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Actualités - CHRONOLOGIE

Les femmes dans la mêlée municipale May Kahalé : créer un mouvement indépendant des considérations politiques (photo)

Elles auraient dû être une centaine; elles ne sont qu’une vingtaine à présenter effectivement leur candidature aux 708 conseils municipaux du pays.Comme pour le reste, le vent du changement tarde à souffler sur le Liban et seules quelques rares pionnières, à peine 5 pour le mohafazat du Mont-Liban (en principe le plus développé),ont décidé de se lancer dans cette bataille que les hommes ont politisé, réduisant ou amplifiant ses enjeux suivant leurs propres intérêts. A leur tête May Kahalé. Journaliste conseillère à l’information à la présidence de la République quand aucune femme n’avait encore occupé un tel poste, elle a été la première à annoncer sa détermination à se lancer dans la bataille des municipales, pour la localité de Sin el-Fil. L’idée lui en était venue, il y a un an, lorsqu’il avait été question d’organiser ces élections et, depuis, elle a fait son chemin. Pour May Kahalé, l’enjeu est clair: il s’agit de créer un conseil municipal représentatif et efficace, capable de rendre cette banlieue enlaidie par un développement anarchique, plus viable. May Kahalé, dont la famille est implantée à Sin el-Fil depuis plus d’un siècle et dont le père a longtemps occupé les fonctions de moukhtar de la localité, se souvient de l’époque où celle-ci n’était qu’un village verdoyant, riche de ses vergers et de ses mûriers. «Aujourd’hui, dit-elle, ce n’est plus qu’une banlieue sinistre, toute en béton que les gens préfèrent éviter en raison de ses embouteillages». May Kahalé qui n’a jamais quitté Sin el Fil, est triste de voir l’état dans lequel se trouve aujourd’hui le village de son enfance. Ce qu’elle voudrait, c’est que tous les habitants, surtout les jeunes s’investissent dans le reboisement de «Horch Tabet qui n’a plus de horch que le nom», dans la création de parkings pour les voitures, l’aménagement d’un jardin public et la construction de trottoirs, bref tout ce qui peut embellir le cadre de vie des habitants (dont 8000 doivent élire un conseil municipal de 15 membres). Municipalité et résolution 425 Mais là où elle parle d’environnement, d’urbanisme et de protection de la nature, on lui répond par l’application de la résolution 425, les tentatives d’étiquetage politique et les querelles de clocher. C’est que non seulement, elle est une femme, mais de plus,elle occupe un poste important au sein de l’Etat. May Kahalé réagit aussitôt: «La politique n’a rien à voir dans ma bataille. Dans ma conception des choses, la municipalité est la première phase du travail national. Il s’agit d’une administration locale en rapport avec les conditions de vie des citoyens». Pour elle, ce n’est même pas un titre honorifique et encore moins le premier pas vers le statut de notable, puisqu’elle a déjà titre, fonction et tous les privilèges qui les accompagnent. Non, son objectif est de sensibiliser les habitants sur leur cadre de vie et rendre leur lieu de résidence plus agréable à vivre, plus moderne et plus conforme aux exigences du monde actuel. Ce qu’elle voudrait, c’est que tous les habitants mettent de côté leurs allégeances politiques pour travailler ensemble dans l’intérêt de Sin el Fil. «Je voudrais que nul ne soit exclu pour que nous puissions travailler tous ensemble dans l’intérêt de notre localité. C’est pourquoi je suis favorable à une liste de coalition qui regrouperait les représentants des familles de Sin el Fil ainsi que ceux des divers courants politiques». Des pourparlers sont d’ailleurs engagés dans ce but mais May Kahalé affronte chaque jour de nouvelles rumeurs affirmant qu’il existe un veto syrien contre elle ou qu’elle a l’appui du pouvoir ou encore annonçant le retrait de sa candidature. Mais, en véritable militante, elle ne se laisse pas décourager.Elle sait que les attaques contre les femmes qui se mêlent de choses publiques sont plus méchantes que celles qui sont lancées contre les hommes et elle est habituée à les affronter. Pour May Kahalé, l’essentiel n’est pas de remporter la victoire, mais de se présenter pour le principe. A cet égard, elle ne cache pas son admiration pour Mme Linda Matar, présidente du conseil de la femme libanaise qui se présente à toutes les élections législatives pour montrer que la femme participe aux batailles publiques. Mais elle se sent quand même parfois un peu seule, dans cette arène d’hommes et s’étonne du nombre réduit de femmes lancées dans la bataille municipale. «Où sont les candidates? se demande-t-elle. Passe encore pour les villages, mais dans les grandes agglomérations et dans les villes, je ne comprends pas pourquoi elles sont si peu nombreuses. Pourtant, j’aurais cru que ce travail est idéal pour la femme, car elle est plus disponible que l’homme qui le pratique souvent en activité secondaire et elle est plus sensible aux problèmes de la santé publique et de l’environnement...». Il est vrai que le système n’aide pas beaucoup les femmes. Il n’y a ni partis politiques, ni syndicats pour leur fournir un encadrement.Elles ne doivent donc compter que sur elles-mêmes et prendre le risque d’être critiquées, voire boycottées. «Peu importe, répond May Kahalé. Je n’ai pas peur des défis. Il faut bousculer les traditions et le changement se fera peu à peu. J’espère que dans six ans, au cours des prochaines élections municipales, les candidatures féminines seront plus nombreuses...» Envisage-t-elle de se retirer? «Je compte mener la bataille jusqu’au bout, répond-elle avec détermination. Mais je suis pour la liste de coalition et la coopération de toutes les parties dans l’intérêt de Sin el Fil. Si je vois que c’est impossible à réaliser, il se peut que je me retire, car mon objectif est de créer un mouvement municipal indépendant de toutes les considérations politiques». En face d’elle,il y a aussi bien les forces traditionnelles que les divers courants politiques, chacun voulant se créditer d’une victoire. L’actuel président de la municipalité, le député Habib Hakim a même présenté la candidature de son fils, comme si la municipalité était désormais une affaire de famille, quand elle n’est pas une affaire d’intérêts ou plus encore d’enjeu politique. En quoi toutefois l’opposition ou le camp loyaliste peuvent-ils mieux servir Sin el-Fil? ? C’est la question que beaucoup de gens, dans cette localité et ailleurs, se posent. Mais la réponse est entre les mains des électeurs.
Elles auraient dû être une centaine; elles ne sont qu’une vingtaine à présenter effectivement leur candidature aux 708 conseils municipaux du pays.Comme pour le reste, le vent du changement tarde à souffler sur le Liban et seules quelques rares pionnières, à peine 5 pour le mohafazat du Mont-Liban (en principe le plus développé),ont décidé de se lancer dans cette bataille que les...