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Actualités - CHRONOLOGIE

Trois heures d'entretiens Assad-Hariri hier à Damas La médiation syrienne évite la crise, mais n'arrête pas la polémique

Il aura fallu une nouvelle intervention syrienne au plus haut niveau pour éviter que la polémique qui se poursuit depuis des jours entre le président de la Chambre, M. Nabih Berry, et le chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, au sujet de l’échelle des salaires des fonctionnaires du secteur public, ne se transforme en crise politique ouverte. Selon des sources bien informées, la médiation syrienne pourrait être couronnée par une rencontre au sommet demain samedi entre les présidents Elias Hraoui et Hafez el-Assad, alors que M. Berry serait attendu à Damas la semaine prochaine. Il faut relever que l’échelle des salaires est une question qui, en fait, sert de prétexte à une épreuve de force aux enjeux bien plus importants. Trois heures d’entretiens hier entre MM. Hariri et Assad, et autant avec le vice-président syrien, M. Abdel Halim Khaddam, ont permis, selon des sources concordantes, de mettre au point un scénario susceptible de contenir les divergences entre les présidents du Conseil et du Parlement à leur niveau actuel et d’éviter qu’elles dégénèrent en crise politique majeure aux conséquences imprévisibles à moins de deux mois du début du délai constitutionnel pour l’élection présidentielle. La réunion entre MM. Assad et Hariri a eu lieu au palais de Radwaniyé à Damas. Le porte-parole de la présidence syrienne, Gébrane Kouriyé, a indiqué que les entretiens ont porté sur «les développements dans la région (...) et sur les problèmes intéressant le Liban et la Syrie». Une façon de dire que les deux responsables ont évoqué des questions de politique interne libanaise. La rencontre avec M. Assad a été précédée et suivie d’un entretien avec M. Khaddam. Les sources proches de Koreytem ont indiqué que les responsables syriens «ont fait preuve de compréhension à l’égard du point de vue du président du Conseil concernant la nécessité de régler les divergences dans un esprit d’entente». M. Hariri estime que le gouvernement et le Parlement doivent se concerter pour trouver les sources de financement de l’échelle des salaires qui coûtera environ 830 milliards de livres, alors que le président Berry assure que cette tâche incombe au Conseil des ministres. De même source on précise que la médiation syrienne devrait favoriser la reprise des concertations entre les présidents de la Chambre et du Conseil au sujet des moyens de financement de l’échelle des salaires et faire baisser la tension provoquée par la question de l’ouverture d’une session extraordinaire du Parlement. Le gouvernement, rappelons-le, avait évité d’aborder ce dossier lors de sa réunion mercredi dernier, suscitant la colère du président Berry qui a laissé entendre que les députés pourraient prendre l’initiative de signer une motion réclamant l’ouverture d’une session extraordinaire, consacrée essentiellement à l’examen du projet de l’échelle des salaires. Une petite phrase de Ferzli En dépit de la poursuite de la polémique hier entre MM. Berry et Hariri par lieutenants interposés, une petite phrase lancée par le vice-président de la Chambre, M. Elie Ferzli, a montré que la crise avait été contenue à son stade actuel. M. Ferzli a déclaré qu’«il est trop tôt pour parler de l’ouverture d’une session extraordinaire au Parlement», ajoutant qu’une telle session pourrait être ouverte au début du mois de septembre. D’ici là, les responsables concernés auront eu le temps de discuter des moyens de financer l’échelle des salaires. Des sources bien informées indiquent que les responsables syriens ont décidé dès mercredi d’entreprendre une médiation entre les différents pôles du pouvoir de peur que les tiraillements actuels ne provoquent une grave cassure qui compliquerait davantage l’élection présidentielle. Le chef des services de renseignements syriens au Liban, le général Ghazi Kanaan, s’est ainsi rendu au palais de Baabda, où il a été reçu par le président Hraoui. Des contacts ont également eu lieu avec MM. Berry et Hariri. Bien qu’un accord tacite soit intervenu pour éviter l’escalade, la polémique s’est quand même poursuivie sur le même ton. Les milieux proches de M. Berry cités par les agences de presse ont réaffirmé que le financement de l’échelle des salaires est du ressort du gouvernement, accusant l’Exécutif d’«amplifier le coût de l’échelle pour faire avorter le projet». Le député Mohammed Abdel Hamid Beydoun, proche du président de la Chambre, est revenu à la charge, en appelant M. Hariri à démissionner «s’il est incapable d’assumer ses responsabilités». Pour sa part, le ministre d’Etat chargé des Finances, M. Fouad Siniora, a déclaré une nouvelle fois que «l’ère du chaos monétaire et financier au Liban est révolue», indiquant que le gouvernement ne dépensera pas un sou sans avoir trouvé au préalable des sources de financement. Pendant ce temps, M. Hraoui a déclaré devant ses visiteurs qu’il ne s’opposait pas à l’ouverture d’une session parlementaire extraordinaire «à condition que cela se fasse selon la procédure constitutionnelle». Cité par les députés qu’il a reçus hier, le chef de l’Etat a réaffirmé qu’il était opposé à une éventuelle prorogation de son mandat. «Je suis fatigué, je désire me reposer», a-t-il dit. L’échéance présidentielle qui demeure le principal souci des responsables politiques, a fait l’objet de plusieurs commentaires hier. Le ministre des Affaires étrangères, M. Farès Boueiz, s’est ainsi déclaré hostile à l’amendement de (l’article 49 de) la constitution dans un sens permettant la prorogation du mandat du président Hraoui ou l’élection d’un fonctionnaire de première catégorie (en l’occurrence le général Emile Lahoud).
Il aura fallu une nouvelle intervention syrienne au plus haut niveau pour éviter que la polémique qui se poursuit depuis des jours entre le président de la Chambre, M. Nabih Berry, et le chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, au sujet de l’échelle des salaires des fonctionnaires du secteur public, ne se transforme en crise politique ouverte. Selon des sources bien informées, la médiation...