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Actualités - ANALYSE

Gouvernement - L'opinion souhaite une équipe de spécialistes Les politiciens ripostent : Et la représentation ?

Un sondage d’opinion montre qu’une très large majorité souhaite une équipe ministérielle exclusivement formée de spécialistes. Les politiciens, qui ne sont évidemment pas de cet avis, affirment pour leur part – c’est le mot– que leur présence au pouvoir est indispensable. Pour la représentation politique, autrement dit pour les équilibres… Ils ajoutent, pour rester dans le vent, qu’ils sauront assurer les deux autres qualifications requises, la probité et la compétence… C’est très possible. Mais à en croire un témoin absolument digne de foi en la matière, c’est-à-dire un ministre qui manie volontiers l’ironie, «la plupart de nos collègues sont loin de remplir les conditions exigées. S’ils sont propres, ils ne sont pas professionnellement très qualifiés, pour parler en termes de petites annonces. Et quant à la représentation politique, elle est tellement monochrome qu’un seul de nous suffirait à l’assurer…» Cette personnalité peu conformiste fait ensuite une assez étrange proposition. À son avis, il faudrait d’abord établir un programme de gouvernement qui serait naturellement exposé dans la déclaration ministérielle. Ce texte serait distribué à gauche et à droite avant la formation du gouvernement. Les ministrables qui y adhéreraient sans réserve auraient leur chance et les autres seraient éliminés… Le hic, on s’en doute aisément, c’est que pour qu’il y ait programme de gouvernement, il faut qu’il y ait d’abord gouvernement et pour qu’il y ait gouvernement, il faut qu’il y ait déjà des ministres. Élémentaire et même primaire mon cher Watson… Le ministre admet un peu à contrecœur ces objections. Mais souligne tout de suite qu’«en tout cas, il faut tout faire pour que le premier Cabinet du nouveau régime soit avant tout cohérent, bien soudé et plein de bonne volonté. Il faut donc établir les critères de sélection essentiellement dans cette optique». Mais cela sous-entend, c’est une évidence, qu’on éviterait de mettre en présence des convictions opposées. Donc qu’on laisserait de côté la représentation politique. Subséquemment et conséquemment, cette orientation favorise la mise sur pied d’une équipe de technocrates, comme le souhaitent nombre de Libanais. Pour qui il faut avant tout lutter contre la corruption et assainir la situation économico-financière du pays. À ce propos, des sources informées confirment que le président élu dispose de toute une batterie de rapports détaillés, étayés de chiffres et de noms, prouvant un pompage systématique par les pourris des ressources du Trésor. À partir de là, un ferme veto frappera, ajoutent ces sources, tout ministrable moralement douteux, aussi protégé ou aussi représentatif qu’il soit. D’autant que la représentation politique, à l’ombre du système établi, reste une notion pour le moins relative. Mais certains proposent un arrangement : on aurait dix-huit technocrates en charge de portefeuilles effectifs et six ou sept ministres d’État politiques. Quoi qu’il en soit, tout comme les décideurs – et il aurait été stupéfiant qu’il en fût autrement – les députés comptent laisser carte blanche au chef de l’État. Ils poussent même la chansonnette de la coopération un peu loin. À preuve ces propos d’un des piliers officiels du parlementarisme, le vice-président de la Chambre, M. Élie Ferzli, qui donne cette interprétation des consultations impératives prévues par la Constitution. «Si les députés devaient être absolument tenus, dit-il en substance, de désigner nommément un président du Conseil, ce serait là une élection et le président de la République se métamorphoserait en simple urne… Il serait préférable dans ce cas de procéder à un scrutin au Parlement. Je pense donc qu’un député a le droit de laisser au président de la République la liberté du choix…». Ces remarques, à bien y regarder, signifient qu’à Taëf on s’y est mal pris. Le but, comme l’ont toujours souligné les artisans du pacte, était effectivement de doper les pouvoirs du Parlement, en lui confiant en pratique le soin de pressentir un chef de gouvernement. Et si l’on a maintenu le système des consultations, en les rendant contraignantes, c’est pour ne pas trop humilier une présidence de la République à laquelle on retirait tant de pouvoirs. Mais qu’un homme fort se présente et voici que les pendules se remettent à l’heure…
Un sondage d’opinion montre qu’une très large majorité souhaite une équipe ministérielle exclusivement formée de spécialistes. Les politiciens, qui ne sont évidemment pas de cet avis, affirment pour leur part – c’est le mot– que leur présence au pouvoir est indispensable. Pour la représentation politique, autrement dit pour les équilibres… Ils ajoutent, pour rester dans le...