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Actualités - CHRONOLOGIE

Cédez la place, demande la Douma à Tchernomyrdine Lebed : c'est pire qu'en 1917

Dans le bras de fer qu’elle a engagé avec Boris Eltsine, la Douma est passée mercredi à la vitesse supérieure: elle a demandé au premier ministre désigné de céder la place, réclamé le limogeage du président de la Banque centrale et averti le président qu’une dissolution de la chambre basse — prévue par la Constitution en cas de troisième rejet de l’investiture de son candidat à la tête du gouvernement — «ne va en aucune façon réduire la crise mais, au contraire, l’aggraver». Le maître du Kremlin, lui, a promis, devant Bill Clinton, de mener les réformes jusqu’au bout, dans le même temps qu’il nommait six ministres par intérim, alors que le général Alexandre Lebed tirait la sonnette d’alarme: un soulèvement populaire est possible si le chef de l’Etat décidait de dissoudre la Douma. A la veille d’un nouvel échec annoncé pour le candidat du Kremlin devant les députés russes, la Douma a voté par 255 voix contre 40 une résolution appelant Viktor Tchernomyrdine à retirer «volontairement sa candidature» afin de permettre la recherche d’un candidat de compromis. Ils lui ont demandé de prendre cette décision «au nom du destin de tout le pays». Le vote de cette résolution est également un défi à Boris Eltsine puisqu’il est, selon la Constitution, maître du choix d’un candidat et donc de son retrait éventuel. Déjà rejetée lors d’un premier vote, lundi, la candidature de Tchernomyrdine risque de connaître le même sort demain, le second vote — prévu à l’origine pour lundi prochain — ayant été avancé à vendredi. Commentaire d’un politologue, Nikolaï Petrov, de l’antenne moscovite du centre Carnegie: «Chaque jour qui passe réduit les chances de Viktor Tchernomyrdine d’être approuvé par la Douma. Le scénario d’un nouveau candidat, comme Iouri Loujkov (maire de Moscou), devient de plus en plus crédible». Son pronostic: «Eltsine va être forcé, au moins pour tenter de garder un certain contrôle de la situation, d’écouter ceux qui cherchent à lui prouver qu’il est nécessaire de trouver un autre candidat». Profitant d’un rapport de forces qui lui est actuellement favorable, la Douma, dominée par les communistes, a dans la foulée appelé au limogeage du président de la Banque centrale, Sergueï Doubinine, qui n’a pas réussi à défendre la devise russe de l’effondrement. Six ministres p.i. La riposte présidentielle a été plutôt molle. Profitant d’une conférence de presse conjointe avec Bill Clinton, Boris Eltsine s’est engagé à mener les réformes «jusqu’au bout», tout en reconnaissant qu’il faudrait au pays deux ans pour espérer mener à bien l’assainissement de l’économie. Le président a reconnu «n’avoir pas réussi sur beaucoup de choses ces derniers temps», ajoutant n’attendre aucun soutien financier de la part des Etats-Unis, mais plutôt un appui politique. Par ailleurs, le chef de l’Etat a nommé par intérim six ministres du gouvernement sortant, «pour assurer le fonctionnement stable» du pouvoir. Il a signé un décret chargeant Evgueni Primakov (Affaires étrangères), Pavel Kracheninnikov (Justice), Igor Sergueïev (Défense), Boris Fiodorov (vice-premier ministre chargé de l’Economie) et Sergueï Choïgou (Situations d’urgence) de rester à leurs postes jusqu’à la nomination d’un nouveau Cabinet. Le maintien en place de Fiodorov, un monétariste convaincu, ne peut qu’irriter les communistes. Face à la dégradation de la situation, l’ancien général Alexandre Lebed a lancé un cri d’alarme. Un soulèvement populaire est possible au cas où le président déciderait de dissoudre la Douma, a-t-il dit. «Dans ce cas, a-t-il ajouté, tout le monde se précipitera pour défendre le Parlement et nous pourrons à nouveau vivre les événements de 1991». Des milliers de Russes étaient venus défendre les accès au Parlement russe en août 1991, à l’appel alors de Boris Eltsine, en réaction à une tentative de putsch communiste contre le numéro un soviétique Mikhaïl Gorbatchev. M. Lebed avait déclaré auparavant à la chaîne de télévision NTV que «l’armée pourrait se montrer agressive» si l’actuel bras de fer politique débouchait sur une confrontation ouverte. A l’issue d’une rencontre, mercredi, avec le président américain, il avait jugé que la situation était «pire qu’en 1917», tout en ironisant: «Il faut continuer les réformes; nous n’allons pas revenir en arrière, vers notre passé radieux», dans une référence à «l’avenir radieux» promis autrefois par le régime soviétique.
Dans le bras de fer qu’elle a engagé avec Boris Eltsine, la Douma est passée mercredi à la vitesse supérieure: elle a demandé au premier ministre désigné de céder la place, réclamé le limogeage du président de la Banque centrale et averti le président qu’une dissolution de la chambre basse — prévue par la Constitution en cas de troisième rejet de l’investiture de son...