Tribune Enrichissement illicite ou .. licite ?

Le zèle qui s’est emparé des responsables politiques pour détecter et réprimer les enrichissements illicites, est-il un zèle sincère, donc innocent et naïf, ou bien part-il d’un calcul mis au point par des professionnels blanchis sous le harnais, ayant bien réglé l’effet de leurs gesticulations sur le grand tournant du pays qui s’annonce? Que des néophytes de la chose publique croient à l’efficacité de la procédure initiée par le ministère de la Justice, passe encore. Mais prétendre en faire accroire à des vieux de 1943 que l’État va faire rendre gorge à tous les “indélicats” qui ont confondu les fonds publics avec leurs fonds propres, c’est plutôt de la plaisanterie. Le premier archiviste pourra vous donner la liste des décrets promulgués depuis l’indépendance pour réprimer l’enrichissement illicite (“d’où tiens-tu cela”?). Quand a-t-on abouti à la moindre restitution de l’indu? Les gens, qui ont été suffisamment bernés dans des domaines variés, resteront blasés tant qu’il n’y aura pas eu un discours sérieux proposé à leur entendement. Or, en fait de sérieux, voici ce qu’un simple citoyen expose avec son bon sens: Les autorités, depuis le temps qu’elles dénoncent elles-mêmes la corruption et le gaspillage, n’ont même pas réussi à en ralentir le cours, et nous apprenons toujours de nouvelles “performances”. Que les responsables commencent donc par arrêter cette hémorragie qui grève, jour après jour, le budget du pays. Une fois les écuries nettoyées, on aura au moins assaini une partie des finances publiques. Ensuite, on aura la tête plus libre pour entamer des poursuites contre les prévaricateurs avec l’espoir de récupérer (dans 5 ans, dans 10 ans?) l’argent détourné. On doit constater que l’emballement qui est mis ces jours-ci à pourchasser l’enrichissement illicite risque d’ajouter une préoccupation de plus (un headache) pour le pouvoir, qui a déjà tant de dossiers accumulés à l’aube du nouveau sexennat.