A la place du Banco di Roma L'aile fonctionnelle du parlement : 126 bureaux individuels pour les beys... (photos)

A quelques pas de l’Assemblée, les députés de la nation, prospère démocratie oblige, se voient gratifier de la jouissance d’un bureau particulier. Sur 17.000 m2 de surface bâtie et avec un budget de 12,5 millions de dollars, équipements compris, ils s’installent place de l’Etoile à l’emplacement du Banco di Roma, détruit durant la guerre. La nouvelle bâtisse, réalisée sous la férule de l’architecte Nabil Azar, concilie le passé et le présent. «Ce mariage de l’ancien et du nouveau est un véritable exercice urbain pour intégrer l’immeuble dans son environnement et dans le temps», dit M. Azar. Aujourd’hui, les travaux sont achevés, le décor planté, mais l’immeuble de 13 étages, dont six en sous-sol, n’est pas encore occupé. La date de sa mise en service effective attend le bon vouloir du speaker du Parlement. L’architecte a planché sur la pierre libanaise taillée à l’ancienne, le fer forgé et le VEC (vitre extérieur collé). Sur les façades nord, sud, et ouest celui-ci se déploie en de gigantesques vagues miroitantes pour réfléchir l’édifice du Parlement et la rue Maarad. Un grand portail de pierre permet de canaliser les visiteurs qui traversent le hall d’entrée (22 mX 11 m) équipé électroniquement de caméras de surveillance. De là le regard découvre d’un seul trait les différents étages et accroche un toit ouvert sur le ciel. En effet, placée à une hauteur de 24 mètres, une verrière domine les sept étages et assure une lumière naturelle à tout le bâtiment. Cette lumière tombe en cascade sur un pan de mur soutenant un grand cèdre de 6m X 7 m. Dessiné par May Badawi, le cèdre a été découpé dans du granit de sept centimètres d’épaisseur. Les branches du sommet représentent dans des figures abstraites un croissant de lune et une croix, symbolisant l’unité nationale. Située au rez-de-chaussée, une bibliothèque en bois de chêne d’une capacité de 20.000 volumes a été conçue par l’architecte Khalil Khoury. L’espace ceinturé de vitre et de fer forgé est affublé d’une salle de lecture de 17 m X 17 m, de quatre cabinets individuels et d’un lounge de journaux et magasines. Pour les députés, 126 bureaux (le président et le vice-président restent logés à l’Assemblée) sont répartis entre les différents étages. Chaque unité comprend deux pièces: l’espace secrétaire et le bureau proprement dit. Celui-ci est équipé de deux téléphones, d’une télévision, d’un mini-bar incrusté dans un petit meuble-bibliothèque et d’une lampe halogène. Les fenêtres sont tendues de voile blanche et de rideaux bleu fumé; le sol est couvert de moquette bleu velours. Les portes sont en bois massif du Brésil. Ce n’est pas le grand espace mais ce n’est pas non plus l’exiguïté. Chaque étage comprend quatre toilettes pour les député et deux pour le public. Les commissions parlementaires disposent de 16 salles de conférence, réparties sur les sept niveaux. Elles sont équipées de microphones et d’un système de lecteur enregistreur. Au troisième étage, une infirmerie. Le local est composé de trois pièces dont une salle d’examen. La salle des ordinateurs est aménagée au premier sous-sol. Celui-ci communique directement avec le Parlement par une voie de passage dotée d’un escalier roulant. Les députés se rendront de leur bureau à l’hémicycle sans emprunter la rue. Au troisième niveau souterrain, derrière une porte peinte en noir, se déroule l’espace archéologique prévu pour exposer les vestiges romains découverts sur les lieux lors des travaux. Au quatrième sous-sol se glisse le département «entretien et équipement», placé sous la responsabilité de la maintenance et des techniciens. Au sixième sous-sol sont logés les moteurs, les chaudières, et des groupes électrogènes d’environ 800 KVA. Ces sous-sols comprennent également des parkings pour 130 voitures et des dépendances pour les chauffeurs et gardes du corps. L’édifice de 13 étages est desservi par cinq ascenseurs reluisants dont deux à code réservés exclusivement aux représentants du peuple. En bref, faisant fi de l’air du temps, cette institution nationale se cantonne dans le massif et le fonctionnel, ignorant les dorures et les strass. Heureusement pour les contribuables.