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Actualités - REPORTAGE

Festival Ayloul "Quizoola! " de Tim Etchells : une pièce qui pose des questions (photo)

Dans le cadre du festival Ayloul, une pièce- marathon (six heures non stop!) «Quizoola!» écrite, mise en scène et jouée par Tim Etchells avec la complicité de Sara de Roo et Tim Hall. Représentation unique (bien evidemment) au 3ezzedine Project» dans le centre ville. «Quizoola!» c’est 2000 questions que trois acteurs se posent à tour de rôle. Sur scène, deux acteurs, le troisième prenant à un moment donné, la place de l’un ou l’autre. Un sous-sol d’immeuble en reconstruction. Dans la poussière et l’humidité, deux personnes s’interrogent tour à tour. Le décor gris et froid est minimaliste à l’extrême. Seule source de lumière, des ampoules traînant au sol. Les spectateurs sont assis en demi-cercle face aux acteurs qui sont tantôt debout, tantôt assis sur des chaises en bois. Les questions fusent. Elles sont diverses. Posées de manière apparemment arbitraire, elles sont triviales ou profondes, abstraites ou privées, évoquant les rapports personnels, la philosophie, l’histoire ou les sciences naturelles... Les interrogations sont parfois délivrées sur un ton plat.Par moments, l’interrogateur insiste. Répète la question, la crie. Il chuchotait presque et soudain la question tombe comme un couperet. Il devient vif, cinglant. Les questions et les réponses s’enchaînent. Le ton va crescendo et soudain, les acteurs pouffent de rire. La glace est brisée. Un interrogatoire style KGB? un quiz show style télé? Exemple: est- ce que tu peux lire? Comment expliques- tu la notion d’amour à un enfant? Pourquoi fixes-tu ainsi les gens? Décris ton premier baiser. Quel genre d’histoire tu raconterais à un homme mourant? A une femme enceinte? A un aveugle? Les spectateurs ne sont pas passifs. Les acteurs cherchent leurs yeux, établissent un contact. Une pièce composée de questions et de réponses, un jeu bizarre qui déraille par moments. Au fil des réponses, l’interrogé se dévoile. Il vide son sac. Heure après heure, ses mécanismes de défense s’effritent.. Les réponses sont affirmation ou négation. El le peuvent devenir hésitantes oudétaillées. Souvent les mêmes questions peuvent revenir plusieurs fois. Parfois, à une même question répétée, une réponse contradictoire... Explication Pourquoi une pièce composée comme un jeu? «A mon avis, répond Tim Etchells, il est plus intéressant de présenter le spectacle comme un jeu. Il n’y a pas d’histoire à proprement dit, pas de profil de personnages à dresser, pas de règles strictes à suivre». «Il s’agit là, poursuit-il, d’une expérience théâtrale où il se passe quelque chose. La forme ludique est une bonne façon de développer les choses. Dans un jeu, il y a des gagnants et des perdants, certains joueurs suivent une certaine tactique. Tout peut arriver». Une pause puis il reprend: «Tout comme dans un jeu, il y a une tension qui amène les gens à se concentrer.Mais contrairement à un match de foot par exemple, si vous avez manqué la première demi- heure, vous n’avez rien raté. Le spectateur se prend vite au jeu. Il comprend tout de suite les règles». Six heures de spectacle non-stop, c’est éreintant, non? «Il y a des spectateurs qui ont tenu tout le temps.Mais beaucoup arrivent, repartent puis reviennent». répond le metteur en scène . Et du point de vue des acteurs? «Les mécanismes de défense de l’acteur, indique Etchells, se dégradent avec le temps qui passe. Au début, l’acteur pense qu’il est intelligent, qu’il maîtrise ses idées. Au bout de deux heures, la fatigue s’installe . Il ne s’exprime plus aussi clairement. Son visage peut exprimer des sentiments qu’il ne contrôle plus. Les défenses sont annihilées. Les spectateurs constatent cela. Durant les six heures de représentation, il se passe une vingtaine de minutes pendant lesquelles on se demande: mais qu’est ce que je fais là?» «Mais avec la fatigue, souligne-t-il, la concentration devient paradoxalement plus poussée. L’acteur se prend au jeu. Il s’engloutit dans son rôle. Il ne cherche plus à faire appel à son intelligence. C’est son instinct qui le guide». Pourquoi avoir choisi un sous-sol pour jouer? «On donne toujours cette pièce dans un sous-sol ou dans un terrain vague. Pour suggérer l’isolement, donner une atmosphère froide, sombre et cruelle». Tim Etchells refuse qu’on qualifie son théâtre d’«expérimental». Ce terme rappelle trop à son avis les années 70 et n’aboutit pas à grand-chose. «Notre expérience se situe dans le domaine créatif et contemporain». Quelle est la part d’improvisation dans «Quizoola»? «Les questions auxquelles se réfèrent les acteurs sont au nombre de 2000.Les réponses sont improvisées. Mais le tout répond à une certaine logique.Côté réponses, il est interdit de ne pas répondre et préférable de rester dans le domaine du crédible, du possible». Une pièce aux allures d’un jeu ou un jeu qui prend l’allure d’une pièce? Comme quoi il ne faut pas prendre les jeux à la légère. C’est comme la sauce, cela peut mal tourner.
Dans le cadre du festival Ayloul, une pièce- marathon (six heures non stop!) «Quizoola!» écrite, mise en scène et jouée par Tim Etchells avec la complicité de Sara de Roo et Tim Hall. Représentation unique (bien evidemment) au 3ezzedine Project» dans le centre ville. «Quizoola!» c’est 2000 questions que trois acteurs se posent à tour de rôle. Sur scène, deux acteurs, le troisième...