985 survolé les régions à l’est de Saïda, au moment de l’exode des villages chrétiens, sur ordre de son commandement pour une mission d’exploration. Maalouli raconte qu’ayant essuyé des tirs du côté des camps palestiniens, ils avaient répondu par quelques rafales, mais il ajoute ignorer si Matar a été sanctionné pour avoir agi de la sorte. En mai 1987, Maalouli était aussi avec Matar lorsque leur avion qui effectuait une mission de sauvetage au large de Saïda a été détourné vers Israël. Il raconte avec force de détails qu’en Israël, ils ont été interrogés ensemble puis séparément par des officiers du Mossad. Maalouli relate ensuite en détail la bataille qui s’est déroulée à Halate, le 31 janvier 1990, lors de la guerre entre les FL et l’armée du général Aoun. Il affirme ainsi que la base a résisté autant qu’elle le pouvait, s’arrêtant lorsque les blindés ont dû se retirer. Il ajoute que le chef du service de sécurité des FL Ghassan Touma l’a chargé en février de la même année de transporter trois avions Hunter à la base de Kleyate. Comme il voulait en informer son supérieur le brigadier Matar, il apprend que ce dernier se tenait aux côtés du brigadier Paul Farès qui tenait une conférence de presse (Farès était un officier proche des FL, qui, pendant la guerre dite d’élimination, s’était rebellé contre le général Aoun avant de se rallier au général Lahoud). Les trois autres témoins entendus, le commandant Moufid Achkar, l’officier Habib Akoury et M. Riad Dagher, confirment aussi les déclarations de Matar concernant la résistance à Halate pendant l’assaut des FL et évoquent les aides financières qu’accordait Matar à ses subordonnés dans le besoin. Mais bien que Matar soit au cœur des témoignages, Geagea n’en est pas absent non plus. Le chef des FL dissoutes éclate d’un rire franc lorsque le colonel Maalouli précise qu’entre les FL et l’armée, en 1990, c’était à qui attaquerait en premier. Selon le colonel, l’armée avait même dressé un plan de bataille détaillé, mais, ajoute-t-il, «tout a marché de travers». Geagea hoche alors la tête gravement.
Entre la Cour de justice et l’EDL, le courant ne passe apparemment pas. Après l’audience aux chandelles de lundi dernier, celle d’hier s’est déroulée avec des lumières tamisées, la plupart des ampoules ayant grillé. Mais rien ne peut décourager le président Mounir Honein qui poursuit inlassablement et jusqu’au-delà de minuit l’audition des témoins dans le procès...