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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Lire en français et en musique 97 Place à la poésie avec vénus Khoury-Ghata et Jean Orizet (photos)

Un salon du livre serait incomplet sans une pause poésie. Celle-ci était au programme de «Lire en français et en musique 97». En effet, «poésies croisées» a opposé, hier, deux belles plumes de la poésie francophone: Vénus Khoury-Ghata et Jean Orizet.

C’est Vénus Khoury-Ghata qui a ouvert le feu de ce duel poétique, par «Poèmes pour ma mère», plongeant l’auditoire dans une atmosphère doucement familière. Jean Orizet a donné lecture d’un extrait de «Niveaux de survie», inondant la salle d’une bouffée d’air pur.
Comme à un match de tennis, l’on a pu assister à un bel échange entre les deux poètes. A la nostalgie de l’un répondait la légèreté aérienne de l’autre; aux descriptions morbides, les tirades satiriques; aux jeux de mots épurés, les constructions alambiquées... Cherchant à séparer l’homme de ses masques, Jean Orizet dit: «Dieu ayant inventé les oiseaux, l’homme inventa les cages; Dieu ayant inventé le ciel, l’homme inventa la terre et sa banlieue, l’enfer...»
Etudiant les maths à sa manière, Vénus Khoury-Ghata déclame: «La surface d’un automne est inversement proportionnelle à la hauteur de sa tristesse...»

Orizet, troubadour
des temps modernes...

Jean Orizet est poète, essayiste, nouvelliste. Il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages de prose et de poésie, parmi lesquels «Niveaux de vie», «Le voyageur absent», «Histoire de l’entre-temps», «La peau du monde»... et d’une dizaine d’anthologies.
Cheveux cotonneux, yeux d’un bleu délavé, Jean Orizet respire la poésie. Quand on l’interroge sur son métier de poète, il répond avec faconde, semblant ne jamais devoir se lasser de parler vers. «La poésie est vitale dans ma vie, depuis l’adolescence» souligne-t-il. «J’ai commencé à écrire j’avais entre 12 et 15 ans. Je n’ai jamais cessé depuis». Il constate que «la poésie, c’est un état d’esprit, une manière de regarder le monde. C’est différent d’une philosophie, c’est ce qu’on a de plus profond, de plus authentique».
Mais à l’instar de tout artiste, Jean Orizet a ressenti, à un moment, le besoin de partager, de publier ses vers. Largement saluée, son oeuvre est, aujourd’hui, traduite en 19 langues. Dans la «Nouvelle Revue Française», Alain Bosquet écrit que l’oeuvre d’Orizet a une facilité naturelle à dire les vertiges de notre temps... Cofondateur de la revue «Poésie», responsable aux éditions du Cherche Midi, Jean Orizet est président du PEN Club français, président de l’Académie Mallarmé, membre de nombreux jury... Il a obtenu en 1991 le Grand Prix de poésie de l’Académie française pour l’ensemble de son oeuvre. En 1993, la SACEM lui attribue le Grand Prix des poètes. La reconnaissance de ses paires est importante pour Orizet. «C’est, au premier stade, une sorte d’adoubement» dit-il. «Ensuite, quand on reçoit des témoignages, des lettres de gens qui ont apprécié, on est heureux».
Jean Orizet note une différence entre la prose et la poésie qui lui semble fondamentale. «Chacun peut s’approprier un poème. C’est un objet dans lequel on peut s’identifier, se reconnaître. Cela n’est pas le cas de la prose».
L’écriture est-elle le résultat d’un seul jet, spontané? «Il n’y a pas d’écriture d’un coup, c’est une idée plutôt folklorique», dit-il amusé. «L’écriture est quelque chose qu’on travaille». C’est du long terme dont «on n’est même pas sûr qu’il aboutisse», affirme-t-il. Sa technique, il note tout. «Ce sont des pense-bêtes, comme des points de repère qui me permettent ensuite de me remémorer telle ou telle sensation». Les sens en éveil, Jean Orizet dit être très sensible aux images et aux odeurs. «L’olfactif est un sens qui s’atrophie chez nos contemporains», remarque-t-il.
Jean Orizet est enchanté de son séjour beyrouthin. «Je connaissais Beyrouth à travers les nombreux amis libanais. Mais c’est différent maintenant que j’y suis. On ne peut s’empêcher de penser à toutes ces horreurs passées». Quant à la poésie libanaise, Jean Orizet est familier de Vénus Khoury-Gata, de Nadia Tuéni, de Salah Stétié... «La poésie libanaise d’expression française est sans doute celle que je connais le mieux, en dehors de la poésie française»...

Vénus Khoury-Ghata:
à ma mère...

Paru il y a six mois aux Editions Actes Sud, «Anthologie personnelle» de Vénus Khoury-Ghata regroupe tous les recueils du poète, mais présente également 60 poèmes inédits. «J’y raconte ma mère, une femme simple qui a été arrachée à son village du nord-Liban et qui n’a jamais réussi à s’adapter à la ville», dit l’auteur avec un sourire nostalgique. «Si j’en parle aujourd’hui, c’est parce qu’elle n’est plus là; et j’ai honte de ne pas y avoir pensé plus tôt», poursuit-elle. «Elle était à la fois héroïque et candide, et j’en suis très fière. Si ma mère était simple, elle avait une ambition folle pour ses enfants. Elle nous a inculqué l’envie de savoir, la soif d’apprendre». «Il n’y a que la culture et les connaissances qui peuvent hisser un être humain au-dessus des autres», disait-elle...».
«Ma poésie n’est pas abstraite», ajoute Vénus Khoury-Ghata. «Comme la poésie arabe, elle raconte des histoires». De jolies histoires au souffle d’enfant, pleines d’humour et de pure fraîcheur...
Au Beirut Hall hier, l’auteur a donné sa 27e lecture de poèmes d’«Anthologie personnelle». Pô, Ajaccio, Barcelone... avant Beyrouth, elle s’est arrêtée dans 27 pays, donnant des lectures dans des universités et des centres culturels...

A.G.
Un salon du livre serait incomplet sans une pause poésie. Celle-ci était au programme de «Lire en français et en musique 97». En effet, «poésies croisées» a opposé, hier, deux belles plumes de la poésie francophone: Vénus Khoury-Ghata et Jean Orizet.C’est Vénus Khoury-Ghata qui a ouvert le feu de ce duel poétique, par «Poèmes pour ma mère», plongeant l’auditoire dans une...