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Actualités - OPINION

Tribune Jazz et culture au Liban

Pour citer le célèbre musicien nigérian Fela Sowande, ce que – le jazz a de spécial c’est qu’il communique; il n’y a pas là des artistes et des auditeurs, mais des musiciens et des participants». Le jazz gagne en popularité depuis quelques années au Liban, et il le doit aux musiciens libanais et aux organisateurs de concerts ou de festivals, comme à certains propriétaires de clubs ou de magasins de musique. Beyrouth est considéré comme une cité artistique par le reste du Moyen-Orient et abrite une intense vie nocturne. Quant aux Libanais, ils aiment la musique et apprécient toutes les formes d’art. L’expressionnisme comparable au jazz Historiquement, le jazz est un creuset de styles musicaux et de cultures, allant du negro-spritual à la musique africaine et à la musique classique européenne. Il a été constamment réinventé par des artistes tels que Duke Ellington, Charlie Parker, Miles Davis et John Coltrane entre autres, dont les apports ont contribué à définir le jazz comme une forme artistique d’une haute sophistication. De fait, le jazz a eu une énorme influence sur l’art moderne (sculpture, littérature, architecture, musique classique contemporaine, théâtre, danse) et l’inverse est également vrai. «L’expressionnisme est comparable au jazz, explique le peintre Théo Mansour, en ce sens que tous deux se fondent sur la spontanéité, l’intuition et la créativité». Pour lui, la musique est un outil créatif, qui peut aider un artiste «à se déconnecter de la réalité pour se brancher sur le subconscient». En 1992-93, Théo Mansour et le guitariste Samir Attié ont tous deux animé des programmes de musique classique et de jazz sur une station de radio locale, Blue FM 104.4. Celle-ci a disparu depuis, mais des démarches sont en cours pour créer une station de la même veine. Le jazz appartient à une vieille tradition au Liban. «De nombreux Libanais, signale la chanteuse Randa Ghossoub, évoquent aujourd’hui encore les concerts qui furent donnés à Baalbek et Byblos. La guerre civile a mis fin à cet âge d’or, durant lequel des géants comme Ella Fitzgerald, Miles Davis et Duke Ellington laissèrent leur empreinte sur la génération de l’époque». Des parallèles que l’on a pu établir entre le jazz et la musique arabe laissent croire par ailleurs que ces deux genres ont plus d’un point commun. L’emphase sur le rythme et l’improvisation en sont deux exemples, mais d’autres similarités plus subtiles peuvent être constatées. Samir Attié souligne à ce propos que ce partenariat entre jazz et musique arabe remonte aux années cinquante, lorsque le trompettiste Lee Morgan enregistra «East Meets West» avec le bassiste Ahmad Abdul-Malik. D’autres exemples de ce mélange peuvent être trouvés dans les enregistrements des saxophonistes Jan Garbarek et Johnny Griffin avec les oudistes Anwar Ibrahim, Rabih Abou-Khalil et Sandy Bull, la chanteuse-pianiste Aziza Mustapha Zadeh et le bassiste-oudiste Henri Texier, pour n’en citer que quelques-uns. Sur la scène locale, deux personnes ont le mérite d’avoir introduit au jazz un public plus vaste. Le pianiste-compositeur Ziad Rahbani est probablement un des premiers Libanais à avoir expérimenté l’intégration d’éléments de jazz à la musique orientale. Et le bassiste Abboud Saadi est le directeur musical du groupe du «Blue Note» depuis que ce club de la rue Makhoul, devenu le paradis du jazz beyrouthin, a ouvert ses portes il y a douze ans, continuant de fonctionner même aux pires moments de la guerre. Les concerts de jazz peu coûteux Les concerts de jazz sont relativement peu coûteux à produire, et devraient constituer un puissant stimulant pour le tourisme au Liban ; porte de l’Europe et de l’Amérique, ce pays abrite une grande variété de cultures et de langues et dispose, de surcroît, d’ une solide infrastructure en matière de théâtre. Est-il besoin d’ajouter qu’une vie culturelle active se reflète sur l’état de santé général de tout pays ? Beyrouth, capitale culturelle du Moyen-Orient en 1999 est une idée formidable. Grand est mon espoir qu’il sera facile pour les Libanais de venir nombreux aux manifestations jazzistiques qui marqueront cette année. Et de goûter à cette musique qui incarne la liberté d’expression et la créativité.
Pour citer le célèbre musicien nigérian Fela Sowande, ce que – le jazz a de spécial c’est qu’il communique; il n’y a pas là des artistes et des auditeurs, mais des musiciens et des participants». Le jazz gagne en popularité depuis quelques années au Liban, et il le doit aux musiciens libanais et aux organisateurs de concerts ou de festivals, comme à certains...