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Actualités - OPINION

Livre Joumana Salloum Haddad : une poésie ciselée de main d'orfèvre

Jaillie des fantasmes les plus osés mais les plus vrais de l’amour et de son emprise sur le corps et l’esprit, la plaquette de poésie de Joumana Salloum Haddad ajoute une voix nouvelle, remarquable, au firmament des lettres arabes libanaises. Murmures, imprécations et anathèmes se rejoignent, confidences impudiques, étranges battements de cils effarouchés cheminent en toute fébrile harmonie. Féminité insolente et quête existentielle à travers les intermittences du cœur et les débordements de la chair pour cette écriture ciselée de main d’orfèvre... Edité par Dar An Nahar dans la collection «Poèmes du futur» (en collaboration avec la Fondation Nadia Tuéni) «Daawa ila achaa serri» (Invitation à un dîner secret», 84 pages) s’inscrit dans la lignée d’un lyrisme érotique sulfureux où la passion ravage aussi bien les sens, la chair que l’esprit. Mais avec aussi des éclats indomptables où la boue se transforme en paillettes d’étoiles ou poudre de diamant. La notion du sacré n’est pas absente de ces vers libres et de cette prose poétique tout aussi libre, denses, ramasses, d’une étonnante éloquence (à cause) ou en dépit de leur sage et mûre parcimonie. Parcimonie savante où le mot a la saveur de ce qui est essentiel. Ce qui touche, ce qui trouble, ce qui blesse, ce qui offense, ce qui émeut, ce qui force le désir, ce qui donne le plaisir, frisson du plaisir traqué avec persistance par une femme au désir inextinguible... Besoin «instinctuel» de se fondre dans l’autre... De dominer et d’être dominée dans la communion des corps... De se libérer et de s’assumer dans une sensualité impavide, une ivresse du corps, à la fois salut et perdition... Dans une narration surréaliste où l’image et la musicalité des phrases sont à la fois riches et modernes, l’auteur qui n’a pas froid aux yeux et encore moins à la plume, aborde des rives et des rivages interdits et s’entretient en toute froide assurance des choses de l’amour sans jamais tomber dans le vulgaire ou le grivois. Il y a là un cachet distinctif, superbement. littéraire enserré dans l’écrin d’une formulation qui ne manque jamais d’élégance et d’autorité. Une «amoureuse» parle dans ces pages largement mordues de blanc en termes souverainement provocateurs et émouvants où l’innocence et la lascivité sont les deux faces d’une même médaille. Célébrant presque avec une emphase païenne le corps, le sexe, la possession, la dépossession et toute la gamme des sentiments d’une passion dissolvante, Joumana Salloum Haddad réinvente le langage du cœur et des corps dans une formulation arabe altière, châtiée, musicale et imagée. Des poèmes et une voix à savourer et à découvrir.
Jaillie des fantasmes les plus osés mais les plus vrais de l’amour et de son emprise sur le corps et l’esprit, la plaquette de poésie de Joumana Salloum Haddad ajoute une voix nouvelle, remarquable, au firmament des lettres arabes libanaises. Murmures, imprécations et anathèmes se rejoignent, confidences impudiques, étranges battements de cils effarouchés cheminent en toute fébrile...