Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGE

Une expo tout public inaugurée par Johan De Moor "BD en bulles", ça bouge dans la bande dessinée ! (photos)

La librairie Nadim Tarazi et France-Edition organisent une exposition itinérante de Bandes Dessinées. Après le Lycée Abdel-Kader où elle campe jusqu’au 25 avril (de 8h à 18h), l’expo «BD en bulles» sera transportée à Saïda, puis à Tripoli, et enfin à Jounieh. A l’occasion de l’ouverture de ce Salon de la B D, le dessinateur Belge Johan De Moor est de passage à Beyrouth pour quelques jours. Il rencontrera des écoliers du cycle complémentaire et animera des séances d’échanges et de débat. Illustrateur de «La vache» et de «Gaspard de la Nuit» (chez Casterman), De Moor fête cette année ses 15 ans de métier. «BD en bulles», c’est, en chiffres, plus de 4.000 titres et une trentaine d’éditeurs, dont, pour ne citer que quelques uns, Dupuis, Glénat, Dargaud, Le Lombard, Delcourt, Casterman. Western, policier, aventure, historique, humour, fantastique, science fiction...il y en a pour tous les âges et tous les goûts. «La Bande Dessinée ne se cantonne plus dans les grands classiques, elle est aujourd’hui si diversifiée qu’on ne peut plus dire «je n’aime pas la BD », mais éventuellement «je n’aime pas tel genre de B D », souligne le libraire Toufic Traboulsi, qui rappelle que «depuis le premier festival de la BD au Liban, en 1980, la librairie Tarazi s’occupe de mettre ce genre en valeur en participant à des expositions, en invitant au Liban de grands auteurs et illustrateurs et en organisant diverses manifestations». «BD en bulles» présente par ailleurs quelque 200 titres qui ne sont pas à vendre. «Ces Bandes Dessinées appartiennent à une vingtaine de Maisons d’édition françaises et sont uniquement exposées ici à titre représentatif», indique M.Traboulsi. Et d’annoncer d’autres surprises en perspective, notamment la visite, pour bientôt, de Bardet, auteur de «Timon des blés», «Les chemins de Malefosse» et «Le parfum des Cèdres». Association intéressante: pour «Le parfum des Cèdres» ainsi que pour la deuxième partie de la série «Timon des blés», Bardet collabore avec le dessinateur libanais Klimos. Héritage Né à Bruxelles où il vit et travaille aujourd’hui, Johan De Moor se souvient qu’en classe, il passait son temps à gribouiller dans les marges de ses cahiers. «J’ai eu la chance d’avoir une maman compréhensive qui m’a alors inscrit dans une école de dessin», raconte-t-il. «Là, j’ai rencontré des maîtres, de vrais professionnels qui m’ont beaucoup appris». Il reçoit donc une solide formation, mais pas en Bande Dessinée. «D’ailleurs, je crois que cela ne s’apprend pas», précise-t-il. «Pour ma part, mon père et mon parrain étaient dessinateurs de BD. Je suis donc «tombé dedans lorsque j’étais petit»». Par le biais de père qui travaillait avec Hergé, il rencontre celui qu’il considère comme le maître de la Bande Dessinée et collabore avec lui quelque temps avant sa mort. «C’était passionnant», dit-il. «J’ai ensuite repris un peu ses personnages, puis de fil en aiguille, j’ai trouvé un éditeur, Casterman, et je me suis lancé». Parti donc des personnages de Hergé—notamment «Quick et Flupke» qu’il réalise aussi en dessins animés pour la télévision—, Johan De Moor crée ensuite «Gaspard de la Nuit», une série qui traite de l’adolescence, avec tout ce que cela comporte comme «troubles». Il collabore également à plusieurs projets et s’intéresse même,un moment, à la publicité. Ce n’est qu’en 1992 que naît «La vache», agent secret qui répond au numéro de code: Pi= 3,1416. Dans les huit albums déjà parus, «la vache» dénonce les problèmes de notre société de manière ironique et sarcastique: environnement, politique... «Je pense que dénoncer par le rire peut être aussi efficace qu’un discours», note-t-il. «Un dessin peut interpeller davantage qu’un article, comme ceux de Plantu à la «une» du «Monde»...». Grand voyageur, il se déplace à la fois pour et grâce à la B D, dans le cadre de missions de coopération. Rencontre avec des jeunes professionnels, des écoliers, des étudiants, mais aussi parfois des adultes.«Je voyage beaucoup en Afrique. Je viens de rentrer du Rwanda où je me suis retrouvé devant un parterre de diplomates. C’était magnifique de les voir tous rire, de réussir à les mettre tous «d’accord» », dit-il dans un sourire. Le pays qui l’a surtout marqué reste toutefois le Zaïre. Il s’en est d’ailleurs inspiré pour son tout dernier album de «La vache»: «Le mauvais goût de la vengeance». «C’est un pays incroyable», dit-il. «J’y suis allé l’an dernier. Tout ce qui n’est pas permis ailleurs est permis à Kinshasa. Ce peuple se trouve dans une situation économique désastreuse et trouve toujours le courage de se débrouiller, de rire et de faire la fête. Je trouve cela admirable». A Beyrouth, De Moor rencontrera surtout des élèves du complémentaire. «Le dialogue avec les jeunes est intéressant. Ils posent d’ailleurs tous les mêmes questions, qu’ils soient d’Afrique, d’Europe ou d’ailleurs», note-t-il, amusé. «Ils me demandent toujours, par exemple, si je suis riche. Question à laquelle je ne manque jamais de répondre: «Riche de quoi ?»Ou encore: «Et à part la B D,qu’est-ce que vous faites comme métier ?»... Depuis 15 ans, Johan De Moor travaille en tandem avec Stephen Desberg, qui signe, entre autres, les textes de «La vache» et de «Gaspard de la Nuit». «C’est un ami d’enfance et un scénariste talentueux, qui travaille avec plusieurs dessinateurs. Nous sommes liés par une grande complicité et, les années aidant, nous nous comprenons à demi-mot», ajoute-t-il. Est-ce qu’on a tout raconté en Bande Dessinée? «Je pense qu’on a fait le tour de certains sujets, comme par exemple la quête du Graal ou l’île au trésor», répond Johan De Moor. «On y reviendra peut-être un jour, d’une autre manière, mais pour le moment, je crois qu’il faut surtout se concentrer sur des sujets plus réels, sur cette fin de siècle qui n’est pas très gaie. Il faut prendre le temps de raconter les relations entre les gens, entre les cultures. On pourrait également parler d’amour comme dans «Autant en emporte le vent»...
La librairie Nadim Tarazi et France-Edition organisent une exposition itinérante de Bandes Dessinées. Après le Lycée Abdel-Kader où elle campe jusqu’au 25 avril (de 8h à 18h), l’expo «BD en bulles» sera transportée à Saïda, puis à Tripoli, et enfin à Jounieh. A l’occasion de l’ouverture de ce Salon de la B D, le dessinateur Belge Johan De Moor est de passage à Beyrouth pour...