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Actualités - ANALYSE

Une lutte de pouvoir pour après l'élection

Selon un ministre de premier plan, «le bras de fer entre MM. Nabih Berry et Rafic Hariri n’est si acharné que parce qu’il met en jeu une saga à venir de plusieurs années. L’un et l’autre espèrent en effet fortement accompagner, au poste qu’ils occupent présentement, le prochain régime tout le long de ses six années. Et ils veulent l’un et l’autre que cela soit dans des conditions confortables, en assurant dès à présent au maximum leur influence future. Certes, la présence à Baabda d’un ami les aiderait, mais même en cas de déception lors de l’élection, ils tentent de faire en sorte de garder de solides atouts pour la suite». Le problème pour le moment c’est qu’il ne semble pas que «l’ami» évoqué par le ministre comme virtuel président soit un «ami commun» aux deux hommes… «Dès lors, reprend cette personnalité, MM. Berry et Hariri ont l’air de se porter eux-mêmes candidats au poste d’éminence grise, de mentor, de manipulateur du prochain régime. Celui qui l’aura sous sa coupe pourra contrôler l’appareil d’Etat, détiendra le gros du pouvoir et l’autre ne gardera qu’un rôle assez peu gratifiant de simple harcèlement, à moins qu’il ne se résigne à n’être qu’un comparse». Une approche qui dénote, en y regardant bien, une vue assez courte. Car, après tout, il n’est pas dit que dans l’équation triangulaire, le futur président de la République ne soit qu’une force inerte, pour ne pas dire une marionnette, au service de l’un des deux autres présidents… Le ministre cité souligne ensuite que «M. Hariri a réalisé depuis son avènement une ascension politique certaine, puisqu’arrivé sans parti, il dispose maintenant d’un important bloc parlementaire, contrôle politiquement plusieurs régions, notamment la capitale, et en noyaute fortement d’autres. Mais c’est quand même à M. Berry que le système de la troïka profite le plus. Il lui permet en effet, à travers son quota de ministres ( du reste excessif par rapport à son véritable volume, notamment sur le plan de sa communauté même) d’avoir même une part de l’Exécutif. D’où découle automatiquement une part non négligeable dans les nominations aux postes-clés de l’Administration, si utiles en termes d’influence publique. M. Berry a les coudées si franches que tantôt il critique la troïka , en annonce même la mort et tantôt en défend l’existence, comme il vient de le faire face à M. Boutros Harb, du «Groupe national parlementaire». Sa force singulière, M. Berry la doit indirectement… au général Michel Aoun! En effet, pour parer les menaces de dissolution de l’Assemblée proférées par ce dernier quand il était à Baabda, Taëf a inventé un système qui empêche pratiquement l’Exécutif de renvoyer la Chambre, et partant son président. Ce dernier est donc immunisé, bien à l’abri et d’autant plus glouton, si l’on peut dire, que «ses» parlementaires gardent par contre le droit institutionnel de renvoyer le gouvernement et son chef». Un avantage uniquement théorique en fait, car, comme on sait et comme on l’a vu à maintes reprises à travers des votes massifs de confiance faisant suite à des débats démolisseurs, seuls les décideurs ont le pouvoir de démissionner un Cabinet… Toujours est-il que la personnalité gouvernementale, poursuivant l’énumération des avantages de M. Berry, rappelle que ce dernier « a obtenu de rester inamovible pendant les quatre ans de la législature, alors qu’auparavant c’était toutes les années, puis tous les deux ans, que le président de la Chambre était élu. De ce fait, il était plus fragile et devait faire tout le temps des concessions pour être assuré de garder la majorité des députés électeurs. Maintenant, une fois porté sur le pavois, il s’en soucie comme d’une guigne et il accapare en pratique tout le pouvoir politique du Législatif, sans avoir besoin comme ses prédécesseurs de regrouper autour de lui une sorte de collège interne de direction qui se réunissait toutes les semaines. Le Parlement c’est lui, alors que la présidence de la République, bien qu’installée elle aussi d’une manière assurée pour six ans, ce n’est plus l’Exécutif. Et le gouvernement pour sa part n’a aucune garantie de durée: ainsi en 92 le Cabinet Rachid Solh n’avait été en place que pendant les trois mois d’été…». Et de conclure en soulignant que «M. Berry et M. Hariri risquent tous les deux très gros dans cette affaire de présidentielle. Le chef du gouvernement pourrait en effet être obligé de mettre brutalement un terme à sa carrière politique si un président inamical était élu. Et le président de la Chambre devrait, dans le même cas, faire face à de sérieuses tentatives d’amender la Constitution pour revoir cette question des quatre ans garantis, mais aussi celle de l’indissolubilité du Parlement…». On leur souhaite à tous les deux bonne chance. Et bien du plaisir.
Selon un ministre de premier plan, «le bras de fer entre MM. Nabih Berry et Rafic Hariri n’est si acharné que parce qu’il met en jeu une saga à venir de plusieurs années. L’un et l’autre espèrent en effet fortement accompagner, au poste qu’ils occupent présentement, le prochain régime tout le long de ses six années. Et ils veulent l’un et l’autre que cela soit dans des...