Bains de foule pour le patriarche maronite au Akkar Sfeir souligne la nécessité d'un développement équilibré des régions (photos)

Les habitants du Akkar, chrétiens et musulmans, ont réservé un accueil particulièrement chaleureux au patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, qui s’est rendu pour la première fois, samedi, dans cette région. L’événement est d’autant plus important et historique que la visite de Mgr Sfeir au Akkar est la première d’un patriarche maronite. Des milliers de personnes brandissant des portraits du patriarche maronite, des drapeaux libanais et des calicots reproduisant des extraits de l’Exhortation apostolique, se sont rassemblées tout au long de l’itinéraire suivi par Mgr Sfeir. En chemin pour Kobeyate, Mgr Sfeir s’est notamment arrêté à Abdeh, Halba et Télil. Dans l’enceinte de l’église Notre-Dame du Lavoir à Kobeyate, Mgr Sfeir a présidé l’office divin et prononcé une homélie dans laquelle il a insisté sur la consolidation de la coexistence et de l’unité nationale ainsi que sur la nécessité de mettre en œuvre le principe du développement équilibré de toutes les régions du pays. Il a fait valoir qu’aucune patrie ne peut prétendre être saine, si sa capitale seule est prospère. «Cette patrie serait semblable à un corps doté d’une tête forte et de membres faibles, ce qui créerait une entité déséquilibrée», a-t-il dit. Samedi, le cardinal Nasrallah Sfeir a quitté sa résidence d’été à Dimane vers 15h à bord de la voiture patriarcale, ornée des drapeaux libanais et papal, en compagnie de NN. SS. Antoine Andari et Francis Baissari ainsi que de Mgr Youhanna Fouad el-Hajj, évêque maronite de Tripoli. Avant son départ de Dimane, Mgr Sfeir a été salué, selon les traditions en vigueur dans la région, par les députés MM. Kabalan Issa el-Khoury et Gébran Tok ainsi que par le mohafez du Liban-Nord, M. Khalil Hindi, et le directeur général du ministère de la Culture et de l’Enseignement supérieur, M. Mtanios Halabi. Les hommes en charge de la sécurité de Mgr Sfeir ont été placés sous le commandement du colonel Sarkis Tadros, adjoint du commandant en chef des FSI de la région du Liban-Nord, alors que les mesures de sécurité renforcées prises tout au long du chemin emprunté par le chef religieux de Dimane à Kobeyate ont été confiées à des unités relevant des services de renseignements de l’armée et du service de la sécurité de l’Etat ainsi qu’aux forces syriennes en poste dans la région. Arrêts à Abdeh, Télil et Halba Selon notre correspondant au Akkar, Michel Hallack, Mgr Sfeir, qui est arrivé à 15h40 à Abdeh, à la limite sud du Akkar, a mis pied à terre au milieu d’un dispositif de sécurité important. Il a été accueilli par une foule de fidèles et par des officiels, notamment le ministre de la Culture et de l’Enseignement supérieur, M. Fawzi Hobeiche, et le ministre de l’Education nationale, M. Jean Obeid, ainsi que les députés Talal Merhébi, Wagih Baarini, Abdel Rahman Abdel Rahman et Riyad Sarraf. Mgr Sfeir a également traversé à pied la localité de Halba où son convoi n’arrivait plus à avancer en raison de la foule nombreuse en liesse venue le saluer. A Télil, Mgr Sfeir a reçu l’emblème de la localité. A son arrivée à Kobeyate, le patriarche maronite a été accueilli par l’ancien ministre Mikhaël Daher, les députés Mme Nayla Moawad et MM. Maurice Fadel, Khaled Daher, Ahmed Fatfat ainsi que par l’ancien parlementaire Karim Racy et un grand nombre de forces actives de la région. Pour traverser Kobeyate et saluer les milliers de fidèles qui ont envahi les axes principaux et les rues de la localité, Mgr Sfeir a pris place dans une Ford découverte, ornée des drapeaux libanais et papal. A l’entrée de la localité, le président de la municipalité de ville, Sabri Abdo, lui a remis les clés de la ville ainsi qu’un mémorandum portant la signature d’un millier de personnes originaires de la localité. Dans ce mémorandum, les signataires ont demandé à Mgr Sfeir d’intervenir auprès des autorités françaises en vue de la libération du prisonnier politique Georges Ibrahim Abdallah, fils de Kobeyate, détenu en France depuis 1984. Messe solennelle à Kobeyate A 18h 15, le patriarche maronite a présidé la messe solennelle en l’église Notre-Dame du Lavoir assisté des prélats NN. SS. Youhanna Fouad el-Hajj et Boulos Emile Saadé ainsi que d’un grand nombre de prêtres. Dans son homélie, Mgr Sfeir a rappelé que «l’Exhortation apostolique recommande non seulement aux groupements chrétiens de dépasser les obstacles historiques mais à tous les Libanais, chrétiens et mahométans, de conforter leur coexistence, de sorte que leur coopération soit établie dans tous les domaines possibles dans l’intérêt public et non dans l’intérêt de personnes déterminées ou de certaines communautés». Il s’est par ailleurs félicité du fait que cette région, depuis des générations et notamment pendant les années de guerre, a été le symbole de la coexistence. «Pendant la guerre, les habitants de cette région se sont solidarisés pour dépasser la crise sachant que leur souffrance est une et que leur avenir est commun. Vous avez été l’exemple de la solidarité et de la coexistence. Ainsi, vous avez évité à vos localités et villages, d’une manière générale, l’exode et la destruction», a-t-il dit. Mgr Sfeir a par la suite insisté sur la mise en œuvre du développement équilibré entre toutes les régions du pays avant de souligner que les émigrés originaires du Akkar rencontrés lors de ses visites en Australie et au Brésil hésitent à retourner à leurs villages en raison du manque d’intérêt affiché par les autorités à l’égard du développement de leur région. Chrétiens et mahométans menacés De son côté, Mgr el-Hajj a affirmé que «même si des difficultés contribuent à éloigner les chrétiens d’une participation effective à la vie publique, l’Eglise continuera à répercuter la voix forte de l’espérance et de la vérité. Cette vérité se résume au fait que les difficultés et les dangers ne menacent pas seulement les chrétiens mais également les mahométans. De la prise de conscience de cette vérité découle la responsabilité des chrétiens et des musulmans, fils de cette patrie, à consolider et à conforter la coexistence pour l’avenir», a-t-il souligné.