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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Conférence d'Antoine Sfeir sur les réseaux islamistes en Europe

Antoine Sfeir a donné une conférence, salle Ernest Renan, sur «Les Réseaux d’Allah». Le phénomène des islamistes en Europe, Antoine Sfeir, journaliste —aujourd’hui directeur de la rédaction des «Cahiers de L’Orient», il a collaboré notamment au service des informations arabes et internationales de «L’Orient-Le Jour»— l’a disséqué lors d’une enquête menée pendant quatre ans dans les milieux islamistes de France et d’Europe.
Le conférencier a d’abord cherché à définir le terme, trop souvent usité, d’islamisme. «L’islamisme est un concept français», a-t-il relevé. «Il s’agit d’une tentative de réislamisation du tissu social et politique de la population musulmane. Certains mouvements réclament une islamisation par le haut, c’est-à-dire au niveau des gouvernants; d’autres prêchent une islamisation par le bas, par l’intermédiaire des universités, des associations...»
Le journaliste a tenté, ensuite, de définir ou d’identifier les différents courants de pensée. Il a fait remarquer que «la République française n’est pas outillée pour parler avec les musulmans de France. A titre d’exemple, les juifs et les protestants ont leur consistoire, les catholiques leur église...» Sfeir a ajouté que «la communauté musulmane de France, qui compte aujourd’hui 4 à 5 millions d’individus, a connu un fort flux migratoire en provenance d’Algérie, notamment à partir des années 60. Elle n’a pas d’interlocuteur officiel; elle est également victime d’un certain nombre d’injustices: peu de cimetières français prévoient un carré pour les musulmans; l’armée, jusqu’à il y a quelques mois, ne fournissait pas de nourriture «halal» pour ses appelés musulmans...»
Antoine Sfeir est ensuite entré dans le vif du sujet, détaillant les six courants islamistes: cinq sunnites et un chiite. «Dans les courants sunnites, trois sont arabes», a-t-il indiqué. «Les Frères musulmans sont nés en Egypte à la fin des années 1920. Avec ce mouvement, on peut constater pour la première fois une organisation avec une méthodologie, une recherche et une large mobilisation». Le courant tunisien est dans la droite ligne du mouvement égyptien. «Il tente, cependant, d’adapter la religion à la modernité, soutenant que l’Occident a le droit d’avoir son propre courant islamiste». Le courant indo-pakistanais du «Tabligh» a adopté, pour sa part, «un discours de simplification». Ce courant est important dans la mesure où «c’est le premier à avoir été transnational». Le courant wahabite vient en droite ligne des écoles juridiques et bénéficie du soutien direct des pétrodollars. Le courant turc, «difficile à infiltrer, ne veut, à aucun prix, être confondu avec les autres courants». Enfin, le seul courant chiite est, pour sa part, «en perpétuelle évolution. Les portes de l’Ijtihad chez les chiites n’étant pas fermées, le chiisme connaît des conflits idéologiques qui le poussent à poursuivre son évolution».
Antoine Sfeir a tiré différentes conclusions du travail d’enquête qu’il a mené: «Les islamistes sont actifs, mais ils constituent une infinie minorité; leur arme c’est la rumeur». Il a constaté que «les Européens sont très sensibles au terrorisme. Mais le terrorisme relève du traitement judiciaire. En revanche, la multiplication des associations est plus dangereuse, car elles œuvrent contre l’intégration des immigrés musulmans dans la société. En France, un immigré intégré devient citoyen, il en a les droits et en assume les devoirs. Le drame, c’est que le pouvoir intégrateur de la République a connu quelques ratés, en raison notamment d’une méconnaissance de l’islam».
Répondant à une question, Antoine Sfeir a souligné que «les différents courants ne constituent pas les nombreux intermédiaires d’un même financier qui serait l’Arabie Séoudite». Les différences existent et sont fondamentales, même si le courant financier est séoudien.
Abordant le volet géopolitique, le journaliste a dit que les «Etats-Unis ont utilisé l’islamisme. Aussi bien comme rempart contre les communiste, que pour déstabiliser certains régimes».
A.G.
Antoine Sfeir a donné une conférence, salle Ernest Renan, sur «Les Réseaux d’Allah». Le phénomène des islamistes en Europe, Antoine Sfeir, journaliste —aujourd’hui directeur de la rédaction des «Cahiers de L’Orient», il a collaboré notamment au service des informations arabes et internationales de «L’Orient-Le Jour»— l’a disséqué lors d’une enquête menée pendant...