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Actualités - ANALYSE

De l'eau dans le gaz entre Koraytem et le Palais Bustros ...

Il semble que le président Rafic Hariri soit indisposé — sans aucune allusion à son malaise physique de Damas — par la divulgation à la presse du contact pris avec lui avant son départ pour Paris où il avait rencontré le président Jacques Chirac, mais pas M. Kofi Annan. Et il semble qu’il reproche au ministre des Affaires étrangères M. Farès Boueiz d’être à l’origine de cette fuite informationnelle. Ce qui, on s’en doute, risque de tiédir de nouveau les relations entre les deux hommes, rabibochés à grand peine après le sommet de Lattaquié… De fait un diplomate estime que «le ministre a été un peu trop loin sans doute en annonçant que M. Hariri lui avait proposé de l’accompagner à Paris pour rencontrer M. Annan. Et surtout en déclarant qu’il ne voyait pas la nécessité d’une telle entrevue du moment que le secrétaire général des Nations Unies n’avait rien de neuf dans sa gibecière, ajoutant que le rendez-vous ferait accroire le contraire, ce qui induirait l’opinion en erreur. On ne sait pas, remarque cette personnalité, par quel tour de magique divination M. Boueiz pouvait être aussi certain que M. Annan n’avait rien à proposer. Même en supposant que cela fut le cas, il est peu courant dans les usages diplomatiques de se montrer aussi négatif par rapport à un médiateur que l’on a soi-même désigné. C’est en effet le Liban officiel, M. Boueiz compris, qui en réponse aux offres israéliennes concernant la 425 a fait savoir qu’il n’a pour sa part rien à négocier et qu’il appartient au secrétaire général de l’ONU, conformément à la 426, de traiter avec les parties concernées les mécanismes d’un retrait que la FINUL doit en tout cas superviser. Ce ne sont donc pas les Israéliens qui chargent M. Annan de mission, mais bien la 426 ou si l’on préfère le Conseil de Sécurité, avec le plein assentiment de l’Etat libanais. Cela sans compter que dans des affaires aussi délicates, on ne confie évidemment pas de tels détails au public». Ce diplomate note également que «cela fait des années que M. Boueiz, souvent à juste titre, se plaint qu’on le «double» trop souvent dans ses fonctions et qu’on multiplie de tous les côtés les interventions en matière de politique étrangère. Or il a admis lui-même, à travers le sommet de Lattaquié, que le dossier du Sud nécessite une campagne qui doit mobiliser tout le potentiel de l’Etat libanais, tous les contacts que peuvent avoir ses dirigeants et il y a eu une répartition des tâches dans ce cadre. Qu’aurait dit le ministre, comment aurait-il réagi, si à partir de là M. Hariri avait pris l’initiative d’aller à Paris rencontrer le président Chirac et M. Annan sans même l’en aviser… Il aurait été probablement furieux et se serait répandu en reproches amers, comme il lui est arrivé de le faire à l’occasion de visites faites sans lui à l’étranger par le président du Conseil. Et qu’aurait-il dit, comment aurait-il réagi si cela avait été l’inverse: si M. Hariri avait déclaré par exemple qu’il était inutile d’aller voir tel ou tel personnage que le ministre devait rencontrer… On imagine combien il est pénible pour un ministre de se voir contredit, contrarié, désavoué par son chef et le contraire paraît encore plus frappant!» Engagements «En tout cas, poursuit ce diplomate, l’on semble avoir oublié un peu trop vite les engagements de coopération et de coordination pris au sommet de Lattaquié entre les responsables libanais, nécessité qui s’impose tout particulièrement quand le dossier Sud est en jeu. Dans ce cadre, il était normal que M. Hariri demandât à M. Boueiz d’être à ses côtés à Paris et la réaction du ministre, qui s’est adressé au public sur une affaire d’Etat, reste un peu incompréhensible ou à décrypter. D’autant que même, ou surtout, s’il est sceptique en ce qui concerne M. Annan, le ministre des Affaires étrangères peut estimer sa présence aux côtés du chef du gouvernement utile pour de tels entretiens, disons en tant que «technicien» qui a son mot à dire. Il existe en effet beaucoup de points, de détails dont un premier ministre peut avoir une moindre connaissance qu’un chef de diplomatie et il est préjudiciable donc qu’il en traite en l’absence de ce dernier. C’est d’ailleurs peut-être une des raisons pour lesquelles M. Hariri n’a finalement pas vu M. Annan, se contentant de rencontrer le président Chirac, qui est un ami personnel». Et de conclure en craignant que «désormais le président Hariri ne poursuive seul la relance des grandes capitales, sans consulter M. Boueiz auquel il reproche d’avoir trop de penchant pour une diplomatie médiatisée…» l En attendant une réponse circonstanciée, directe ou indirecte, à un tel réquisitoire, on peut penser que M. Boueiz a voulu indiquer à l’opinion tout simplement qu’il était tout à fait vain de rencontrer M. Annan avant que ce dernier ne vît Netanyahu, car le secrétaire général n’aurait encore rien à dire au fond. On peut également estimer qu’à Lattaquié il a été convenu non seulement de coopérer mais aussi de faire montre de transparence, ce qui implique que les contacts entre responsables doivent être rendus publics, pour couper court à de pernicieuses spéculations de journalistes… Des proches du palais Bustros indiquent que le ministre n’avait pas d’objection à ce que M. Hariri se rendît à Paris mais ne voyait pas la nécessité de l’y accompagner. Ajoutant que ce n’était pas divulguer un secret d’Etat que de confirmer que M. Hariri avait demandé à M. Boueiz de l’accompagner, puisque c’est tout à fait normal… Toujours est-il que si M. Hariri s’est rendu à Paris, c’est à la demande du président Chirac, la France s’inquiétant beaucoup on le sait pour le devenir du Liban et estimant que l’évolution actuelle n’est pas vraiment favorable à ce pays. Cependant, de source informée, on indique que le chef de l’Etat français, après avoir travaillé à une rencontre Hariri-Annan, a fini par juger que cela serait encore prématuré et a déconseillé une telle entrevue au président du Conseil libanais.
Il semble que le président Rafic Hariri soit indisposé — sans aucune allusion à son malaise physique de Damas — par la divulgation à la presse du contact pris avec lui avant son départ pour Paris où il avait rencontré le président Jacques Chirac, mais pas M. Kofi Annan. Et il semble qu’il reproche au ministre des Affaires étrangères M. Farès Boueiz d’être à l’origine de...