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Actualités - REPORTAGE

Education - L'enseignement obligatoire, une nécessité ignorée L'analphabétisme s'aggrave au Liban (photo)

Le taux d’analphabétisme au Liban a-t-il réellement augmenté ? Si les chiffres ne sont pas toujours fiables dans ce domaine, il n’en est pas moins vrai que la tendance à l’augmentation se confirme depuis peu. La crise économique aidant, le problème de l’analphabétisme apparaît de plus en plus comme étant étroitement lié à la question de l’enseignement public. Même si les tentatives entreprises jusque-là par le ministère des Affaires sociales, secondé par quelques ONG, ont pu marquer quelques succès, l’analphabétisme pose aujourd’hui de façon encore plus aiguë le problème de la nécessité de rendre l’enseignement obligatoire et de réformer l’enseignement public. Si l’on se fie aux chiffres révélés par une étude menée par le ministère des Affaires sociales en collaboration avec le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), pour la période entre 1994-1996, le Liban compterait 13,6 % d’analphabètes, un taux relativement alarmant si on le compare avec la période d’avant-guerre (début des années 70) quand le taux enregistré de 9,6 % était le plus bas dans les pays arabes. Ces taux, qui doivent être considérés toutefois comme ayant une valeur uniquement indicative, mettent en exergue un problème en rapport avec la dégradation de la situation économique. Selon des études établies par l’UNESCO, l’analphabétisme résulte du phénomène de ‘misères cumulatives’, à savoir, la pauvreté combinée au sous-développement culturel. Au Liban, le problème semble se limiter à la seule question de la baisse du pouvoir d’achat et de la cherté de la vie en général, et ne relève que très rarement de raisons socio-culturelles. Car, si les parents pâtissent de plus en plus du coût très élevé des écolages, la nécessité de l’éducation reste pour le Libanais une valeur sûre pour laquelle il est prêt à faire tous les sacrifices. L’analphabétisme : une définition fonctionnelle 344 392 analphabètes au Liban ont été recensés en 1996, dont 220 280 femmes. Ces chiffres doivent toutefois être considérés avec précaution, mais n’en restent pas moins significatifs d’une certaine tendance à l’augmentation. Ces données touchent plus particulièrement des tranches d’âge élevées, (au-dessus de 50 ans), les plus jeunes étant comptés dans la catégorie de ce que l’on appelle les pro-analphabètes (23 % de l’ensemble de la population), c’est-à-dire «ceux qui possèdent une connaissance rudimentaire de la lecture et de l’écriture, mais insuffisante pour leur permettre de pratiquer un emploi régulier » et de bénéficier des opportunités de travail dans les sphères économiques et sociales, devenues de plus en plus pointues et spécialisées. Le projet national pour l’élimination de l’analphabétisme D’ailleurs, les institutions et organismes œuvrant dans le cadre de la lutte contre l’analphabétisme ont opté pour une définition plus large du phénomène, à savoir «l’analphabétisme fonctionnel», un concept qui prend en considération l’environnement socio-culturel et économique de l’analphabète. Désormais, l’analphabète doit bénéficier d’une formation moderne et adaptée aux besoins du marché, qui puisse l’habiliter à être opérationnel sur le marché du travail. Au Liban, les tentatives faites jusqu’à présent dans ce domaine, bien que timides, restent toutefois courageuses et méritent d’être relevées. Mme Amale Charara, directrice exécutive du Comité pour l’élimination de l’analphabétisme, relevant du ministère des Affaires sociales, souligne «que le programme de lutte contre l’analphabétisme (ou pro-analphabétisme) requiert la participation active de tous les secteurs, puisqu’il s’agit non seulement de prodiguer aux personnes touchées par ce problème un enseignement de base, mais aussi une culture générale qui va les préparer à une réinsertion sociale et professionnelle adaptée». D’où un travail de coordination et de collaboration qui s’impose entre les ministères d’un côté, et les ONG et institutions concernées de l’autre et cela est difficile à mettre en place pour l’instant. Sur le terrain, le travail se fait surtout grâce à la bonne volonté d’un équipe d’enseignants et de formateurs spécialisés en matière d’éducation des adultes. Il s’agit pratiquement d’un programme qui s’étale sur trois ans consécutifs. Les deux premières années sont consacrées à l’enseignement des langues et des mathématiques, la troisième étant essentiellement une année de formation touchant à la vie pratique et professionnelle. En 1997, 225 personnes ont pu achever les deux premières années de formation par le biais du ministère et 107 autres par le biais des OGN qui appliquent le même programme d’enseignement, sous l’impulsion du ministère des Affaires sociales. Un chiffre qui reste bien sûr insuffisant. Ce faible taux de participation s’explique, en grande partie, par l’insuffisance des fonds alloués à ce projet, ainsi qu’à l’ensemble des projets corollaires de développement entrepris par ce ministère , qui restent, somme toute, bien maigres pour un projet dont le coût s’élève à deux milliards de L.L. pour l’année 1998.
Le taux d’analphabétisme au Liban a-t-il réellement augmenté ? Si les chiffres ne sont pas toujours fiables dans ce domaine, il n’en est pas moins vrai que la tendance à l’augmentation se confirme depuis peu. La crise économique aidant, le problème de l’analphabétisme apparaît de plus en plus comme étant étroitement lié à la question de l’enseignement public. Même si les...