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Actualités - CHRONOLOGIE

La France veut désarmer ses policiers municipaux

Les policiers municipaux français, dont le nombre a triplé en quinze ans, vont devoir suivre l’exemple de leurs collègues britanniques, les célèbres «bobbies» et laisser leurs armes au commissariat, si le Parlement se rallie à un projet de loi du ministre de l’Intérieur Jean-Pierre Chevènement. L’examen de ce texte, qui provoque beaucoup d’émoi tant chez les policiers que parmi de nombreuses municipalités, a débuté à l’Assemblée nationale. Il risque fort de poser un nouveau cas de conscience à l’opposition de droite, qui voit d’un mauvais œil le désarmement des polices municipales, alors que l’insécurité urbaine croissante constitue l’une des préoccupations majeures des Français. Les deux prédécesseurs de droite de M. Chevènement, les gaullistes Charles Pasqua et Jean-Louis Debré, avaient en effet en leur temps souhaité eux aussi mettre de l’ordre dans les polices municipales et limiter très strictement le port des armes. Mais leurs projets n’avaient jamais pu arriver jusqu’au Parlement. Depuis que M. Chevènement a dévoilé ses intentions, il a déclenché une véritable levée de boucliers, notamment dans les villes du sud-est de la France, les plus nombreuses à avoir multiplié leurs effectifs «d’agents de la paix» dont la plupart sont équipés d’armes de fort calibre. Bavures Les policiers eux-mêmes sont majoritairement opposés à laisser leurs armes au vestiaire. Alors que les députés entamaient l’examen du projet de loi, plus d’un millier de policiers municipaux ont manifesté dans les rues de Paris contre leur ministre en scandant «Chevènement, ami des truands». Diverses autres villes avaient déjà été le théâtre de manifestations du même genre depuis quelques mois. Contrairement aux différents corps de la police nationale, qui sont placés sous l’autorité du ministère de l’Intérieur, les polices communales dépendent uniquement des municipalités. Leurs effectifs ont connu une progression très forte (de 5.600 à 12.500) depuis le début des années quatre-vingt, notamment dans le sud-est, la région Rhône-Alpes et la région parisienne avec la montée de l’insécurité dans les banlieues des grandes villes. Contrairement aux policiers nationaux, leurs collègues municipaux ne disposent pas d’un statut uniforme, leurs fonctions ne sont pas régies par un texte de loi et même leur recrutement et leur entraînement varient d’une ville à l’autre. Périodiquement, des bavures policières d’agents un peu trop rapides de la gâchette défraient la chronique en augmentant la tension avec les jeunes des banlieues qu’ils surveillent. Et dans certaines villes, comme à Vitrolles, près de Marseille, où le Front national d’extrême droite contrôle la municipalité, la police municipale apparaît de plus en plus comme une véritable milice. M. Chevènement a dénoncé cette dérive en rappelant que ces policiers avaient l’an dernier «tabassé des camionneurs en grève». Le projet de loi devrait remédier à cette situation, selon M. Chevènement. Mais celui-ci a déjà dû mettre un peu d’eau dans son vin, en annonçant dernièrement que le désarmement des polices municipales ne serait pas systématique et que son projet de loi définirait des missions permettant le port d’armes. (AFP)
Les policiers municipaux français, dont le nombre a triplé en quinze ans, vont devoir suivre l’exemple de leurs collègues britanniques, les célèbres «bobbies» et laisser leurs armes au commissariat, si le Parlement se rallie à un projet de loi du ministre de l’Intérieur Jean-Pierre Chevènement. L’examen de ce texte, qui provoque beaucoup d’émoi tant chez les policiers que...