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Actualités - REPORTAGES

Culture Le sage de Weimar et le Kânoun au Goethe de Manara

La musique et la poésie ont toujours fait excellent ménage. Elles sont si compatibles que parfois il est difficile de les dissocier… Que dire lorsque le kânoun distille ses longues grappes de notes cristallines et que le verbe n’est autre que celui de l’auteur des Souffrances du jeune Werther? Traduits en arabe par Raja Farah qui les déclame avec le talent d’un conteur populaire, les poèmes de l’auteur de Faust ont ici une résornance toute particulière doublée toujours de la richesse des sonorités de la langue de Gebran… Au kânoun, pour donner toute la dimension «éolienne» et lyrique des mots de Goethe, Imad Morcos. Monde enchanté et enchanteur baigné par la beauté et la lumière des vocables et des sons… En marge de l’année 1999, où l’on commémore le 250e anniversaire de la naissance de l’auteur des Affinités électives, le Goethe Institut à Beyrouth a voulu célébrer cet événement à travers les traductions de l’éminent écrivain-poète, portées par les délicates tirades du kânoun. Belle conciliation de deux mondes, de différentes époques et de cultures éloignées. Mais il en demeure une atmosphère où poésie et son se répondent secrètement. De la contemplation de la nature aux élans du cœur en passant par les rêves bercés par la lueur d’une lune argentée, tout le pré-romantisme à la fois ténébreux et lumineux de Goethe est là. La nuit, ses mystères, sa tourmente, le désir, sa délicieuse étreinte, le feu de son inassouvissement, l’espoir de vivre des amours incandescentes et la réflexion grave et drapée sur ce qui fait l’insoupçonnable légèreté de la vie, cette vie si fugace, si éphémère, voilà la voix du poète… Brefs passages traduits en arabe et révélant la portée de la pensée de celui qui apparaît comme «le centre évident de la littérature allemande» pour reprendre les termes de Matthew Arnold. On retrouve ici, dans une version probablement nouvelle, des fragments de poèmes dédiés à Charlotte Von Stein, les aveux-confidences de Wilhelm Meister et même une virée du côté de Faust, profonde allégorie de la condition humaine dans sa complexité. À tous ceux qui ignorent l’éclat de la prose et de la poésie de Goethe dans sa langue originelle ou sa traduction en langue étrangère, c’était là l’occasion de découvrir un grand auteur et la teneur d’une pensée considérée comme l’une des plus importantes de la littérature mondiale. Escortés par les vagues liquescentes des notes du kânoun, les mots de Goethe avaient ce soir-là des échos bien familiers, levantins! Homme de sciences et de culture, toujours en quête de savoir, le sage de Weimar aurait certainement applaudi (tout comme le public l’a si bien fait d’ailleurs) à cette nouvelle mise en forme de ses écrits, sur un ton familier, déclamés aux portes de l’Orient.
La musique et la poésie ont toujours fait excellent ménage. Elles sont si compatibles que parfois il est difficile de les dissocier… Que dire lorsque le kânoun distille ses longues grappes de notes cristallines et que le verbe n’est autre que celui de l’auteur des Souffrances du jeune Werther? Traduits en arabe par Raja Farah qui les déclame avec le talent d’un conteur...