Aram 1er proteste contre une requête de la Turquie à l'Unesco

Le catholicos de Cilicie, Aram Ier, a adressé une lettre au directeur général de l’UNESCO, M. Frederico Mayor, pour protester contre la requête de la Turquie qui demande que l’UNESCO soit associée au 700è anniversaire de la fondation de l’Empire Ottoman.
Voici le texte intégral du message adressé au responsable de l’UNESCO:
«Nous avons appris que le Comité Exécutif de l’UNESCO discutera au cours de sa session d’octobre 1997 la liste des anniversaires officiels à célébrer en 1998-1999.
C’est avec désarroi que nous avons découvert dans le document 151/EX/ que l’ordre du jour comportait une requête du représentant permanent de la Turquie qui demande que l’UNESCO soit associée au 700è anniversaire de la fondation de l’Empire Ottoman.
En ma qualité de catholicos (patriarche) de l’Eglise Arménienne — catholicossat de Cilicie — je ne peux m’empêcher d’exprimer mon indignation qu’une organisation non-gouvernementale aussi noble que l’UNESCO puisse considérer que «cet anniversaire d’un événement historique» soit conforme aux critères stipulés par son Exécutif lors de sa 132e session.
Notre catholicossat séculaire avait son siège à Sis, capitale du Royaume arménien de Cilicie. Il vit aujourd’hui en exil et ce, depuis 1921 lorsque ses biens furent confisqués. La chaîne de violence et d’atrocités qui avait été inaugurée par «la remarquable administration» et «le système politique» de l’Empire Ottoman, aboutit à «la solution finale», la totale élimination de la Nation arménienne.
Il est connu que la caractéristique du système politique et administratif de l’Empire Ottoman était la discrimination religieuse et social. Des siècles durant il imposa sa suprématie par l’oppression traduite par le massacre, la déportation de ses sujets de seconde classe, atrocités qui aboutirent à la destruction partielle ou totale de plusieurs cultures ethniques nationales. Nous ne doutons pas que vous savez que la documentation des atrocités ottomanes comporte non seulement les témoignages des victimes mais aussi les écrits de nombreux intellectuels, historiens et personnalités politiques qui ne purent garder le silence et qui témoignèrent auprès de leurs gouvernements des actions de la «grande puissance».
Par son association à la commémoration du Septième centenaire de la fondation de l’Empire Ottoman, l’UNESCO exprimera son approbation quant aux tentatives turques d’une réécriture de leur histoire. Nous sommes convaincus qu’un tel appui préparera la voie à d’autres révisionnistes de l’histoire des régimes totalitariens plus récents».