La photo de l’année est signée Francesco Zizola. On y voit trois enfants. Au premier plan, une fille qui protège de ses bras une poupée esquintée; à sa gauche, un garçon à béquille qui a perdu une jambe, victime d’une mine antipersonnelle; à sa droite, une fillette effrayée qui se couvre le visage... et tout au fond, un mur criblé d’éclats d’obus ou de balles.
Une image en noir et blanc...
Les autres photos sont classées par catégories: spots d’actualité, personnages, sport, vie quotidienne, nature et environnement, arts, scienne et technologie, information générale... Les photos exposées n’ont pas forcément reçu un prix. Mais elles ont toutes le mérite d’apporter «à notre vie des expériences que nous ne pourrions jamais vivre nous-mêmes», note Neil Burgess, président du jury 1997 dans son avant-propos, «avec une intensité et une clarté de perception pouvant modifier notre compréhension du monde — et parfois même de notre vie».
Avril 96...
Le Libanais Karim Daher, premier prix photos simples, résume dans son cliché toute la cruauté des évènements d’avril 96: des secouristes tirent un homme mort de sous les décombres de sa maison pilonnée lors de l’opération israélienne, «raisins de la colère». Sur le visage du malheureux, une dernière, une effroyable expression de surprise et d’effroi...
Toujours dans la catégorie actualité: Corinne Dufka photographie la violence aveugle qui embrase les rues de Monrovia, Libéria: une scène de meurtre à l’arme blanche; une exécution à bout portant...
Le prix «World press photo des enfants», instauré en 1983, a couronné les émouvantes vues signées John McConnico, du sauvetage d’un bébé lors du terrible ouragan qui s’était abattu sur Porto Rico.
Dans un tout autre registre, la sportive Gail Devers pose pour une photo de Joseph McNally. Des biceps à faire pâlir de Jalousie les adeptes des salles de gym; des mains aux doigts surmontés d’ongles, de serres plutôt, «longuissimes», soigneusement manucurés...
Catégorie «vie quotidienne», c’est le Français Gilles Coulon qui décroche la timbale avec l’image d’une femme peule du Mali prise dans une tempête de sable. Dans l’attitude et l’expression de cette malienne on peut lire toute l’obstination qu’elle met à lutter pour sa survie.
Série «sports», une mention spéciale a été décernée à un cliché de Tim Clayton. Un canot soulevé par une vague se dresse à la verticale. A son bord, quatre rameurs s’échinent à maintenir l’équilibre. Une photo où le mouvement ne perd rien de sa netteté.
Mark Wilson deuxième prix, série nature et environnement a fixé un hibou sur la glace. L’objectif du photographe a surpris la bête alors qu’elle déployait ses ailes en un large éventail grisâtre. L’étendue neigeuse met en valeur la brillance jaune de ses yeux.
Les réfugiés du Rwanda refont le chemin en sens inverse. Cette impressionnante marée humaine a été prise sur pellicule par Yunghi Kim. Premier prix de la série «information générale».
L’exposition du «World press photo», impressionnante — forcément toute pellicule est impressionnée — se poursuivra jusqu’au 31 août.
Aline GEMAYEL
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