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Actualités - ANALYSE

Berry-Hariri : des objectifs semblables quoique contraires ..

Les présidents Berry et Hariri rivalisent apparemment d’une touchante sollicitude pour les fonctionnaires, dont chacun veut plus que l’autre augmenter le salaire pour en récompenser les immenses mérites… Un cadeau royal à l’approche de la fin du présent régime. Dès lors, il est difficile de ne pas voir dans le match entre les deux présidents mahométans une lutte d’influence articulée sur la présidentielle. Certes, le résultat final ne dépend ni de l’un ni de l’autre, mais en se démenant, ils espèrent tous deux favoriser les candidats qui leur plaisent. Et surtout rendre difficile la présélection des candidats qui leur déplaisent… Un ministre qui suit de près, et non sans un certain plaisir, cette farouche empoignade rappelle que «les grandes manœuvres tactiques ont été lancées quand, au nom du président du Conseil, Mohsen Dalloul a annoncé que ce dernier ne briguerait pas sa propre succession, ne présiderait pas le prochain gouvernement et se retirerait sous sa tente pour de bon. Une proclamation qui a provoqué une avalanche de réactions, la plupart sceptiques et critiques. Corrigeant le tir, l’intéressé a (cette fois en personne, sans héraut interposé) énuméré une liste de conditions pour accepter de continuer à diriger le Cabinet. Il veut que désormais on ne traite plus les règlements par-dessus la jambe, que l’on ne contourne plus les institutions, qu’on les laisse jouer pleinement leur rôle. Il se dit prêt à affronter ce qu’il appelle «la mentalité de guerre» des milices. Il affirme enfin que le prochain président de la République et le gouvernement ne pourront répondre aux aspirations des Libanais que s’il s’opère un changement radical au niveau des pratiques politiques, administratives et judiciaires». «Aussitôt, poursuit ce ministre, M. Berry a répliqué en appelant pour sa part à l’éradication de la mentalité de la «mazraa», la ferme, qui caractérise à son avis le règne haririen. Les partisans du président de la Chambre se répandent dans les salons pour tirer à boulets rouges sur M. Hariri, dont les prétentions leur semblent exagérées. Ils prennent soin de rappeler qu’en réalité il n’est même pas libre de se retirer du jeu, que si les décideurs lui «conseillent» de rester il ne peut que s’incliner, comme il avait dû déjà le faire précédemment lorsqu’il avait manifesté des velléités de démissionner. Pour eux, en évoquant son départ, il se livre simplement, en direction des décideurs, à des pressions psycho-politiques qui, à leur avis, frisent le chantage affectif. Les proches de M. Berry trouvent, pour tout dire, qu’il n’appartient pas à M. Hariri de fixer les critères de sélection du prochain régime». Cette même source ministérielle souligne que ces attaques sont sorties de l’anonymat «quand le bras droit même du président Berry, M. Mohammed Abdel Hamid Beydoun, a qualifié en public les déclarations d’intention de départ du président du Conseil de «minauderies de fillettes» visant à faire pression sur l’opinion pour favoriser l’arrivée à Baabda d’un haririen, aux dépens d’une véritable élection démocratique». «Le bureau d’information de M. Hariri, relève le ministre cité, n’a pas vraiment démenti M. Beydoun! En effet, dans sa réponse à ce parlementaire, le brain-trust médiatique du chef du gouvernement s’est contenté de souligner en substance que «le président de la République fait partie intégrante, indissociable du pouvoir exécutif qui comprend deux têtes…». Les haririens ajoutent que le duo de l’Exécutif doit vivre en harmonie et en symbiose, pour la bonne marche des institutions, reconnaissant ainsi, on ne peut plus clairement, qu’il serait éminemment souhaitable que leur chef ait pour partenaire un homme avec lequel il s’entendrait facilement, sinon qu’il aurait choisi». «Les arguments des uns et des autres, conclut cette personnalité, cachent mal qu’au fond ils rêvent pareillement de préserver le système dit de partage qui a fait la gloire — et les disputes — des présidents. Sauf que le camp de M. Berry lutte pour le maintien d’une troïka, où il arrive que le président de l’Assemblée ait l’appui du président de la République. Tandis que le camp de M. Hariri souhaite une «doïka» au sein de laquelle le président du Conseil aurait toujours à ses côtés le président de la République, pour mieux faire face au président de la Chambre…». «Que les pastèques s’entrecassent», serait-on tenté de répéter d’après l’adage local. Malheureusement, dans un tel cas, c’est la population qui casque…
Les présidents Berry et Hariri rivalisent apparemment d’une touchante sollicitude pour les fonctionnaires, dont chacun veut plus que l’autre augmenter le salaire pour en récompenser les immenses mérites… Un cadeau royal à l’approche de la fin du présent régime. Dès lors, il est difficile de ne pas voir dans le match entre les deux présidents mahométans une lutte d’influence...