Cinéma papal

Jean-Paul II a été très touché par le film La vie est belle, qu’il a pu voir au Vatican aux côtés de son auteur et interprète Roberto Benigni. Le pape est apparu parfois très ému par les scènes les plus intenses de ce film, primé à Cannes, Toronto et Jérusalem et candidat à l’Oscar, qui évoque avec un humour amer les horreurs d’Auschwitz. Roberto Benigni, bien connu pour ses gestes surprenants d’humour, n’hésitant pas à embrasser des personnalités, à leur sauter dans les bras ou, comme à Cannes, à se jeter à leurs pieds, est resté très discret, assis à la droite du souverain pontife dans une salle privée au Vatican, où son film était présenté aux cardinaux, évêques, prélats et collaborateurs du pape. Jean-Paul II a indiqué avoir apprécié le film au cours d’une conversation avec le metteur en scène italien dont le contenu n’a pas été révélé. On ne sait pas si le chef de l’Église a fait allusion aux occasions où Roberto Benigni n’a pas hésité à le brocarder comme dans le film il pap’occhio (le pap-œil) ou en l’appelant Wojtylaccio (le méchant petit Wojtyla), lors du festival de la musique de San Remo en 1980, ce qui lui avait valu deux interpellations pour insulte à la religion d’État (le Concordat n’avait pas encore été révisé à l’époque).