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Actualités - ANALYSE

Pour une présence syrienne bénéfique au Liban

Quand, à l’occasion d’une audience accordée à une délégation de jeunes suisses, le cardinal Nasrallah Sfeir s’était plaint de la présence pesante de 40 000 soldats syriens au Liban, les personnalités politiques «jalouses» du maintien de la paix civile avaient accusé le patriarche maronite de violer l’accord de Taëf, et n’avaient pas manqué de souligner une fois de plus l’importance et la nécessité de la présence militaire syrienne dans le pays.
En revanche, lorsque, de retour du Vatican, le prélat maronite a réclamé le retrait de toutes les armées étrangères du Liban en commençant par les troupes israéliennes, nul ne s’est félicité de cette prise de position qui, pourtant, aurait pu être considérée comme une porte ouverte à un dialogue constructif concernant la présence syrienne.
Selon certains observateurs, si Mgr Sfeir a cessé de réclamer le redéploiement des forces de Damas conformément à l’accord de Taëf, c’est parce qu’il a sans doute réalisé que là n’était plus l’objectif essentiel, étant donné les bouleversements régionaux dus à l’intransigeance israélienne manifestée à l’égard du processus de paix. Il s’agit donc aujourd’hui de définir le rôle de la présence syrienne au Liban.
Les observateurs susmentionnés estiment dans ce cadre qu’il incombe à Damas de se situer à égale distance de toutes les parties libanaises de manière à ce qu’aucune d’entre elles ne tente d’imposer son hégémonie à l’autre. Et pour cause: celle-ci n’en ressentirait que crainte et frustration et nourrirait naturellement une hostilité à l’égard des troupes syriennes elles-mêmes. Un dialogue libre et ouvert est donc indispensable en vue de déterminer le rôle de ces forces dans le pays du moment qu’il y a pratiquement un consensus sur la nécessité d’un retrait israélien qui précèderait le retrait syrien.

Sécurité et
paix civile

D’aucuns estiment à ce propos que Damas devrait veiller à la sécurité nationale et à la paix civile au Liban en épaulant l’armée libanaise, lorsqu’il le faut, dans les régions qui connaîtraient des troubles. Suivant cette logique, les troupes syriennes seraient notamment responsables de l’élimination de tous les éléments perturbateurs qui représentent une menace pour la stabilité du pays. Grosso modo, après le retrait des 40.000 soldats syriens du Liban, les forces de sécurité locales ne devraient plus avoir besoin de l’aide d’une puissance étrangère pour maintenir l’ordre sur le territoire.
En revanche, d’autres voudraient exploiter la présence syrienne dans le but d’affermir leur hégémonie. Ceux-là réclament à cor et à cri le maintien indéfini des troupes syriennes dans le pays, non par souci de la paix civile, mais parce qu’ils veulent conserver leur rôle et leur influence à n’importe quel prix. Ces mêmes parties avaient exploité dans le temps la présence palestinienne armée au Liban. Aussitôt après l’évacuation de l’OLP du pays, elles se sont mises à la recherche d’une nouvelle puissance influente qui défendrait leurs intérêts...
Or ce n’est pas en se rapprochant de ces factions que Damas réussira à bâtir des relations durables et cordiales avec le peuple libanais. Pour ce faire, en effet, la Syrie devrait laisser une bonne impression d’elle-même dans l’esprit de tous les Libanais, sans exception.

E.K.
Quand, à l’occasion d’une audience accordée à une délégation de jeunes suisses, le cardinal Nasrallah Sfeir s’était plaint de la présence pesante de 40 000 soldats syriens au Liban, les personnalités politiques «jalouses» du maintien de la paix civile avaient accusé le patriarche maronite de violer l’accord de Taëf, et n’avaient pas manqué de souligner une fois de plus ...