Le fils du Che depuis hier au Liban

Ernesto Ernesto Guevara, le fils du CHE, est au Liban depuis hier. Devant des dizaines de jeunes gens brandissant à l’extérieur de l’Aéroport international de Beyrouth (AIB) des portraits de son père, ou portant des tee-shirts à l’effigie de celui qui a incarné pour toute une génération le révolutionnaire pur, le jeune Ernesto (32 ans) a déclaré que sa visite au Liban intervient en signe de solidarité «avec la lutte de ce peuple contre les forces colonialistes et les occupants».
Invité par le Comité de soutien aux détenus libanais dans les prisons israéliennes, Ernesto Guevara passera six jours au Liban. Il sera reçu par les trois présidents et participera dans différentes régions du pays à de nombreuses manifestations de solidarité avec les Libanais détenus par l’armée israélienne.
L’avion de la MEA en provenance de Paris et à bord duquel voyageait Guevara était attendu à Beyrouth à 19h30. Mais une heure avant l’atterrissage, le salon d’honneur de l’AIB grouillait déjà de journalistes. La conversation tournait autour du «mythe du Che» et sur le soudain intérêt de la presse occidentale pour le «révolutionnaire héroïque». Depuis plusieurs semaines, des journaux et des revues français, américains et d’autres pays consacrent des colonnes entières ou des couvertures au compagnon de Fidel Castro qui a préféré en 1967 la jungle bolivienne au faste des salons du ministère de l’Industrie cubain qu’il a dirigé pendant quelques années après la révolution. Le fils ressemble-t-il à son père? A-t-il le même physique imposant? Exerce-t-il le même charme sur son entourage?
L’avion atterrit avec un quart d’heure de retard. Les journalistes se pressent devant l’entrée du salon. De la limousine noire du protocole de l’AIB, descend un jeune homme à la simplicité frappante. Une certaine déception se lit sur les visages. Ce n’est pas le fantôme du Che qui avance d’un pas sûr. Où est le légendaire cigare? Où sont les célèbres mèches folles balayées par le vent? Où est le béret avec l’étoile? Ernesto le fils est en pantalon et veste jeans. Il porte aux pieds des «boots» un peu démodés. Il n’a pas l’air fatigué par son long voyage qu’il a entamé au lendemain de la mise en terre des ossements de son père à Santa Clara.
Cheveux courts, barbichette taillée avec soin, Ernesto a le physique type des millions de latino-américains. Mais ses yeux perçants rappellent ceux de son père. On peut y voir l’intelligence et la détermination de celui qui a hanté l’esprit de la CIA pendant plus de dix ans. Ce regard infini que le Che a gardé même après son assassinat.
Accueilli par l’ambassadeur de Cuba, Roberto Blanco Dominguez, par les responsables de la chancellerie et par le secrétaire général du Comité de soutien, Mohammed Safa, Ernesto se dirige vers le salon d’honneur. D’une voix puissante, il exprime sa solidarité avec le peuple libanais dans sa lutte contre l’occupant israélien et fustige la politique américaine dans la région. «Comme au Liban, une partie des terres cubaines est occupée par les impérialistes américains. Nous comprenons vos sentiments», dit-il. «Oui c’est vrai, les mouvements de libération ont été affaiblis, a-t-il ajouté. Mais ils existent toujours et vont se renforcer».
Une clameur s’élève de l’extérieur. Des dizaines de jeunes gens rassemblés sur la route de l’AIB crient le nom de Guevara. Brandissant les drapeaux rouges et des portraits du Che, la petite foule est enfin autorisée à se rapprocher de l’entrée du salon. A coups de coudes, une jeune fille vêtue d’un tee-shirt à l’effigie du légendaire révolutionnaire se fraye un chemin: «Il est très simple», se contente-t-elle de dire avec un regard admiratif.