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Actualités - OPINION

Tribune Ces émissions qui font mal

Cette tribune n’est ni un plaidoyer ni un réquisitoire. Elle s’inspire d’une réflexion de Léon Bloy: «Que diriez-vous d’un homme ordinaire qui se laisserait empoisonner avec ses frères, de peur de ruiner, en les avertissant, la considération de l’empoisonneur...».
Jeudi 30 octobre une des chaînes de télévision avait programmé une émission (libre) sur le thème: «Politique de la santé». Par la qualité de l’animateur émérite et la notoriété des médecins participants, cette émission était sensée exposer les solutions et les moyens à mettre en œuvre pour contrôler nos dépenses de santé et apaiser la tempête actuelle qui secoue le monde médical.
Or, hormis quelques thèses idéalistes proposées, le public libanais a assisté pendant trois heures à une joute verbale faite d’accusations réciproques étonnante pour des confrères qui dialoguent.
Ce spectacle qui dévoile un visage inhabituel du corps médical et des institutions de soins a laissé un public consterné et de nombreux médecins confus... Nous avons certes connu des émissions plus dérisoires, mais nous n’avons jamais à ce point barboté dans l’insignifiance. Les accusations réciproques entre médecins et hôpitaux, jetées en pâture au public, font mal: à l’image du médecin dans le public, mais aussi à l’immense majorité des médecins eux-mêmes qui voient leur métier injustement terni par ce dérapage télévisuel.
De tous les grands corps de la société libanaise, le monde médical est resté relativement préservé de la dévalorisation. Il est vrai que dans notre monde actuel, et sous l’effet de causes diverses, le traditionnel médecin, notable vénéré et confident, a cédé la place à un professionnel désacralisé quand il n’est pas paupérisé. Mais notre médecine libanaise, à travers ses médecins de qualité, conserve un grand prestige et une autorité morale certaine. Sous prétexte de «nettoyage» de la société, certaines émissions télévisées jettent l’opprobre sur le monde médical. Des accidents malheureux sont montés en épingle pour installer une angoisse diffuse parmi le public qui finit par se demander s’il faut encore faire confiance à ses médecins. Certes, il existe parmi nous des praticiens qui abusent, mais quelle corporation peut être garante de la moralité de tous ses membres?
Les médias sont là pour éclairer le public. Pourquoi cherche-t-on toujours à étaler nos faiblesses plutôt que nos victoires? Pourquoi ne parle-t-on jamais des médecins qui font leur travail avec dévouement? Des infirmières qui passent des nuits blanches près de leurs malades? De tous ces gens qui n’ont pas de week-end et qui font un travail formidable? Il n’est pas juste d’englober et de confondre dans un même soupçon tous les médecins et tous les hôpitaux.
En conséquence, il n’est pas acceptable pour les médecins d’écouter des émissions complaisantes qui ne reflètent pas le vrai visage de la médecine libanaise. Un corps médical qui supporte qu’on lui renvoie une telle image de lui-même se prépare à de plus gands renoncements. Avec de telles émissions qui font mal, il y a un grand et unique perdant: la médecine.
Cette tribune n’est ni un plaidoyer ni un réquisitoire. Elle s’inspire d’une réflexion de Léon Bloy: «Que diriez-vous d’un homme ordinaire qui se laisserait empoisonner avec ses frères, de peur de ruiner, en les avertissant, la considération de l’empoisonneur...».Jeudi 30 octobre une des chaînes de télévision avait programmé une émission (libre) sur le thème: «Politique de...