Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Partenariat euro-méditerranéen - Un objectif de prospérité partagée, de paix et de stabilité Une opportunité unique pour le Liban face au défi de la mondialisation

Le Liban, et avec lui 11 autres pays du sud de la Méditerranée et les 15 membres de l’Union européenne, est engagé depuis la fin du mois de novembre 1995 dans un long processus historique à haute portée stratégique : le partenariat euro-méditerranéen. Lancé solennellement le 28 novembre 1995 au terme d’une conférence des ministres des Affaires étrangères des 27 pays concernés, réunis à Barcelone, ce projet a pour finalité de transformer le bassin méditerranéen en une zone de paix, de stabilité, de coopération multilatérale, et de prospérité partagée, impliquant, notamment, l’établissement d’une vaste zone de libre-échange d’ici à l’an 2010. Objectif particulièrement ambitieux, que d’aucuns qualifient d’utopique. Et pourtant, l’Union européenne y a mis le paquet : elle a consacré un budget de près de 5 milliards de dollars pour la période comprise entre 1995 et 1999 en vue d’enclencher et de poursuivre la mise en application de ce partenariat. Un deuxième budget similaire devrait être approuvé par l’UE dans le courant de cette année pour une période de sept ans (2000-2006). Le caractère innovateur de ce projet réside dans le fait qu’il dépasse le cadre étroit des relations purement économiques et commerciales qui dictaient jusqu’à présent les liens entre l’Europe occidentale et les États du sud de la Méditerranée. Une nouvelle dimension est donnée à la nature des rapports entre ces deux blocs. Cette dimension nouvelle englobe désormais les volets de la coopération politique, sécuritaire, sociale, culturelle, scientifique et technologique, parallèlement au volet économique. Cela nécessite le développement des relations non seulement entre les gouvernements (et les Parlements), mais aussi – et surtout – entre les sociétés civiles des 27 pays concernés. Une double approche Dans le but d’atteindre l’objectif recherché, une double approche a été adoptée : – Le renforcement de la coopération bilatérale entre l’UE et chacun des 12 pays du sud de la Méditerranée, par le biais de la conclusion d’accords d’association portant sur les divers volets susmentionnés. – L’établissement progressif d’une coopération multilatérale, dans un vaste champ de domaines, entre les 27 pays engagés dans le partenariat. La finalité du processus devrait être l’intégration de l’ensemble euro-méditerranéen dans un cadre politique, économique et culturel. Pour le Liban, l’enjeu est de taille. Il offre en effet aux Libanais une opportunité historique – et sans précédent – d’élargir radicalement leur horizon géopolitique et de briser les ornières que certains pays tentent de leur imposer et d’instaurer en dogme. En clair, cela leur permettrait de sortir du cadre restrictif des relations régionales dans lequel on cherche à les enfermer. Au niveau économique, le partenariat euro-méditerranéen aidera incontestablement le Liban à faire face aux nombreux défis de la mondialisation. L’instauration d’une vaste zone de libre-échange – qui devrait s’étaler sur 12 ans – incitera le secteur privé libanais à opérer des choix, à se restructurer, et à se moderniser afin de contenir la concurrence étrangère et d’accroître sa compétitivité sur les nouveaux marchés (notamment européens) qui s’ouvriront à lui. Le partenariat prévoit dans ce cadre l’établissement de liens et la conclusion d’accords entre les entreprises des deux parties. L’adoption des normes et standards européens – conséquence logique du processus en cours – insufflera sans aucun doute au secteur privé libanais un nouveau souffle salutaire. L’effort de modernisation rendu nécessaire par la mise en place du partenariat ne se limitera pas au seul volet strictement économique. Il englobera aussi d’autres domaines vitaux, tels que les télécommunications, l’environnement, le transport, la santé, la recherche scientifique, la gestion des ressources en eau. Une harmonisation des études statistiques est également prévue entre les 27 partenaires, ce qui devrait permettre, enfin, au Liban de rattraper le grave retard qu’il a pris sur ce plan au cours des dernières années. Un préalable nécessaire : la paix Les obstacles et les problèmes de fond qui risquent d’entraver le plein succès du partenariat euro-méditerranéen sont, certes, nombreux. Un tel projet nécessite d’abord, à l’évidence, la réalisation d’une paix globale au Proche-Orient. Il implique, en outre, de surmonter divers blocages fondamentaux dont l’effet inhibiteur ne saurait être négligé, tels que la nature de certains régimes en place dans la région ou les facteurs d’ordre culturel, religieux et idéologique qui sont à la base du clivage de civilisation qui existe entre l’Europe occidentale et certaines couches de la population dans divers pays du sud de la Méditerranée. C’est précisément dans le but de faire face à de tels blocages que le projet de partenariat a une approche globale et accorde une importance particulière aux volets politique, sécuritaire, social et des échanges culturels, impliquant un renforcement des relations entre les sociétés civiles des 27 pays concernés. Sans compter que les intérêts économiques et les impératifs de la lutte contre le sous-développement pourraient jouer un rôle de catalyseur et de stimulant. L’instauration, en 1951, de la Communauté européenne du Charbon et de l’Acier constituait à l’époque l’instrument économique qui a permis d’aboutir à un objectif politique stratégique : l’instauration d’un véritable climat de paix, de coopération et de compréhension entre des peuples qui s’étaient entre-déchirés de longues années durant et qui venaient de sortir d’une guerre mondiale particulièrement meurtrière. D’une manière quelque peu analogue, le partenariat euro-méditerranéen est appelé à enclencher une dynamique à multiples facettes pour aboutir dans le courant de la première décennie du siècle prochain à l’instauration progressive d’une zone de paix, de stabilité, de prospérité et d’échanges entre les deux rives de la Méditerranée. Ce rêve deviendra-t-il réalité ? Le pari a été bel et bien lancé par l’UE, des milliards de dollars à l’appui.
Le Liban, et avec lui 11 autres pays du sud de la Méditerranée et les 15 membres de l’Union européenne, est engagé depuis la fin du mois de novembre 1995 dans un long processus historique à haute portée stratégique : le partenariat euro-méditerranéen. Lancé solennellement le 28 novembre 1995 au terme d’une conférence des ministres des Affaires étrangères des 27 pays concernés,...