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Actualités - CONFERENCES DE PRESSE

Quatre mois après l'oscar, Gabriel Yared à Beyrouth "je suis profondément libanais" (photo)

Le compositeur d’origine libanaise Gabriel Yared qui a décroché à Hollywood l’Oscar de la meilleure musique de film — catégorie dramatique — pour «The English Patient» est arrivé hier soir à Beyrouth, accompagné de son épouse et de sa fille. Invité par la commission parlementaire de l’Education nationale, Gabriel Yared a été accueilli à l’AIB par le député Bahia Hariri. A 47 ans, ce créateur prolifique à qui l’on doit des centaines de chansons et de musiques de films mais aussi des jingles et des publicités est devenu notre gloire nationale.
Pourtant rien n’a changé. Si ses cachets ont triplé, il continue à composer avec un souci de perfection et une exigence poussés. Et, directement, il vous communique sa passion pour la musique. «Plus on la fréquente, plus elle vous donne» déclare-t-il à son arrivée et de préciser que «The English Patient», qui a consacré son talent, n’a pas été directement inspiré par les images du désert et de l’Orient: «La veine est beaucoup plus animée par un souffle de l’intérieur que par un regard vers l’image. Non, je ne suis pas un homme d’images. L’inspiration m’est venue, avant le tournage, à la suie d’une discussion avec le réalisateur qui voulait une musique de tendance orientale, une musique dans l’esprit de Bach». En ce qui concerne ses racines libanaises, l’homme est transparent. «Je pense que je ne me cache pas dans ce que j’écris: il suffit d’écouter ce que je fais. En prêtant une oreille attentive à ma musique, on sait que je ne suis pas né suédois mais profondément libanais. Je suis profondément méditerranéen. J’ai acquis toutefois une certaine culture européenne pour pouvoir dire toutes ces choses...».
Quatre mois après la consécration, les propositions continuent à pleuvoir, «mais elles sont tout de suite canalisées par mon agent aux Etats-Unis qui sait très bien que je n’ai pas envie de faire n’importe quoi. Je refuse les films de violence, cela ne me concerne pas. Je suis intéressé par la production européenne financée par les Américains, et par des sujets de la facture des «Misérables» de Victor Hugo dont j’ai entamé la musique».

«Je suis ouvert aux cinéastes libanais»

Répondant à une question, Gabriel Yared devait rappeler sa collaboration avec Maroun Bagdadi dans «Les petites guerres» et «L’homme voilé». «S’il y a des cinéastes libanais qui sont intéressés à travailler avec moi, ils sont les bienvenus. Je suis ouvert à tous. A part Costa-Gavras et Godard, j’ai toujours travaillé avec des jeunes réalisateurs et des gens peu connus. Cela me fait toujours plaisir de coopérer avec des nouveaux venus. Donc, si les Libanais ont envie de travailler avec moi, ce n’est pas plus difficile que ça».
Pour les célébrations de l’an 2.000, l’Opéra de Paris a commandé à Gabriel Yared la musique d’un ballet avec Roland Petit. «C’est le plus grand projet que j’ai pour le moment. Vous voyez, je m’éloigne un peu du cinéma pour faire des choses qui sont un peu différentes mais qui rejoignent ce que j’ai toujours voulu faire, de la musique tout court», dit-il.
Gabriel Yared, a écrit des musiques pour les plus grands chanteurs (Johnny Halliday, Charles Aznavour, Gilbert Bécaud, Michel Jonasz...) et des musiques de films et pas des moindres (Camille Claudel, Sauve qui peut la vie, 37° le matin, La lune dans le caniveau, L’Amant...) mais sa composition préférée est celle de «The English Patient». «Cela vient de la relation formidable que j’ai eue avec le réalisateur Anthony Minghella. J’ai eu un plaisir fou à travailler sur ce film. Il n’y a pas de miracle: quand on aime quelqu’un on donne le meilleur de soi...».
Par ailleurs, Gabriel Yared avoue n’avoir découvert «les trésors» de la musique orientale — arabe qu’une fois installé en France, dans un livre intitulé «mou’tamar al mousiqua al arabia», écrit en 1932 au Caire. «Depuis, je me suis servi de ce que j’ai appris, dans «HANNA K» de Costa-Gavras, et «Adieu Bonaparte de Youssef Chahine...», indique-t-il.
Au cours de son séjour, le compositeur rencontrera les présidents Hraoui, Berry, et Hariri, rendra visite au conservatoire national et assistera à l’ouverture du festival de Baalbeck. Il quittera Beyrouth lundi prochain. «Oui, c’est très court, mais je reviendrai certainement».
Propos recueillis par
May MAKAREM
Le compositeur d’origine libanaise Gabriel Yared qui a décroché à Hollywood l’Oscar de la meilleure musique de film — catégorie dramatique — pour «The English Patient» est arrivé hier soir à Beyrouth, accompagné de son épouse et de sa fille. Invité par la commission parlementaire de l’Education nationale, Gabriel Yared a été accueilli à l’AIB par le député Bahia...