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Actualités - REPORTAGES

Correspondance "Juin et les mécréantes" de Nadia Tuéni à l'IMA Dix tableaux pour un amour (photo)

Paris, de Mirèse AKAR- «Juin et les mécréantes», long poème adapté pour la scène par Roger Assaf, introduit dans le «théâtre poétique» une intensité, une véhémence qu’on ne trouve pas toujours dans ce genre où dominent plutôt pirouettes, joliesses et bonheurs de langage. Inspiré par la guerre de 67 et prémonitoire des vingt années suivantes au Liban, il évoque presque un texte politique qui s’avancerait masqué. L’écouter aujourd’hui avec vingt autres années de recul, à Paris de surcroît, c’est-à-dire avec un décalage supplémentaire d’aire géographique, ébranle profondément : c’est une grande soirée qui inaugurait samedi dernier la quinzaine du théâtre libanais à l’Institut du monde arabe. Un acte, dix tableaux pour raconter un Liban comme fait pour être abordé non pas de front, mais par l’allusion et la métaphore, le narrateur lui-même ( Roger Assaf) apparaît d’emblée comme son porte-voix. On le reconnaîtrait d’ailleurs à ce seul aveu qu’il « évita systématiquement l’âge de raison». On le verra aux prises avec quatre femmes qui incarnent les quatre grandes confessions du pays – Tidimir la chrétienne (Julia Aoun), Sabba la musulmane ( Cynthia Zaven), Sioun la druze ( Natacha Antonellou Achkar), Dâhoun la juive ( Zeina Saab de Malere) – et ne lui font pas de quartier, illustrant le vieux principe philosophique qui veut qu’on pose en s’opposant, elles défendent pied à pied leurs valeurs, et si ce n’est pas à la pointe de l’épée, c’est en décochant les mots qui vont se ficher au cœur de la cible. Plus que son moi ou son identité, chacune semble résolue à sauvegarder une sorte d’absolu figurant sa raison d’être, et cela avec une âpreté qui relève par moments de l’imprécation. Il s’agit de ne rien céder à l’autre, de ne surtout pas céder. Voilà pourquoi une certaine solennité ne détonne nullement dans ce texte qu’on croirait composé d’une succession de versets. Tout cela dans un décor minimaliste fait de tentures blanches sur lesquelles sont projetées des images de nos montagnes, de notre rivage au clair de lune , des façades de Beyrouth vérolées par les tirs d’obus : heureux ou douloureux, c’est bien le Liban qui défile ainsi sous notre regard.
Paris, de Mirèse AKAR- «Juin et les mécréantes», long poème adapté pour la scène par Roger Assaf, introduit dans le «théâtre poétique» une intensité, une véhémence qu’on ne trouve pas toujours dans ce genre où dominent plutôt pirouettes, joliesses et bonheurs de langage. Inspiré par la guerre de 67 et prémonitoire des vingt années suivantes au Liban, il évoque presque un...