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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Séminaire économique : la méfiance à l'ordre du jour...

Certains «partenaires sociaux» invités au séminaire économique du président Rafic Hariri en sortent plus méfiants que jamais. «Nous avons posé d’entrée de jeu beaucoup de questions et quelques jalons-tests, pour savoir où tout cela doit mener. On nous a laissé entendre, comme si cela devait nous rassurer, qu’il n’y a pas de plan préconçu et que la concertation élargie a justement pour but d’en tracer les grandes lignes. C’est inquiétant en réalité. Car un gouvernement digne de ce nom, comme cela s’est fait en France et en Espagne pour l’éducation ou pour la Sécu, établit un plan, dresse une politique puis la propose aux parties concernées et en discute avec elles. Nous avons donc la triple et trouble impression ici que le gouvernement ne sait pas ce qu’il veut, qu’il cherche à noyer le poisson, et à nous refiler la patate chaude. Soit nous lui trouvons une solution et il s’en attribue le mérite; soit nous n’y parvenons pas et il nous en impute la responsabilité...».
«Cependant l’initiative de M. Hariri prouve qu’il réalise enfin que le pays traverse une crise socio-économique sérieuse. La «révolte des affamés» de cheikh Toufayli lui a donné probablement à réfléchir et il commence peut-être à se douter que la méthode Siniora, pressurer systématiquement le contribuable moyen, n’est pas la bonne. Cela dit, enchaînent ces économistes, ce séminaire vient trop tard. On aurait dû procéder à une concertation de la sorte d’entrée de jeu, sinon dès l’arrivée au pouvoir de M. Hariri en 1992 du moins quand il s’est confirmé, avec l’avènement du Likoud en Israël, qu’il fallait tirer un trait sur une stratégie de redressement toute entière basée sur le pari d’une paix rapide dans la région. Ainsi, sept mois après le fameux forum des «Amis du Liban» tenu à Washington le 16 décembre 1996, aucun des trente donateurs potentiels qui, ensemble, devaient nous assurer un viatique de 3 milliards de dollars n’a fait mine de porter la main à la poche. Au contraire, beaucoup d’entre eux ont clairement fait savoir qu’ils se dédisent et qu’il ne faut plus compter sur eux, en tout cas pas avant que la paix dans la région soit conclue. Or, non seulement le gouvernement n’a pas tiré la sonnette d’alarme quand il a appris ces mauvaises nouvelles, non seulement il n’a pas sonné le tocsin et battu notre rappel comme il le fait maintenant, mais encore il a jeté de l’huile sur le feu avec son histoire de surtaxe douanière sur les voitures et son embargo sur les produits agroalimentaires, soi-disant pour protéger l’agriculture locale dont le principal problème, sinon le seul, est en fait la contrebande et non pas la concurrence des denrées régulièrement importées... C’est à ce moment que la flambée des prix a démarré. Et elle se double d’un endettement public terriblement élevé, 11 milliards de dollars, alors qu’il n’y en avait que deux en 1992 lors de l’avènement de M. Hariri. Dans ces conditions, nous ne voyons pas ce que le secteur privé, dont nous faisons partie , peut proposer comme traitement, à moins que le but de M. Hariri ne soit de nous demander de renflouer le Trésor, accablé par ses créances mais aussi par le gaspillage, la gabegie comme par le coût résiduel d’un plan décennal qui tantôt va et tantôt se trouve stoppé et qui est évalué lui aussi à 11 milliards de dollars...». Ces sources répètent donc que, «sur le plan pratique, tout ce qu’on peut attendre du séminaire économique c’est un diagnostic et c’est inutile car toutes les causes, les syndromes et les symptômes du mal sont répertoriés en détail depuis longtemps. Nous serions cependant contents si le séminaire n’était en réalité qu’un prétexte commode utilisé par le gouvernement pour changer de cap sur le plan économique sans perdre la face et sans se désavouer. Mais nous n’en sommes pas du tout sûrs. Non seulement le président Hariri répète, aujourd’hui plus que jamais, qu’il tient à sa politique économique mais aussi, il faut bien le reconnaître, sans cette ligne qu’il est seul à pouvoir faire suivre au pays, sa présence au pouvoir ne se justifierait tout simplement plus et on pourrait facilement le remplacer... En tout cas, concluent ces sources, personne n’y peut grand chose tant que le déficit budgétaire, annoncé à 37% et qui dépasse déjà les 55%, continue à se creuser. Et là, seuls M. Hariri et son équipe sont responsables.»

Ph. A-A.
Certains «partenaires sociaux» invités au séminaire économique du président Rafic Hariri en sortent plus méfiants que jamais. «Nous avons posé d’entrée de jeu beaucoup de questions et quelques jalons-tests, pour savoir où tout cela doit mener. On nous a laissé entendre, comme si cela devait nous rassurer, qu’il n’y a pas de plan préconçu et que la concertation élargie a...