Certes, cette zone n’a jamais été bien traitée par l’Etat — et il est vrai que, de son côté, elle a rarement payé ses impôts et taxes — mais depuis la fermeture dimanche du dépotoir de Bourj Hammoud et l’incendie de l’incinérateur de Amroussiyé, il y a trois semaines, la situation y est devenue véritablement catastrophique. Si les rues — ou plutôt les ruelles — n’y ont jamais été très propres, elles sont aujourd’hui envahies par des montagnes d’ordures ménagères entre lesquelles les nombreux passants de ces quartiers surpeuplés doivent slalomer en permanence.
Selon le porte-parole de «Greenpeace», M. Fouad Hamdane, 600 tonnes de déchets sont produits par jour dans cette région et si l’on considère que, depuis trois jours au moins, elles ne sont plus ramassées, il y a désormais 1800 tonnes dans les rues surpeuplées. De quoi faire le bonheur des rats. Mais certainement pas celui de la population. Pourtant, cette situation honteuse n’a pas de solution dans l’immédiat, selon le ministre de l’Environnement. Dans une déclaration de presse hier, M. Akram Chehayeb, visiblement désolé, a rappelé qu’il avait prévu une telle catastrophe et qu’il avait établi un plan d’urgence, mais nul ne l’a pris en considération.
«L’incendie de l’incinérateur de Amroussiyé, a déclaré le ministre, la fermeture du dépotoir de Bourj Hammoud et le refus de Sukleen de ramasser les ordures de la banlieue-sud et de la banlieue est (Bourj Hammoud, Dora) car ses hommes y ont été agressés, ont provoqué cette situation désastreuse. Mais même si les ordures étaient ramassées, on ne saurait pas où les mettre, car aucun nouveau site n’a été désigné pour servir de dépotoir. Enfin, même si demain, ce terrain était trouvé, les déchets y seraient simplement entreposés et on ne saurait pas quoi en faire, car l’incinérateur de la Quarantaine ne peut absorber que 1100 tonnes par jour, quantité actuellement produite dans la capitale». C’est dire que la situation sur ce plan — et sur bien d’autres — est particulièrement bouchée. M. Chehayeb a annoncé qu’il allait évoquer ce sujet en Conseil des ministres, mais il a répété qu’il ne voyait pas de solution dans l’immédiat.
Les banlieues sud et est sont donc condamnées à cohabiter avec leurs ordures et tant pis pour la santé de leurs habitants. Quant à leur dignité, il a fallu l’oublier depuis longtemps.
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