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Actualités - DISCOURS

Au cours d'une cérémonie de commémoration à Nabatyeh de la disparition de l'Imam Moussa Sadr Berry invite le gouvernement à faire son autocritique et à réviser sa politique

Le chef du Parlement Nabih Berry a invité hier le gouvernement à faire son «autocritique» et à réviser sa politique financière et de reconstruction, qui a, selon lui, échoué. Utilisant des propos plus ou moins mesurés, il ne s’en est pris directement à aucun moment au premier ministre Rafic Hariri, tout en reprochant au gouvernement de vouloir «renverser la logique qui veut que l’Etat soit au service du citoyen et non l’inverse». Parlant des nominations administratives, M. Berry a par ailleurs admis qu’il a lui-même été entraîné, par le comportement des «autres», à «dépasser le cadre des institutions» et promis qu’on ne l’y reprendrait plus. Ces propos, le chef du législatif les a tenus lors de la cérémonie annuelle organisée à Nabatyeh pour commémorer la disparition en Libye de l’imam Moussa Sadr, ancien président du Conseil supérieur chiite et fondateur du mouvement Amal que M. Berry préside aujourd’hui. Dans les milieux chiites libanais, on accuse le régime du numéro un libyen Mouammar Kadhafi d’avoir fait disparaître l’imam, en septembre 1978. Pour M. Berry, les problèmes du Liban «ne résident pas dans la répartition des prérogatives, ni dans le rôle dévolu à chacun des pouvoirs, ils sont dans la pratique du pouvoir et dans l’établissement de l’ordre des priorités». «Une partie de ces problèmes vient du fait que dans ce qui touche à certains aspects de la pacification du Liban, le processus de réconciliation nationale n’a pas encore dépassé le stade des poignées de main», a-t-il dit. «Ce n’est pas dans le système parlementaire démocratique qu’on trouve l’origine du mal, mais dans le confessionnalisme qui continue à être le fondement du pouvoir au Liban, et qui a été instauré pour diviser les gens», a ajouté M. Berry. «Comme les autres» Proclamant son rejet de toute solution aux problèmes du pays qui serait «hors du cadre des institutions», M. Berry a annoncé qu’il avait l’intention désormais de «s’opposer» à toute nomination administrative qui dépasserait aussi le cadre institutionnel. «Nous ne l’avons pas fait dans le passé», a-t-il admis, expliquant qu’il ne pouvait «agir que comme les autres» hauts dirigeants. «Je comprends et je respecte les critiques qui nous ont été adressées, même si elles étaient dures parfois, mais il faut savoir que je ne peux pas être idéaliste quand les autres ne le sont pas», a-t-il lancé. Appelant à «donner davantage de garanties aux organes de contrôle au sein de l’Administration afin qu’ils soient en mesure de remplir leur mission loin de toute pression», M. Berry a assuré qu’il serait «le premier à s’engager désormais à ne plus couvrir des fonctionnaires» corrompus. Mais «le plus important» reste, à ses yeux, les conditions d’entrée dans la fonction publique. Il a d’autre part souhaité qu’«à l’aube du nouveau mandat» (présidentiel), les projets de développement rural soient inscrits sur la liste des priorités, et notamment le projet d’irrigation du Liban- Sud par les eaux du Litani. M. Berry a par ailleurs continué allusivement à critiquer l’attitude du premier ministre au sujet de la polémique déclenchée par le dossier de l’échelle des salaires dans la fonction publique. Au chef du gouvernement et à ses alliés qui exigent un consensus autour des sources de financement de ce projet, M. Berry a répondu: «Le pouvoir souhaite que les citoyens répondent à ses interrogations relatives au financement des projets et des salaires. Cela équivaut à renverser la logique qui veut que l’Etat soit au service du citoyen, et non l’inverse». Le droit à la différence Poursuivant sur sa lancée, il s’est fait l’avocat du «droit à la différence d’opinion» face au pouvoir et du «refus de la logique consistant à présenter les choses comme si la nation, l’islam ou la chrétienté sont en danger chaque fois qu’on est en désaccord avec un haut responsable». Pour M. Berry, «il est devenu tout aussi inacceptable de prétexter à chaque occasion une menace sur les relations libano-syriennes». La Syrie, selon lui, «n’appartient à personne de particulier». Il a en outre appelé à «reconsidérer la politique financière et de reconstruction» du gouvernement. Selon lui, «il ne s’agit pas d’imputer au seul gouvernement la responsabilité» de l’échec de cette politique. Mais, a-t-il dit, «beaucoup reconnaissent que le plan de reconstruction n’est pas parvenu à réaliser les objectifs qu’il s’était fixés, notamment à drainer les investissements, alors que le fossé demeure large entre la politique gouvernementale et les besoins des secteurs productifs». «Il est temps de se rendre compte qu’on ne peut plus insister à aller de l’avant dans une politique qui risque de nous faire sombrer tous», a-t-il dit. «Nous demandons au gouvernement de faire son autocritique, et nous sommes sûrs qu’il est soucieux d’écouter les voix sincères», a-t-il souligné, estimant que la perte de crédibilité de l’exécutif comme du législatif «n’est de l’intérêt de personne, sauf des ennemis du Liban». Parallèlement, M. Berry a annoncé que son mouvement, Amal, allait lui-même se livrer à une autocritique de son action «à tous les niveaux», lors de son prochain congrès. Après une longue exposition du problème du Liban-Sud, dans laquelle il a réaffirmé ses positions de principe en faveur d’une «participation de tous les Libanais à la résistance» contre l’occupation israélienne, M. Berry a conclu en énumérant les principes de base auxquels il croit pour l’avenir du Liban.
Le chef du Parlement Nabih Berry a invité hier le gouvernement à faire son «autocritique» et à réviser sa politique financière et de reconstruction, qui a, selon lui, échoué. Utilisant des propos plus ou moins mesurés, il ne s’en est pris directement à aucun moment au premier ministre Rafic Hariri, tout en reprochant au gouvernement de vouloir «renverser la logique qui veut que...