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Actualités - ANALYSE

Le report du scrutin au sud et dans la Békaa sérieusement envisagé Motif invoqué : l'extrême tension entre Amal et le Hezbollah

Il existe incontestablement dans le pays un puissant courant en faveur du report des élections municipales. L’année dernière cette tendance, dont la figure de proue était le président du Législatif, M. Nabih Berry, soutenu à l’époque par le chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, avait réussi à imposer son point de vue à quelques semaines du scrutin prévu en juin dernier. Le Parlement avait même décidé d’ajourner les élections jusqu’en avril 1999. Pour la petite histoire, il faut rappeler que le Conseil constitutionnel avait invalidé cette loi, contraignant le gouvernement et par la suite le Parlement, à paver la voie à l’organisation des élections cette année. Aujourd’hui, ce courant est affaibli mais il existe toujours. M. Hariri, tombé entre-temps «amoureux» des élections — pour reprendre les mots du président Elias Hraoui — n’en fait plus partie. Il a réalisé que, tout compte fait, il pourrait bien en sortir renforcé. Et si M. Berry assure que les élections auront lieu à la date prévue, il est clair qu’il appréhende beaucoup cette échéance aux résultats incontrôlables. Pas plus tard qu’hier, le président de la Chambre a reconnu l’existence de problèmes, soulignant que le découpage des mohafazats et la distribution des moukhtars auraient dû être mieux étudiés. A dix jours de la première étape de ces élections au Mont-Liban, on recommence à évoquer un éventuel report partiel du scrutin. Personne n’ose encore le dire à haute voix et en assumer la responsabilité devant l’opinion publique. Le morceau serait trop gros à avaler. Mais déjà, des forces occultes s’activent sur le terrain. Tous les jours, des altercations plus ou moins graves opposent des militants du mouvement Amal et du Hezbollah. La plupart ne sont pas rapportées par les médias. Selon des sources bien informées, les membres des deux formations se sont affrontés à cinquante reprises dans des localités du Liban-Sud, de la Békaa et à Beyrouth. Le plus grave incident s’est produit vendredi dernier à Zokak el-Blatt. Une rixe armée a fait quatre blessés dans les rangs du mouvement Amal. Le lendemain, les dirigeants des deux formations se sont réunis pour apaiser le climat et appeler leurs militants au calme. En vain. Le même jour, quatre personnes ont été blessées dans un village de la région de Tyr lors d’une mêlée généralisée. Quelques jours auparavant, des membres du Hezbollah et d’Amal s’étaient affrontés à Kharayeb (Liban-Sud), Bourj-Barajneh (Baabda), Taraya (Békaa)... Le moindre risque Des sources du Hezbollah précisent que la direction d’Amal n’est pas très soucieuse de calmer l’ardeur de ses partisans. Le parti islamiste accuse carrément le mouvement d’entretenir un climat d’extrême tension et de provoquer ces disputes afin d’amener les responsables syriens à intervenir pour obliger les deux parties à s’entendre sur des listes de coalition comme cela s’est passé lors des législatives de 1996. S’il est impossible de vérifier l’ensemble de ces informations, une chose est sûre: Amal s’est publiquement prononcée en faveur de listes de coalition avec le Hezbollah qui, lui, reste déterminé à mener seul la bataille «afin que chacun connaisse son véritable poids représentatif». Visiblement, le président Berry est très inquiet. S’il est vrai qu’il possède un charisme indiscutable, son mouvement ne jouit pas nécessairement d’une organisation lui permettant d’encadrer très efficacement les masses. Pour sa part, le Hezbollah est extrêmement structuré et peut mobiliser des dizaines de milliers de militants d’une discipline exemplaire. Partisan du moindre risque en politique, le président de la Chambre veut donc à tout prix asseoir son leadership avant les élections. Dans les milieux du parti, on assure que le chef des services de renseignements syriens au Liban, le général Ghazi Kanaan, a tenu au moins trois réunions avec la direction du Hezbollah pour lui «conseiller» de former des listes de coalition avec son rival. Mais pour l’instant, aucune pression sérieuse n’a encore été exercée. Certes, tout peut encore changer. Mais la tendance actuelle, selon certaines sources du Hezbollah et du pouvoir, est d’envisager un report du scrutin au Liban-Sud, à Nabatiyé et dans la Békaa. Le scénario serait déjà prêt: une proposition de loi en ce sens ayant été élaborée et attendant, dans les tiroirs du président Berry, d’être examinée par la Chambre. Le motif invoqué: les impératifs de sécurité. Les résultats des élections au Mont-Liban détermineront la suite des événements. Un éventuel raz de marée du Hezbollah dans la banlieue-sud rendra encore plus plausible le scénario du report. Les chrétiens auront eu leurs élections, les chiites pourront attendre... jusqu’au troisième millénaire.
Il existe incontestablement dans le pays un puissant courant en faveur du report des élections municipales. L’année dernière cette tendance, dont la figure de proue était le président du Législatif, M. Nabih Berry, soutenu à l’époque par le chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, avait réussi à imposer son point de vue à quelques semaines du scrutin prévu en juin dernier. Le...