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Actualités - ANALYSE

La crise socio-économique attisée par le blocage régional

A Beyrouth, les observateurs s’accordent sur un point: le blocage régional, la tension au Sud comptent parmi les causes principales des présentes difficultés socio-économiques que traverse le pays. Maillon faible de la chaîne, le Liban pâtit de l’arrêt du processus Baker beaucoup plus que les autres Etats concernés, pour la simple raison qu’au bout de 17 années de guerre domestique il a un besoin urgent d’aides et de capitaux pour se redresser, apport bloqué par la suspension des négociations de paix.
«Il faut, dit une personnalité fataliste, prendre son mal en patience, supporter les effets de l’occupation israélienne en attendant la libération par la conclusion d’une paix globale qui, du même coup, libérerait notre économie de la gangue qui l’étouffe et mettrait fin aux épreuves qu’endure la population. Il est évident en effet que, tant qu’un arrangement définitif n’est pas mis en place sur le plan régional, les investisseurs, les capitaux ne vont pas affluer et les assistances étrangères resteront limitées à des questions de ravitaillement ou d’urgences humanitaires, sans se porter sur des projets de redressement. Du fait de ce marasme économique, la production se ralentit et le chômage augmente...».

Des mécanismes vivaces

«Mais, enchaîne cette source, il ne faut pas désespérer. Cela aurait pu être pire. En effet, au bout de 17 années de guerre domestique et d’attaques israéliennes qui ont détruit l’infrastructure et paralysé toute activité dans tous les secteurs en privant l’Etat de toute ressource, on aurait pu penser que notre économie serait totalement à terre... Mais non, elle a résisté, en gardant des mécanismes assez vivaces pour redémarrer vaille que vaille dès que la paix civile est revenue, ce qui est presque un miracle. Les capitaux ne veulent pas se présenter tant qu’Israël occupe le Sud, facteur qui rend la situation au Liban trop aléatoire et le risque d’investissement trop élevé. Les crispations actuelles sont du reste une parfaite illustration de cette logique. On voit ainsi Israël et Lahd s’opposer à la réouverture de la voie de jonction de Kfarfalous qui permettrait à la région de Jezzine de mieux respirer rien que pour prouver qu’il faut à toute occasion en passer par leurs conditions. Or, il n’est évidemment pas question pour les autorités locales d’accepter de tels diktats ni même de dialoguer avec l’occupant et ses suppôts. D’ailleurs, sur le plan pratique, le gouvernement de Beyrouth ne pourrait pas accepter de déployer son armée dans la région de Jezzine si la condition devait être qu’elle aurait pour mission de neutraliser la résistance active à l’occupation. Il ne peut pas non plus accepter les solutions proposées pour régler le sort des hommes de Lahd qui, de l’avis des Israéliens, devraient être intégrés, après le retrait, aux forces régulières libanaises et bénéficier ainsi de l’arrangement inventé en 1990 pour les membres des autres milices locales. Cette seule éventualité si elle était sérieusement évoquée risquerait de provoquer des conflits aigus entre gens du pouvoir, entre ministres, députés et autres pôles d’influence...».

La résistance

«Les politiciens libanais, poursuit cette source, s’empoigneraient également au sujet de l’arrêt des actions de la résistance parallèlement exigé, ne serait-ce que dans la région de Jezzine comme condition préalable au retrait partiel israélien. Les autorités locales ont donc bien raison de ne pas prêter l’oreille à des propositions israéliennes qui sont de toute évidence piégées. Comme les Israéliens de leur côté refusent tout déploiement de l’armée libanaise si leurs conditions ne sont pas satisfaites, il n’y a pas moyen de progresser, on est dans l’impasse et il faut attendre dès lors que la situation globale sur le plan régional commence à se débloquer pour chercher à faire évoluer positivement le dossier du Sud et celui de Jezzine. D’ici là, conclut cette source, il est probable que malgré la détermination qu’ils affichent, nos responsables ne pourront pas faire rouvrir effectivement la voie de passage de Kfarfalous. Et il y a donc à craindre que dans les prochaines semaines la région - test de Jezzine ne connaisse une nouvelle escalade de la violence...».

Des idées d’arrangement

Confirmant globalement ce point de vue, un diplomate européen ne s’attend à rien pour le Sud avant la fin de l’année en cours, et encore qu’à condition qu’on ait pu faire redémarrer auparavant l’application des accords israélo-palestiniens d’Oslo... Il ajoute qu’il existe cependant quelques idées d’arrangement qui peuvent se résumer comme suit:
— Déploiement de l’armée libanaise dans la zone FINUL.
— Progression de l’armée libanaise en direction de la frontière, en commençant par la région de Jezzine au fur et à mesure que les Casques bleus se retireraient, pour occuper leurs positions.
— Formation d’une nouvelle force multinationale ayant pour mission de superviser le retrait israélien par étapes.
— Après la libération du Sud et de la Békaa-Ouest, le gouvernement libanais s’engagerait formellement à ce qu’aucune action ne soit menée contre Israël à partir du territoire national et, comme l’a dit le président Elias Hraoui, qu’aucune balle ne soit tirée sur la Galilée.
Mais que ferait-on de Lahd et, pendant la phase transitoire, que ferait la résistance, poursuivrait-elle ses opérations? Ce sont des questions auxquelles personnes pour le moment n’a de réponse. Comme personne, à l’intérieur, ne semble avoir de vraie solution à la crise socio-économique.

E. K.
A Beyrouth, les observateurs s’accordent sur un point: le blocage régional, la tension au Sud comptent parmi les causes principales des présentes difficultés socio-économiques que traverse le pays. Maillon faible de la chaîne, le Liban pâtit de l’arrêt du processus Baker beaucoup plus que les autres Etats concernés, pour la simple raison qu’au bout de 17 années de guerre domestique...