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Actualités - OPINION

Regard - Pierre Montet : Byblos et l'Egypte : quatre campagnes de fouilles 1921-1924 I - L'arbre âch

Après la réédition en 1997 de l’ouvrage monumental d’Ernest Renan «Mission de Phénicie» qui n’avait jamais été réimprimé depuis son premier tirage à 800 exemplaires en 1864, et la reprise, vu le succès remporté et la nécessité d’une manipulation plus aisée, du texte et des planches en un format plus réduit l’année passée, les éditions «Terre du Liban» ont entrepris, à l’occasion de l’exposition «Liban, l’Autre Rive» à l’Institut du monde arabe à Paris, de remettre entre les mains des amateurs, tiré à 1000 exemplaires dont 300 hors-commerce, l’ouvrage épuisé en deux volumes, texte et planches photographiques, de Pierre Montet – qui fut «l’inventeur» du fameux sarcophage d’Ahiram grâce à l’effondrement providentiel d’une falaise : «Byblos et l’Égypte : quatre campagnes de fouilles 1921-1924». Le nom de son successeur à Byblos M. Dunand est plus connu mais c’est lui qui fit les découvertes essentielles. À l’origine, Montet, égyptologue, voulait retrouver un temple dédié à la déesse égyptienne Hathor désignée, dès le Moyen Empire, comme la «Dame de Byblos», en vertu de l’hypothèse qu’une divinité est dite de tel ou tel lieu quand elle y possède un temple ou une chapelle dans un temple. Montet était venu au Liban comme membre de la mission de Paul Huvelin chargée d’inventorier les ressources du pays à la veille de son passage sous mandat français. Les fouilles de Byblos exigeant des moyens considérables, il bénéficia d’une aide officielle consistante. On savait vers le début du siècle que les rapports entre Byblos et l’Égypte étaient fort anciens. Le «De Iside et Osiride» de Plutarque précisait même qu’Isis avait accosté à Byblos à la recherche du cercueil d’Osiris, ce qui faisait remonter ces rapports à des temps légendaires immémoriaux. Un papyrus de l’époque des derniers Ramsès relatant le voyage de l’Égyptien Oun-Amon en Phénicie apporta la preuve de rapports commerciaux importants. On devait apprendre bientôt, grâce à diverses trouvailles dont celles de Montet, que ces rapports avaient pratiquement toujours existé, dès les trois premières dynasties égyptiennes, et qu’ils jouaient un rôle majeur dans la vie économique et religieuse de l’Égypte. Chez Plutarque, le cercueil d’Osiris, quand il eut touché le rivage de Byblos, fut enveloppé par un arbre. Tout Égyptien aurait juré qu’il s’agissait d’un «âch» : non point un cèdre comme on pourrait le penser mais plutôt un sapin de Cilicie ou encore un pin maritime ou sylvestre. Les Égyptiens croyaient en effet que la résine du «âch» était faite des larmes d’Osiris. Ils préféraient le bois «âch» du Liban pour les cercueils des prêtres parce que les morts sont identifiés à Osiris. L’épisode rapporté par Plutarque doit certainement beaucoup aux récits des antiques voyageurs de commerce égyptiens venus quérir ce précieux conifère. Un passage du papyrus de Leide, écrit à une époque d’interrègne, se lit ainsi : «Maintenant que l’on ne fait plus de voyages par mer vers Byblos, par quoi remplacerons-nous, pour nos momies, les arbres âch dont l’importation permettait de fabriquer les cercueils des prêtres et dont la poix servait à embaumer les hauts personnages ?» Mais l’interruption ne dura pas longtemps. À part les arbres âch, les Giblites livraient également des navires aux Égyptiens, même pour la flotte de la mer Rouge qui servait, entre autres, à aller chercher de l’encens sacré au pays de Pount. Une inscription d’un tombeau d’Assouan de la VIe dynastie dit : «Je suis allé avec mes maîtres, les princes et scelleurs divins Teti et Houi, onze fois à Byblos et à Pount». En contrepartie de son bois et de ses navires, Byblos recevait des produits de l’industrie et de l’artisanat égyptiens. L’ouvrage de Montet est un rapport circonstancié des fouilles, avec descriptions et analyses, dessins et photos des objets trouvés, y compris le riche mobilier funéraire de la nécropole royale révélée par l’effondrement de la falaise et le sarcophage d’Ahiram, clou de l’exposition de Paris, qui a droit à un traitement à part. Le reportage photographique montre les diverses phases de la découverte, les sarcophages encore en place, leur ouverture, etc.
Après la réédition en 1997 de l’ouvrage monumental d’Ernest Renan «Mission de Phénicie» qui n’avait jamais été réimprimé depuis son premier tirage à 800 exemplaires en 1864, et la reprise, vu le succès remporté et la nécessité d’une manipulation plus aisée, du texte et des planches en un format plus réduit l’année passée, les éditions «Terre du Liban» ont...