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Actualités - ANALYSE

Vie politique - Les retraits restent en toile de fond L'est sort un peu de sa déprime ...

Le camp chrétien semble plutôt revigoré par l’élection du général Lahoud. Il est peut-être un peu tôt pour affirmer que la déprime est totalement effacée — il faut juger sur pièces —, mais le mieux est perceptible. On se demande à ce propos pourquoi il n’y avait pas eu une telle réaction lors de l’élection ou de la réélection de M. Élias Hraoui. Et une source religieuse répond : – «L’affaissement a commencé, il y a longtemps, lors de l’assassinat de Béchir Gemayel. Avec son avènement, les chrétiens avaient cru voir le bout du tunnel, la fin de la guerre mais aussi de leurs revers. Huit ans plus tard, beaucoup d’entre eux, même parmi ses adversaires de l’Est, ont été anéantis par l’éviction brutale de Michel Aoun. Personne n’était très chaud pour la ‘‘guerre de suppression’’ des F.L., fratricide. Par contre on pensait que Aoun ne livrait pas sa ‘‘guerre de libération’’ aux troupes étrangères sans fort soutien extérieur. Et l’on se trompait, d’où la force de la déception. En 92, l’accablement s’est fait permanent :le boycott des législatives, tout à fait sensé et légitime puisqu’elles devaient se dérouler sous présence étrangère contraignante, a été foulé aux pieds par les autorités soumises aux décideurs. Et aucune de ces démocraties qui se disent amies du Liban n’a protesté, bien que la participation au scrutin, selon les chiffres officiels eux-mêmes, n’eût pas dépassé les 14%. Parallèlement, Taëf a été tronqué, détourné dès le début. Les gouvernements mis sur pied n’avaient rien à voir avec l’entente nationale, restaient monochromes et consacraient par leurs pratiques une lourde discrimination. Les mesures prévues dans le pacte étaient appliquées quand elles servaient l’intérêt de la partie hégémonique et restaient lettre morte quand elles pouvaient convenir à l’autre camp. Dont on avait évidemment coupé la tête si on peut dire, en éliminant ses chefs naturels soit par l’ostracisme et l’exil soit par la geôle. En 1996, le boycott n’a pas été total. Certains ont cru pouvoir rattraper quelque chose en rejoignant le système. Ils ont été hachés menu et ceux d’entre eux qui ont réussi à s’infiltrer à la Chambre s’y sont retrouvés ligotés…». «Vous demandez, enchaîne ce dignitaire religieux, pourquoi les chrétiens n’ont pas fondé d’espoir sur M. Hraoui. Pendant ses neuf années de règne, qu’ont-ils obtenu? Le départ des forces non libanaises ou même leur simple redéploiement? Le retrait de l’occupant israélien qui, leur dit-on, conditionne toute normalisation? La récupération de la souveraineté, de l’indépendance, de l’autonomie de décision? Des députés et des ministres qui soient tous représentatifs? La sauvegarde de ces postes clés qu’on leur arrache un par un?». Cette personnalité insiste surtout sur les retraits. «Un point fondamental, vital, comme nos délégués l’avaient abondamment souligné à Taëf. Ils en avaient fait la condition sine qua non pour accepter de faire les concessions majeures qu’impliquaient les réformes politiques et constitutionnelles. Une condition également pour accepter de participer aux élections législatives, aux gouvernements qui seraient formés et à la vie politique. Car tout cela ne peut exister vraiment si le pays ne dispose pas de son intégralité territoriale et n’est ni indépendant ni libre. Or, alors qu’instinctivement la population libanaise, notamment chrétienne, restait attachée à ces principes, ses représentants au pouvoir mais aussi différents leaderships ont cru pouvoir négliger ces objectifs. Cela au nom tantôt d’autres prétendues priorités tantôt d’un pragmatisme vicié consistant à croire qu’avec des opérations cosmétiques de surface, on pouvait faire passer le temps jusqu’à ce que les conditions permettent la récupération de la souveraineté. Mais ces compromissions, on ne l’a pas assez compris, rendent le dégagement encore plus difficile, d’autant qu’elles n’ont cessé d’affaiblir le système libanais, par ailleurs miné par la corruption. Avec le général Lahoud, homme fort et probe, on peut espérer voir s’édifier petit à petit un État des institutions bien nettoyé, avec des rééquilibrages et de l’entente… Il faut en tout cas espérer».
Le camp chrétien semble plutôt revigoré par l’élection du général Lahoud. Il est peut-être un peu tôt pour affirmer que la déprime est totalement effacée — il faut juger sur pièces —, mais le mieux est perceptible. On se demande à ce propos pourquoi il n’y avait pas eu une telle réaction lors de l’élection ou de la réélection de M. Élias Hraoui. Et une source...