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Actualités - CHRONOLOGIE

Monica Lewinsky a commencé à témoigner Le Congrès US s'attaque à l'Attorney général

L’affaire Lewinsky traînant en longueur — le témoignage de Bill Clinton étant prévu pour le 17 août et la déposition de l’ancienne stagiaire de la Maison-Blanche, commencée hier, étant appelée à se poursuivre dans les jours à venir — une commission de la Chambre des représentants a choisi de passer à la vitesse supérieure: elle a voté jeudi en faveur d’une condamnation de l’Attorney général Janet Reno pour «outrage au Congrès» Le vote est intervenu après que Mme Reno eut refusé de remettre à la commission des documents relatifs à une enquête en cours sur les scandales de financement de la campagne électorale 1996. Tous les membres de la majorité républicaine à la commission des Affaires gouvernementales ont voté en faveur de la condamnation, tous les démocrates ont voté contre. La Chambre des représentants devra elle aussi se prononcer sur le vote de la commission. Les républicains, qui réclament la nomination d’un procureur indépendant pour enquêter sur l’éventuelle implication de la Maison-Blanche dans les scandales de financement, veulent savoir pourquoi Mme Reno refuse d’en nommer un. A cet effet, ils avaient exigé qu’elle leur remette deux mémorandums dans lesquels les principaux responsables de l’enquête en cours — dont le directeur de la sûreté fédérale (FBI) Louis Freeh — justifiaient leurs recommandations en faveur de la nomination d’un procureur indépendant. La loi prévoit une telle nomination si de hauts responsables du gouvernement sont soupçonnés d’avoir enfreint la loi, ou si les responsables de la justice craignent un conflit d’intérêt. Mme Reno a affirmé avoir besoin de deux à trois semaines pour se prononcer sur les recommandations, émises le mois dernier par l’ancien responsable de l’enquête Charles LaBella. Elle avait préalablement rejeté les recommandations faites en décembre par M. Freeh. En théorie, Mme Reno risque une peine d’un an de prison et 10.000 dollars d’amende si elle était convaincue par un tribunal d’«outrage au Congrès». Mais il est peu probable que l’affaire en arrive là. Détails intimes S’agissant de l’affaire Lewinsky, l’ancienne stagiaire à la Maison-Blanche a entamé hier au tribunal fédéral de Washington un témoignage crucial dans le scandale impliquant Bill Clinton, apparemment prête à contredire la parole du président des Etats-Unis en reconnaissant avoir eu avec lui une longue liaison. Après six mois de silence, forte d’une immunité qui l’assure de ne pas être poursuivie pour ce qu’elle dira, la jeune femme est arrivée au tribunal en voiture en début de matinée, vêtue d’un sobre tailleur bleu marine, son épaisse chevelure brune soigneusement coiffée. Le visage fermé, elle n’a pas eu un mot pour les centaines de journalistes qui l’attendaient autour du tribunal, cerné par les camions de télévision et les forces de l’ordre. Le président Bill Clinton, souriant et apparemment décontracté, sur fond de fanfare, n’a pas été plus bavard, ignorant quelques heures plus tard les questions criées par la presse à l’issue d’un discours prononcé dans la roseraie ensoleillée de la Maison-Blanche. Accompagnée de ses avocats, Monica Lewinsky est immédiatement entrée à l’intérieur du tribunal. Après avoir été embrassée par une proche, elle a emprunté un ascenseur habituellement réservé aux magistrats et s’est rendue au troisième étage, où siègent les 23 jurés populaires qui font office de chambre de mise en accusation et vont entendre son témoignage. Ce témoignage, qui devrait durer plusieurs jours, promet d’être douloureux pour la jeune Californienne de 25 ans, consciente du danger qu’il représente pour Bill Clinton, 52 ans. Selon la presse américaine, elle serait prête à reconnaître avoir eu une liaison avec lui, de novembre 1995 à l’été 1997, contrairement à ce que tous deux ont affirmé sous serment à la justice. Elle serait également prête à dire qu’ils s’étaient mis d’accord pour la cacher, et que Bill Clinton lui avait fait des suggestions pour l’y aider. Elle va devoir entrer dans les détails intimes d’une relation dont le procureur indépendant Kenneth Starr a traqué tous les indices depuis janvier, sur la base de confidences enregistrées à l’insu de Monica Lewinsky par son amie Linda Tripp. Sérénité officielle Comment Monica va-t-elle expliquer ses fréquentes visites à la Maison-Blanche, les cadeaux échangés, les messages prétendument laissés par le président sur son répondeur, ses contacts avec le très influent Vernon Jordan pour qu’il lui trouve un emploi? Que va-t-elle dire de ses confidences téléphoniques, et de cette robe en cours d’examen au FBI, dont elle aurait affirmé qu’elle était tachée de sperme présidentiel? Alors qu’elle aurait confié à Linda Tripp avoir «menti toute sa vie», sa crédibilité est cruciale pour le procureur Starr, qui enquête sur de possibles parjure, subornation de témoin et obstruction de la justice par le président Clinton. Selon ses proches, Monica aurait déjà pleuré lors des entretiens préliminaires avec les procureurs, et sa tension était évidente lorsqu’elle est entrée dans le tribunal, cherchant sa respiration. La Maison-Blanche a affiché pour sa part jeudi une parfaite sérénité. Un porte-parole, Barry Toiv, a exprimé l’espoir que la comparution de la jeune femme signifierait que l’enquête de M. Starr sur les différents scandales associés aux Clinton, qui a coûté quelque 40 millions de dollars au contribuable, allait bientôt prendre fin. Et il a réaffirmé que le président avait l’intention de témoigner «complètement et sincèrement» le 17 août, lorsque viendra son tour d’être interrogé sous serment, depuis la Maison-Blanche, lors d’une session retransmise en direct aux 23 jurés. La Maison-Blanche s’est pour l’instant gardée de critiquer Monica Lewinsky, indiquant même, après qu’elle eut reçu l’immunité en échange de son témoignage, que le président était content que les choses se débloquent pour elle. Mais si Bill Clinton en reste à sa version des faits, ce sera probablement, le 17 août, la parole de cette petite Californienne aux yeux clairs contre celle du président du pays le plus puissant du monde.
L’affaire Lewinsky traînant en longueur — le témoignage de Bill Clinton étant prévu pour le 17 août et la déposition de l’ancienne stagiaire de la Maison-Blanche, commencée hier, étant appelée à se poursuivre dans les jours à venir — une commission de la Chambre des représentants a choisi de passer à la vitesse supérieure: elle a voté jeudi en faveur d’une condamnation de...