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Actualités - REPORTAGE

Théâtre En septembre, une grande rencontre signée Pascale Féghali Quatre pièces locales, une française, deux installations, une vidéo : Cibler jeune, viser haut ... (photos)

Du 5 au 15 septembre, un festival du théâtre, tout simplement appelé «Ayloul». Une idée plus originale qu’il n’y paraît à première vue. Il s’agit plus de donner sa chance à un théâtre jeune, de le vivifier que de «dévider» une série de spectacles… Une idée de Pascale Féghali, 28 ans, productrice-programmatrice-organisatrice, toutes fonctions de coulisses aussi indispensables que discrètes.

C’est en juillet 96, après le festival d’Avignon qu’une petite lampe s’allume dans sa tête. «Je veux rassembler des artistes qui sont à la recherche d’un nouveau langage théâtral. Le but de cette rencontre, faciliter les échanges, créer des liens entre acteurs, metteurs en scène libanais et jeunes créateurs européens», dit-elle. «Et, pourquoi pas, créer ainsi un nouveau mouvement artistique», rêve-t-elle tout haut…
Côté expérience, Pascale Féghali a été coordinatrice au Théâtre de Beyrouth. Puis sur RFI/Radio-Liban, elle a préparé et animé une émission sur le théâtre. Enfin, à l’IESAV, elle enseigne la «sociologie du théâtre».
Elle reconnaît que le terme de festival n’est pas très approprié pour une manifestation qui «n’est pas représentative du théâtre libanais mais d’un certain style de création dit expérimental ou de recherche».
Le programme se déroulera simultanément dans différentes salles de Beyrouth pendant six jours. Quatre pièces libanaises, une pièce française, un film vidéo. Et deux «installations», terme qui couvre une vraie-fausse expo d’objets variés qui peuvent être mis en mouvement ou évoluer dans le cadre d’une sorte de happening. On dit aussi. «Les projets ont», indique Pascale Féghali, «en commun d’inciter à réfléchir sur les problèmes de notre société et les questions existentielles».
La programmation est originale: «chaque pièce se jouera un jour sur deux. Tous les soirs nous donnerons deux pièces. Ce qui fait que chaque production aura cinq représentations». Autre nouveauté, «des débats-rencontres seront organisés avec les metteurs en scènes et les acteurs. Nous choisirons un modérateur jeune».
Parallèlement, et à l’instar de ce qui se passe dans les festivals internationaux, différents réseaux de professionnels seront présents à Beyrouth, pour l’occasion. Ces filières qui se tissent autour de manifestations culturelles permettent de se tenir au courant de ce qui se passe ailleurs, de créer et de développer des liens… Selon Pascale Féghali, «de nombreux professionnels ont exprimé le souhait de venir, à titre individuel: directeurs de grands théâtres européens, canadiens et même australiens».

Le programme

Le programme se présente comme suit:
— «Al-Jidar» de Siham Nasser, Théâtre de Beyrouth. «Siham Nasser s’est inspirée de plusieurs textes de Beckett pour parler d’une femme qui tente de se relever. Il y a, notamment, le parallèle entre la femme et la ville Beyrouth…».
— «Pop corn — the last lebanese movie» de Fadi Abou Khalil, Irwin Hall, LAU. «Fadi Abou Khalil a choisi de narrer l’histoire du décalage qui est né entre deux hommes et une femme liés par une amitié d’adolescents et séparés par la guerre et l’exil…»
— «Extension 19» de Rabih Mroué, Université Libanaise, Raouché. «Les quatre personnages de Rabih Mroué portent plainte au commissariat de Beyrouth. Ils déposent devant une caméra… C’est alors un rapport tragi-comique à la machine mais surtout à eux-mêmes…».
— «Ovrira» de Lina Saneh, Centre culturel russe, Verdun. «Le metteur en scène travaille avec ses acteurs sur l’improvisation. L’homme et l’incommunicabilité…».
— La création française, ««Exécuteur 14» (théâtre al-Madina) est l’œuvre d’Adel Hakim, un Egyptien qui a vécu au Liban avant de s’installer en France. C’est l’histoire d’un homme qui raconte ses souvenirs: pacifique à l’origine, il a été entraîné et impliqué dans la guerre. J’ai voulu qu’il y ait une création étrangère pour ouvrir «Ayloul» à quelque chose d’autre. Mais le sujet est en droite ligne avec les productions locales».
— Les «installations», «Les derniers jours de l’été», Goethe, Manara et «Perception de Beyrouth» Galerie Agial, Hamra, sont signées respectivement Walid Sadek et Amal Saadé.
— Le film vidéo «Fictions sur Beyrouth» d’Akram Zaatari sera projeté au Centre culturel français. «Beyrouth vue à travers différentes reconstitutions de crimes qui ont réellement eu lieu»…

Galère côté
finances

Pour faire les choses légalement, Pascale Féghali a inscrit «Ayloul» comme une association dotée d’un conseil de cinq membres: May Masri, cinéaste de documentaires; Akram Zaatari, cinéaste; Roger Moukarzel, photographe; Barbara Kassir, Goethe Institut et Zeina Arida, Centre culturel français. Pour cette première année, c’est Pascale seule, qui s’est occupée de la programmation. Elle a accompli un travail impressionnant: en amont avec les artistes et en aval avec les professionnels. «Je travaille en étroite collaboration avec les artistes. Ils ont été tous très enthousiastes à l’idée de participer. Par ailleurs, j’ai bénéficié du soutien et des conseils de la codirectrice du «Kunsten Festival des arts» de Bruxelles, Mme Fryeleysen. Ce festival est connu pour sa rigueur et la qualité des pièces qui y sont présentées. Mais c’est également une manifestation avant-gardiste. Grâce à Mme Fryeleysen, j’ai pu obtenir une aide à la production de la CEE d’un montant de 60.000 dollars». Et Pascale Féghali d’avouer: «Organiser une manifestation c’est galère côté financier». Mis à part la Communauté européenne, l’Association française d’action artistique (AFAA) a débloqué une aide technique: «elle a envoyé deux éclairagistes», dit Pascale Féghali. «Les pièces de théâtre perdent beaucoup en qualité sans un bon éclairage. L’éclairagiste travaille sur l’inconscient des gens avec des lumières étudiées, sans violence ni vulgarité. C’est un métier qui existe depuis une vingtaine d’années et qu’on ne trouve pas encore au Liban». L’AFAA prend également à sa charge la production de la création théâtrale française.
Sur le plan local, le ministère de la Culture et de l’Enseignement supérieur y a mis du sien. «Mais bien sûr, tout nouveau sponsor est le bienvenu», lance Pascale Féghali, qui ajoute avoir besoin de «jeunes volontaires, étudiants par exemple, pour donner un coup de main…». A bon entendeur, salut.

Aline GEMAYEL
Du 5 au 15 septembre, un festival du théâtre, tout simplement appelé «Ayloul». Une idée plus originale qu’il n’y paraît à première vue. Il s’agit plus de donner sa chance à un théâtre jeune, de le vivifier que de «dévider» une série de spectacles… Une idée de Pascale Féghali, 28 ans, productrice-programmatrice-organisatrice, toutes fonctions de coulisses aussi...