Une PME lorraine va rénover la bibliothèque Lénine

La célèbre bibliothèque Lénine de Moscou, deuxième plus grande bibliothèque au monde après celle du Congrès à Washington, sera rénovée par une petite entreprise familiale de Lorraine spécialisée dans les travaux de couverture, chauffage, plomberie et électricité. Cunin SA, qui emploie 75 salariés et réalise 45 millions de francs de chiffre d’affaires à Contrexeville (Vosges, nord-est de la France), vient de signer avec le ministère de la Culture russe un contrat pour la première tranche des travaux, soit 10 millions de dollars. Son PDG, Serge Cunin, attend dans les prochaines semaines un acompte du ministère qui lui permettra d’entamer aussitôt les travaux. À l’abandon La première tranche, qui devra être terminée dans les 18 mois, assurera l’étanchéité à l’eau et à l’air du bâtiment de stockage des livres, a précisé M. Cunin. Il s’agit d’un bâtiment de 19 étages, de 115 mètres de long et 18 mètres de large, où aucune réparation importante n’a été effectuée depuis sa construction en 1932, en face du Kremlin. «Nous aurons à refaire la toiture, remplacer 800 fenêtres, installer un nouveau système de chauffage-climatisation et refaire toute l’électricité et la détection-extinction d’incendie», a précisé le PDG. Ce chantier est nécessité par l’état désastreux des bâtiments et la détérioration rapide de la prestigieuse collection de la bibliothèque qui compte 40 millions de volumes, soit quatre fois plus que la Grande Bibliothèque de France. Alertée par le gouvernement russe de la prolifération rapide de champignons qui dévoraient le papier des livres, l’UNESCO a classé «patrimoine mondial» les fonds de la bibliothèque, qui détient notamment le seul exemplaire existant au monde de la Bible de Gutenberg. L’UNESCO a aussi missionné une filiale de la Caisse des dépôts et consignations, la SICAMO, pour une expertise. Une bonne connaissance du terrain La SICAMO a estimé entre 700 et 800 millions de dollars les frais de remise en état de la bibliothèque et choisi la PME lorraine pour commencer les travaux les plus urgents. Cunin SA, implantée en Russie depuis 1989, peut en effet se flatter d’une très bonne connaissance du terrain et a su inspirer confiance aux autorités russes. «C’est le mariage d’un très grand avec une toute petite PME», s’est réjoui M. Cunin. Le financement est assuré par un prêt français de 10 millions de dollars, garanti par la Coface (Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur), accordé dans le cadre d’un protocole franco-russe signé en octobre 1997. La Russie devra apporter 15% d’entrée. Mafia russe Cunin SA compte bien être présente aussi pour la seconde tranche qui vise notamment au remplacement de tous les ascenseurs qui datent de la construction, aux travaux de peinture et de sécurité des accès, ainsi qu’à l’informatisation des fichiers. Pour son PDG, ce chantier n’est «pas plus difficile qu’un chantier dans les Vosges», mais il faut être conscient «des difficultés liées au contexte russe, comme la mafia». (AFP)