Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGE

Spectacle en solo au cercle sportif français Makram Hamdan : danse avec son ombre ... (photos)

Makram Hamdan, 31 ans, est possédé par le feu de la création qui le pousse quotidiennement vers son mode d’expression: la danse. Après avoir suivi des études et effectué des stages de formation aux Etats-Unis puis à Paris, il a présenté, au cours de deux soirées consécutives, au Cercle sportif français à Beyrouth, son premier solo intitulé «Pleurs: j’ai soif». Un «spectacle autoportrait», où il pose des questions existentielles inspirées de sa propre expérience et du poème «Si» de Rudyard Kipling. Cadre: un terrain de tennis en terre battue. Des chaises posées en demi-cercle encadrent la scène. En toile de fond, des pans en tissu blanc. Seuls éléments du décor: une boîte noire, rectangulaire, sur laquelle est posé un sac en plastique contenant deux poissons rouges. À côté, des pierres empilées formant une colonne d’une cinquantaine de centimètres. Les projecteurs s’éteignent, puis se rallument. Makram Hamdan apparaît de dos. Il est assis sur la boîte, dans la position du fœtus. Lentement mais sûrement, le danseur déroule sa mécanique. Muscles longs, fuselés et une souplesse de félin, sur une musique «fabriquée» par Zeid Hamdan, Makram tourbillonne, saute, se roule par terre … Il danse, quoi… Hamdan dit être entré dans la danse par hasard. «Mais ma mère n’en est pas du tout surprise. Il paraît, qu’enfant, je n’arrêtais pas de sauter d’un endroit à l’autre». «Quand j’avais cinq ou six ans, j’ai pris des cours de ballet classique avec Leila Haddad pendant un an, puis la guerre a éclaté et j’ai arrêté». En 1981, il s’installe avec sa mère (d’origine américaine) et ses frères aux États-Unis. «À l’école, on était tenus de choisir une activité sportive. Pour échapper au football américain et au base-ball, j’ai trouvé une solution: des cours de modern jazz, pour prouver que l’élève Hamdan est actif physiquement», note le danseur avec une pointe d’autodérision. Ce hobby, qui était presque un devoir, est vite devenu une passion. «Notre professeur a formé une troupe de danse après nous avoir inculqué les bases classiques et celles modernes de Martha Graham. C’est une des fondatrices de la danse moderne. Elle a développé une technique pour la danse moderne qui n’existait pas auparavant. Elle a pris les barres classiques et retransformé par terre. C’est donc le centre du corps, les hanches et les abdominaux qui sont le plus sollicités. Par opposition au classique qui utilise le haut du corps et les jambes». En 1984, Makram Hamdan prend des cours de formation au «ABTS American Danse Theater», au «London Contemporary dance School», au «California Institute of the Arts», à la suite de quoi il obtient un diplôme de «Bachelor of Fine Arts» en 1990. Il fait ses débuts sur scène dans le cadre de créations et de répertoires de ces écoles. En 1991, il rejoint la compagnie «Red notes» d’Andy Degroat et danse dans «La Bayader», «Le Lac des Cygnes» et «The Rakes Progress». «Certains sont des ballets classiques, certes, mais ils sont réinterprétés par des chorégraphes contemporains», fait-il remarquer. De 1994 à 1998, il danse pour le groupe Emile Dubois au centre chorégraphique national de Grenoble, sous la direction de Jean-Claude Gallotta. «Une période très enrichissante, souligne Makram Hamdan. J.C. Gallotta encourage ses danseurs à imprégner leurs mouvements de leur propre personnalité». Danse initiatique «Pleurs, j’ai soif» est la première création de Makram Hamdan en solo. «C’est le voyage d’un jeune homme qui se cherche à travers les souvenirs du futur. C’est l’histoire d’un danseur naïf, sans frontières, qui baigne dans l’incertitude. C’est le passé réécrit, le futur qui s’écrit». L’atmosphère de cette pièce chorégraphique est inspirée de son parcours à travers le Liban, les États-Unis et puis la France. «Le pays qui m’a vu naître, le Liban, est dans une période de renaissance et de redécouverte. Il se rapproche de plus en plus d’une certaine idée de la modernité, qui sera finalement la sienne. Entre-temps, de nombreuses interrogations subsistent. Les questions posées dans le poème de Rudyard Kipling, «Si» représentent l’âme essentielle du solo. Elles correspondent aux miennes et à celles des Libanais en même temps,» estime Hamdan. C’est cette raison qui l’a poussé à choisir ce poème en particulier ? «Oui», acquiesce-t-il «mais aussi pour des raisons plus sentimentales . Le poème «Si» est extrait du «Livre de la Jungle» et moi on m’ a toujours appelé «Mogli» le petit d’homme.» Plus sérieux, il ajoute : «Lorsque mon père est décédé, ma mère a épinglé ce poème sur la porte d’entrée de la maison. C’était sa manière de nous communiquer ce que mon père aurait voulu nous dire». Makram Hamdan remarque qu’il avait prévu au départ de faire passer le poème dans la partie son du spectacle. «Mais je me suis rendu compte que le texte serait plus fort s’il était lu par le spectateur lui-même et non pas entendu. Nous l’avons donc intégré au programme. Il fallait que les spectateurs arrivent à personnaliser ce qu’ils voient.» Makram Hamdan a monté ce spectacle avec ses propres moyens. «C’est une introduction à mon travail et de celui de Zeid Hamdan en tant que compositeur». dit-il. Mais on devine qu’il se sent aussi investi d’une mission: familiariser le public avec cette forme d’expression artistique qu’est la danse moderne. «Baalbeck a accueilli les grands noms de la danse: de Béjart à Alvin Ailey. Mais à cause des événements, le grand public n’est plus entré en contact avec cet art. Il y a eu une coupure assez longue et importante. Il est de notre devoir, nous jeunes chorégraphes et danseurs, de réintroduire le public à la danse», souligne-t-il. Hommage Par ailleurs, il ajoute: «Je voulais rendre hommage au pays qui m’a formé spirituellement à la danse: la dabké dans les opérettes des Rahbani, mes premiers pas chez Leila Haddad et la danse des jeunes filles dans les mariages… Nous sommes un peuple qui a une longue tradition de la danse et qui aime s’exprimer à travers cet art». L’idée de faire ce solo à Beyrouth a germé il y a un an. «Des engagements à Paris m’ont empêché de m’y consacrer. Mais je me suis obligé à faire une pause ailleurs et de venir à Beyrouth monter ce spectacle. J’avais besoin de faire ce travail d’introspection avant de passer à autre chose». Makram Hamdan souligne d’autre part que son solo est aussi un hommage à Beyrouth qui se reconstruit, au Liban, «le seul pays au monde qui a pu se reconstruire à partir de pratiquement rien et avec une vitesse incroyable», dit-il . Le solo est intitulé «Pleurs, j’ai soif» . Explications: «On a forcé le peuple libanais à pleurer pour se reconstruire». On insiste. Il répond : «J’ai créé un autoportrait pour que je puisse exprimer un tas de questions qui me concernent et concernent mon pays. Je ne suis qu’un artiste qui se met, vulnérable, devant le public et dit voilà ce que j’ai fait de moi. Je ne suis pas un avocat, ni un médecin et pourtant je suis heureux et je peux avoir du succès». En tout cas, à le voir danser, on est sûr d’une chose: il est sur le bon chemin.
Makram Hamdan, 31 ans, est possédé par le feu de la création qui le pousse quotidiennement vers son mode d’expression: la danse. Après avoir suivi des études et effectué des stages de formation aux Etats-Unis puis à Paris, il a présenté, au cours de deux soirées consécutives, au Cercle sportif français à Beyrouth, son premier solo intitulé «Pleurs: j’ai soif». Un «spectacle...