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Actualités - INTERVIEWS

Rencontre - Auteur à succès de Truismes Marie Darrieussecq change de registre avec Naissance des fantômes (Photo)

«Truismes», son premier roman, a connu un succès phénoménal à sa sortie en 1996. Traduit en 34 langues, il s’est vendu à plus de 300 000 exemplaires. Aujourd’hui, Marie Darrieussecq présente à Beyrouth «Naissance des fantômes». «Truismes» décrivait la métamorphose physique d’une jeune femme en truie, «Naissance des fantômes» parle d’une mutation au niveau mental… Marie Darrieussecq a 29 ans. Look d’adolescente, regard doux, ton égal… Alors que l’écrivain développe un vocabulaire volubile, le personnage se raconte en trébuchant parfois sur les mots… Deux romans, deux styles très différents, deux états d’esprit aux antipodes l’un de l’autre… Pour Marie Darrieussecq, «Truismes» et «Naissance des fantômes» ne sont en fait que «la même histoire. Ce sont deux femmes qui passent à l’âge adulte de façon différente. L’une par une transformation physique, l’autre par une transformation mentale. Dans les deux cas, ce qui m’a intéressée, c’est d’aller au bout de ces sensations de changement, charnel ou mental». Le rapport au corps est important dans les deux ouvrages. «D’abord, je n’avais jamais lu un livre qui m’avait satisfaite sur le plan de comment vit-on dans un corps féminin» dit-elle. «Je sentais que j’avais des choses à dire sur le fait d’habiter un corps de femme. Ensuite, sur le plan littéraire, décrire des impressions qui sont par définition du domaine du sensoriel, c’est un défi et un exercice très agréables…» Marie Darrieussecq parle beaucoup des femmes, «parce que pour l’instant je ne me vois pas dans la peau d’un homme, je ne me sens pas assez de maturité». L’absence est également un élément que l’on retrouve dans les deux histoires, «c’est un thème universel qui m’a toujours habitée». Dans l’une, c’est un aboutissement, dans l’autre c’est le point de départ. «Je pense que ce qui nous manque, personne ne va nous l’apporter. C’est au fond de nous-même que nous allons le trouver», souligne Marie Darrieussecq. «Dans “Truismes”, la femme est soumise à un processus d’individualisation, elle devient petit à petit quelqu’un, à part entière. Dans “Naissance des fantômes”, c’est un peu pareil. Elle est complètement en fusion avec son mari, il est tout pour elle. Quand il disparaît complètement, physiquement, elle se rend compte qu’il faut bien qu’elle commence à se reconstruire. À exister comme individu». Et elle précise, «ce mari représente tout ce qui n’a pas été dit entre eux…» Marie Darrieussecq ne s’est jamais imaginé faisant autre chose qu’écrire. «Depuis l’âge de six ans, je raconte des histoires !» D’ailleurs, agrégée de lettres, elle a quitté l’enseignement il y a deux ans, pour se consacrer entièrement à l’écriture. Les idées, «ce n’est pas cela qui manque», affirme Marie Darrieussecq. «J’en ai plein, le problème est de savoir laquelle peut aboutir à un livre. Il n’y en a pas tant que ça». Une fois l’idée là, une phrase suffit à la faire démarrer. «J’ai l’ambiance du livre, une idée générale de son contenu, mais il faut l’écrire pour savoir ce qu’il y a dedans. Julien Green avait l’habitude de dire :“J’écris mes livres pour savoir ce qu’il y a dedans”. Mes personnage évoluent librement, je ne maîtrise pas tout. Heureusement, sinon je m’ennuierais». Écrits biographiques ? «Pas réellement, mais on puise en soi. Mon imagination tourne autour du silence, des non-dits, des secrets de famille. Je voulais écrire sur cette peur du noir, des fantômes, du mystère. Cette frousse est le résultat des cachotteries qu’on fait aux enfants…» Son style, très à part, est loin d’avoir laissé indifférent les lecteurs et la presse. «Ce qu’on écrit de moi, je ne m’y intéresse pas outre mesure, cela ne m’ébranle pas du tout. Je sais très bien où je vais. J’avance». Et ce ne sont pas les projets qui manquent. «J’ai du travail pour une bonne dizaine d’années», dit-elle.
«Truismes», son premier roman, a connu un succès phénoménal à sa sortie en 1996. Traduit en 34 langues, il s’est vendu à plus de 300 000 exemplaires. Aujourd’hui, Marie Darrieussecq présente à Beyrouth «Naissance des fantômes». «Truismes» décrivait la métamorphose physique d’une jeune femme en truie, «Naissance des fantômes» parle d’une mutation au niveau mental… ...