Israël projette de détruire 150 maisons palestiniennes à Jérusalem

Israël envisage de détruire à partir d’octobre quelque 150 maisons palestiniennes érigées sans permis dans le secteur oriental arabe annexé de Jérusalem, a affirmé hier le mouvement pacifiste israélien Ir Shalem.
«Cette campagne prévue par le maire de Jérusalem, Ehud Olmert, risque de compromettre fatalement la coexistence judéo-arabe», a affirmé dans une conférence de presse à Jérusalem M. Mordehaï Bar-On, un responsable de ce mouvement voué au maintien du pluralisme dans la Ville sainte.«M. Olmert a déjà provoqué de sanglants affrontements israélo-palestiniens en soutenant l’ouverture contestée en septembre 1996 d’un tunnel souterrain près de l’Esplanade des mosquées. Il a en outre conduit le processus de paix dans un cul de sac en lançant en mars le chantier du quartier juif de Har Homa à Jérusalem-Est», a-t-il poursuivi.
Selon son entourage, le premier ministre Benjamin Netanyahu veut cependant limiter l’ampleur de cette campagne pour ne pas gêner les efforts de relance des pourparlers avec l’Autorité palestinienne gelés depuis mars.
Un rapport de la municipalité de Jérusalem indique que 800 maisons ont été bâties sans permis dans neuf localités arabes de Jérusalem-Est en dix mois. Au total 2.700 chantiers y ont été lancés sans permis, et 1.850 ajouts de construction (étages supplémentaires) y ont été réalisés, précise-t-il.
Depuis octobre dernier, les bulldozers israéliens n’étaient plus entrés en action pour stopper le phénomène. La destruction, la semaine dernière, d’une maison palestinienne dans le quartier arabe de Silwan a toutefois été perçue comme l’amorce d’une nouvelle politique.
Selon un avocat d’Ir Shalem, Me Danny Zeydman, «la municipalité de Jérusalem présente à dessein les chiffres de façon trompeuse. Selon ses propres statistiques, seules 771 infractions à la construction ont été constatées en trois ans et demi à Jérusalem-Est».
Il souligne en outre que celles-ci proviennent d’un problème véritable du logement chez les Palestiniens «et non d’incartades «de luxe»» telles que des fermetures de terrasses ou des extensions non autorisées de surfaces habitables le plus souvent notées chez leurs voisins juifs.
«Les Palestiniens qui représentent 30% de la population de Jérusalem n’ont commis en cinq ans que 11,71% des infractions à la réglementation locale sur la construction. Et pourtant 66,6% d’entre eux vivent à raison de deux personnes ou davantage par chambre, contre 12,5% chez les juifs», a indiqué Me Zeydman.
Selon lui, «les Palestiniens de Jérusalem sont confrontés au dilemme suivant: vivre dans des conditions de surpopulation, quitter la ville, construire sans permis, ou encore — très rarement — construire légalement».
Cette dernière option est en fait quasi théorique car seuls 7,1% de la superficie de Jérusalem-Est, qui est de 70,5 km2 au total, est affectée à la construction arabe. Les permis se limitent à des maisons d’un ou deux étages, et rares sont les Palestiniens capables de faire face aux dépenses puisque leur niveau de vie est en moyenne inférieur des deux-tiers à celui des Juifs qui bénéficient de prêts hypothécaires avantageux.
Jérusalem compte 600.000 habitants dont, dans le secteur oriental, 170.000 Palestiniens vivant aux côtés de 180.000 juifs. En 30 ans, 40.000 logements ont été construits dans dix quartiers juifs dans ce secteur, contre 600 seulement au profit des Palestiniens.
Israël considère l’ensemble de Jérusalem comme sa capitale, contre l’avis de la communauté internationale, alors que l’Autorité palestinienne veut faire du secteur oriental de la ville, la capitale de l’Etat auquel elle aspire. (AFP)