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Actualités - CHRONOLOGIE

Primary Colors à Cannes : toute ressemblance... (photo)

Le rideau s’est levé mercredi sur le 51e festival international du film de Cannes avec «Primary Colors» et attroupements, cris et vociférations ont comme d’habitude accueilli les premières stars qui monteront les marches du palais, John Travolta et Emma Thompson. Le premier interprète le président des Etats-Unis et la seconde la First Lady. Le président est un personnage en vogue. Que l’on songe à «Mars Attacks» de Tim Burton, «Air Force One» de Wolfgang Petersen, «Les pleins pouvoirs» de Clint Eastwood ou «Wag the Dog» de Barry Levinson. Le locataire de la Maison-Blanche fut soit franchement ridicule (Jack Nicholson), héroïque (Harrison Ford), méprisable (Gene Hackman) ou peu consistant (Michael Belson). Celui de Travolta est plus complexe, manipulateur, assoiffé de sexe et de pouvoir mais tout de même sincère, voire altruiste. «Primary Colors» est en partie un jeu de mots puisque le film de Mike Nichols traite de l’ascension du candidat Stanton, gouverneur d’un Etat du sud des Etats-Unis, au travers des primaires de son parti, et se clôt sur son élection à la présidence. L’auteur du roman — dans un premier temps anonyme — se trouvait également à Cannes. Il s’agit de Joe Klein, ancien journaliste de «Newsweek», qui œuvre maintenant au «New Yorker». Produit par la Universal, «Primary Colors» n’a connu qu’un succès moyen aux USA. «Le box office me satisfait tout à fait, faire des millions de dollars avec un film politique c’est pas mal et j’espère que ce sera encore mieux à l’étranger», s’est défendu Mike Nichols, lors d’une conférence de presse. «Je me souviens du temps où l’important était de se soucier si le film était bon ou non et non pas de ce qu’il ferait en première semaine», a-t-il ironisé. Nichols et Klein ont insisté sur le caractère «composite» du personnage présidentiel, soucieux d’éviter tout rapprochement qui pourrait être fait avec l’actuel président Bill Clinton. «La campagne de 1992 est la plus intéressante que j’aie jamais couverte, a dit Klein. Pour ma part, je ne sais pas grand-chose de la vie amoureuse de Clinton et mon personnage est un mélange de plusieurs composantes». «Primary Colors» est-il un film politique ou un conte moral?», a-t-il été demandé à Nichols. L’un et l’autre, a-t-il répondu en substance, ajoutant: «Il nous faut grandir (aux Etats-Unis) et apprendre (comme c’est le cas en Europe) que la vie privée est une notion qui s’applique aussi aux hommes politiques». «Primary Colors» est une agréable façon de commencer un festival. Le film dure deux heures et demie mais il n’est pas pesant et est truffé de touches de l’humour grinçant propre à Nichols. Mais ce dernier n’est plus qu’un réalisateur très expérimenté, étranger aux révélations qu’ont pu être «Who’a Afraid of Virginia Woolf?», «The Graduate» ou «Catch 22». Tous ces films remontent, il est vrai, aux années 60. Le jury donnait aussi sa conférence de presse ce mercredi. Présidé par Martin Scorsese, palmé en 1976 pour «Taxi Driver», il comporte dans ses rangs l’écrivain Zoe Valdes, les actrices Sigourney Weaver, Winona Ryder, Lena Olin et Chiara Mastroianni, les cinéastes Chen Kaige, Alain Corneau et Michael Winterbottom et le rappeur McSolaar. Scorsese a eu les interventions et les notations les plus justes. Il a insisté non seulement sur la qualité de l’histoire d’un film mais aussi sur «les nouveaux moyens de raconter» une telle histoire. La forme étant donc aussi importante que le fond. «A chaque fois que je vois de nouveaux films, cela me rappelle que ce que je voulais faire, c’était des films précisément, et c’est très revigorant, très stimulant», a-t-il dit. Il a rappelé aussi la «grande dette que je dois à la France», à travers ses premières découvertes de ce cinéma: «Les enfants du paradis» de Marcel Carné, «La belle et la bête» de Jean Cocteau et «Le rouge et le noir» de Claude Autant-Lara. Mais Scorsese s’est tout autant souvenu du rôle de la critique française dans la redécouverte des trésors de Hollywood. «Etre président du jury à Cannes est donc un réel acte d’amitié envers la France», a-t-il dit. Le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan s’est par ailleurs félicité que le 51e festival de Cannes soit placé sous le signe du cinquantenaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Sur un ton plus léger, M. Annan, accompagné de son épouse, a rappelé qu’il était allé à la Mostra de Venise l’an dernier, ainsi qu’à Hollywood où il a rencontré des artistes. Interrogé sur son film préféré, il a répondu en riant: «C’est une question diplomatique difficile», mais en aparté il a cité «Casablanca», «Le festin de Babette» et «Le jardin des Finzi Contini». Le secrétaire général a estimé qu’on ne pouvait pas séparer «l’art et la politique. L’art est une des formes les plus libres d’expression. Les films sont un puissant outil de communication et c’est pour cela que vous devez défendre la tolérance, la diversité, la liberté d’expression car les jeunes adorent les films. Il y a de moins en moins de personnes qui lisent et l’image a un impact extraordinaire, surtout dans les pays où beaucoup de gens ne peuvent pas lire». (Reuters, AFP)
Le rideau s’est levé mercredi sur le 51e festival international du film de Cannes avec «Primary Colors» et attroupements, cris et vociférations ont comme d’habitude accueilli les premières stars qui monteront les marches du palais, John Travolta et Emma Thompson. Le premier interprète le président des Etats-Unis et la seconde la First Lady. Le président est un personnage en vogue. Que...