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Actualités - REPORTAGE

Rencontre Ghassan Fawaz, un romancier prolixe... qui hait les écrivains ! (photo)

Ghassan Fawaz signe avec «Sous le ciel d’Occident» (Seuil), son deuxième roman. Qui remporte haut la main le Prix Phénix 98. Confirmation donc d’un écrivain. Francophone. Un style à deux tonalités interactives. L’occidentale, plutôt introspective. L’orientale, nettement expansive. Le tout saupoudré à profusion de mots riches. Et d’images colorées. Trois destins, 500 pages. Deux étudiants, Mehmet et Untel, quittent le Liban en guerre à la fin des années soixante-dix. Ils s’installent à Paris. Dont les femmes deviennent leur principal sujet d’étude. Jusqu’à ce qu’apparaisse Rana. Cette jeune compatriote va bouleverser leur vie. Histoire d’amours impossibles. Mais aussi, mais surtout quête désespérée d’identité. Entre un Occident où la consommation devient le but suprême et un Orient de plus en plus fuyant… Éditeur (Sycomore puis Papyrus), Ghassan Fawaz est docteur en sociologie et en sciences politiques. Il publie son premier ouvrage «Les moi volatils des guerres perdues» en 1996. Il a alors 49 ans. «Cela faisait des années que j’avais envie d’écrire», souligne-t-il. «Mais j’étais trop pris par le militantisme socio-politique. Il n’y avait de place pour rien d’autre…». Les auteurs en chair et en os, ce n’est pas sa tasse de thé. Il affirme même les haïr. «Ce sont des gens le plus souvent égocentriques, vaniteux. Pour la plupart d’entre eux, il vaut mieux les lire que les connaître…» Un des rares qu’il gracie, c’est Michel Leiris. Il lui a même dédié son roman. Renonçant à l’édition, Ghassan Fawaz se retire en Normandie. Là, avec le concours de sa femme, il gère un hôtel. «Un manoir sur une île. C’est là que j’ai commencé à écrire. Ce n’était même pas dans le but de publier, je haïssais tellement les écrivains. Je me suis dit, j’écris pour moi et quand je serais vieux je verrais ce que j’en ferais». Mais voilà, la vie fait souvent fi des meilleures résolutions. «En 1990, j’ai eu un accident de voiture qui a failli m’être fatal. Si je n’y avais pas réchappé, je n’aurais rien laissé de moi à ma petite fille. J’ai décidé donc de reprendre ce que j’avais écrit jusque-là pour en faire un livre». Il ordonne des notes éparses, les rédige. «C’est là que je me suis rendu compte combien écrire c’est réécrire. Combien le premier jet a souvent besoin d’être retravaillé». «Sous le ciel d’Occident» a été ainsi remis sept fois sur le métier. Ghassan Fawaz, occupé la journée, ne peut écrire que tard en soirée «… en état de fatigue, dans une ivresse de sommeil…» Depuis, il ne peut écrire certaines scènes que l’esprit embrumé de somnolence… Sans être autobiographique, les récits de Ghassan Fawaz puisent cependant leurs personnages «dans des situations que j’ai déjà vécues. Mais j’évite d’utiliser ma vie personnelle, cela me limiterait trop». Ghassan Fawaz dit s’obliger à une discipline de travail, «sinon je me laisse plonger dans la lecture». Son auteur préféré est Faulkner. «Il soigne peu le style et ses ouvrages sont très forts». Il aimerait écrire des nouvelles, car, dit-il, «cela me permettrait de me démultiplier. Un roman prend beaucoup de temps et mobilise toute l’énergie que l’on a». Et comme à regret, il se rend compte qu’il n’aura pas le temps d’écrire tout ce qu’il veut écrire. «Mais si j’avais commencé à vingt ans, je n’aurais aujourd’hui qu’une expérience d’écrivain, j’aurais écrit sur les choses par ouïe dire. Les choses sont aussi bien comme cela…»
Ghassan Fawaz signe avec «Sous le ciel d’Occident» (Seuil), son deuxième roman. Qui remporte haut la main le Prix Phénix 98. Confirmation donc d’un écrivain. Francophone. Un style à deux tonalités interactives. L’occidentale, plutôt introspective. L’orientale, nettement expansive. Le tout saupoudré à profusion de mots riches. Et d’images colorées. Trois destins, 500 pages. ...