Dans un message de félicitations au président élu Joumblatt invite Lahoud à empêcher toute ingérence de l'armée dans la politique

Le chef du Parti socialiste progressiste M. Walid Joumblatt a adressé un message de félicitations au président élu, le général Emile Lahoud, à l’occasion de son élection à la magistrature suprême, l’invitant à tenir l’armée loin de toute ingérence dans les affaires politiques. Lors de l’élection présidentielle, le leader druze et les membres de son bloc avaient boycotté la séance parlementaire. Ils avaient critiqué le fait que le choix se soit porté sur un militaire. Au lendemain de l’élection, M. Joumblatt s’était rendu à Damas où il avait rencontré plusieurs dirigeants syriens, dont le vice-président M. Abdel-Halim Khaddam. Dans son message, M. Joumblatt met en relief les décisions «historiques du président Elias Hraoui qui ont contribué au rétablissement de la paix, à la réunification du pays, à la réédification de ses institutions et au raffermissement des bases de son appartenance arabe». M. Joumblatt souligne en outre le rôle joué par le Premier ministre Rafic Hariri en vue de resserrer les liens avec la Syrie, ce qui s’était traduit par des accords bilatéraux dans divers domaines. «Si des erreurs ont été commises au détriment de la démocratie, elles ne sauraient dénaturer cette étape qui a été celle de la reconstruction du pays et grâce à laquelle vous avez été élu président. Il n’en demeure pas moins que de lourdes responsabilités vous attendent dans la poursuite de l’œuvre du régime actuel et sur le plan du renouveau», ajoute-t-il dans son message. «Main tendue» Le chef du PSP insiste par ailleurs sur la nécessité de sauvegarder les libertés, tant privées que publiques afin «de bâtir l’État des institutions et de la justice». «Après votre passage de la tête de l’institution militaire à celle du pouvoir politique, soutient-il, votre mission principale consistera à protéger cette institution et donc le Liban et les Libanais. Pour cela, il importe d’empêcher, toute immixtion de cette institution dans les affaires politiques, tant publiques que privées. Il faudrait donc pour commencer abolir les tables d’écoute, renoncer à la distribution effrénée de permis de port d’armes, et réviser les prérogatives des multiples services de sécurité, lesquelles devront être clairement définies». Après avoir préconisé un certain nombre de mesures pour régler la crise socio-économique, M. Joumblatt conclut: «Si nous nous sommes abstenus de participer à votre élection au nom de notre droit à la liberté d’expression et à la démocratie dans le choix, au nom de ce même droit, nous vous adressons nos félicitations et vous souhaitons plein succès dans votre mission. Nous vous tendons la main en espérant franchir, avec la Syrie, cette sombre étape que traverse notre pays».