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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Industrie, agriculture, tourisme, sécurité sociale Promesses gouvernementales en série au séminaire économique Les recommandations seront rendues publiques aujourd'hui


Industrie, agriculture, tourisme, finances et politique sociale, tels sont les thèmes examinés hier lors de la deuxième journée du «séminaire économique» organisé à l’hôtel Coral Beach à Beyrouth à l’initiative du premier ministre. Dans le même temps, s’ouvrait à l’hôtel Commodore un colloque sur «les droits et les libertés des syndicats», au cours duquel les principaux détracteurs de M. Rafic Hariri sont revenus à la charge contre les orientations économiques et les pratiques du gouvernement.
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En marge de ces deux événements, le chef de la «Révolte des affamés», cheikh Sobhi Toufayli, a poursuivi sa campagne de mobilisation en vue du rassemblement revendicatif qu’il a prévu d’organiser le 31 août pour protester contre la crise socio-économique qui secoue le pays. Même fébrilité du côté de Rocheid el-Khazen, député du Kesrouan, qui a appelé la population à participer massivement à la rencontre de Maïrouba dimanche prochain pour exprimer son mécontentement (VOIR PAGES 3, 4 ET 5).
Les informations qui ont filtré du débat du Coral Beach — qui se tient à huis clos — montrent que les discussions entre le patronat, représenté par une quinzaine d’organismes économiques, et les membres du gouvernement — qui ont multiplié les promesses — étaient caractérisées par une sincérité peu coutumière. La langue de bois habituelle et la rhétorique destinée à la consommation interne ont cédé la place à un examen sérieux et approfondi de la situation actuelle dans le pays.
Au cours de la séance matinale qui s’est achevée à 14h, les questions relatives à l’industrie, au tourisme et à l’agriculture ont été examinées, alors que les dossiers épineux du déficit budgétaire et de la protection sociale des travailleurs ont été longuement évoqués lors de la séance nocturne qui a débuté à 19h et s’est terminée à 11h30. Les recommandations devraient être publiées aujourd’hui dans la matinée.

350 millions de dollars
par an dans
l’industrie

Le débat sur l’industrie a été lancé après la présentation par le ministre concerné, M. Nadim Salem, de son projet, dont l’idée principale est la création d’un haut comité de planification industrielle (présidé par le premier ministre). La discussion qui a suivi a porté sur la manière d’encourager le développement de ce secteur «qui est une décision stratégique du gouvernement», selon les propres termes de M. Hariri. Le ministre d’Etat chargé des Finances, M. Fouad Siniora, a souligné de son côté que les entreprises libanaises ont un devoir d’ajustement structurel et doivent ouvrir leurs capitaux.
M. Hariri qui se chargeait de faire la synthèse après les débats sur chaque chapitre a résumé les mesures que le gouvernement compte adopter pour promouvoir le développement de l’industrie:
— Exempter des tarifs douaniers les matières premières destinées à l’industrie.
— Accorder aux entreprises libanaises une marge supplémentaire de 15% dans les prix proposés lors des adjudications des projets.
— Encourager les circuits de financement pour le long terme destinés aux PME (petites et moyennes entreprises).
— Promouvoir l’enseignement technique et professionnel.
— Réactiver le Libnor (Institut libanais des mesures et des normes) qui sert à définir à l’industrie nationale des standards de qualité internationaux.
M. Hariri a affirmé que l’objectif du gouvernement est d’améliorer considérablement dans les dix prochaines années le taux de croissance industrielle et d’augmenter de 350 millions de dollars les capitaux investis tous les ans dans l’industrie.

Protéger les petits
agriculteurs

La politique du gouvernement jugée protectionniste dans le domaine de l’agriculture a suscité un vif débat entre les membres du gouvernement et les commerçants conduits par M. Adnane Kassar, président de la Chambre de commerce et d’industrie de Beyrouth.
M. Kassar a estimé que le principe du protectionnisme est en contradiction avec la nature du système libanais basé sur l’économie libre et «porte atteinte à l’image du Liban à l’étranger». M. Hariri est alors intervenu pour souligner que les récentes mesures du gouvernement ont été «dénaturées», rappelant que seul un nombre réduit de produits «qui font d’ailleurs partie du calendrier agricole» sont interdits à l’importation.
Le ministre concerné, M. Chaouki Fakhoury, a exposé son plan étalé sur 3 ans et qui permettrait à terme de redresser le secteur de l’agriculture. Ce plan qui jouit du soutien du premier ministre s’articule autour des points suivants:
— Renforcer la recherche scientifique.
— Orienter les agriculteurs vers les cultures adéquates.
— Commercialiser directement les produits agricoles à travers la création de marchés avec l’aide des municipalités.
— Créer des coopératives agricoles.
M. Hariri a déclaré que la Syrie est en mesure de fournir au marché libanais tous les produits agricoles dont il a besoin et à des prix compétitifs. «Mais cela conduirait à la faillite des agriculteurs libanais que nous devons protéger coûte que coûte bien que nous soyons conscients que le secteur agricole libanais ne sera jamais assez puissant et essentiel dans le pays», a-t-il dit. Selon lui, le soutien à l’agriculteur est un facteur primordial pour la stabilité sociale.

An 2000: Le Liban
un «ciel ouvert»

Le ministre du Tourisme, M. Nicolas Fattouche, a affirmé que l’objectif du gouvernement est de faire en sorte que le tourisme puisse représenter dans les prochaines années 20% du PIB.
M. Hariri a déclaré que, durant les mois d’août et de septembre, le Liban est un «ciel ouvert» (vol charter et sans limitation du nombre de liaisons) pour tous les pays du Conseil de coopération du golfe et qu’à partir du mois de juin de l’an 2000, cette politique sera étendue à la plupart des pays.
Concernant les constructions illégales sur la façade maritime du pays, le premier ministre a déclaré que cette question sera réglée en collaboration avec le Parlement, confirmant ainsi implicitement que la loi des infractions sur les biens maritimes pourrait être révisée.
La séance nocturne a été consacrée à la question de la protection sociale et au déficit budgétaire. Le premier ministre a déclaré qu’un séminaire sur la sécurité sociale sera organisé dans les deux prochaines semaines avec la participation de représentants du gouvernement, du patronat et des travailleurs, sans préciser si la branche de la CGTL présidée par M. Elias Abou Rizk sera invitée à prendre part à ce débat.
M. Hariri a déclaré que l’objectif du gouvernement est de développer le système de la sécurité sociale «conformément à la philosophie actuelle de la Caisse nationale de sécurité sociale», précisant d’une manière indirecte que le régime des indemnités de fin de service ne sera pas aboli pour être remplacé par la pension-retraite, projet défendu par le patronat.
La question du service de la dette a occupé une large part des débats en fin de soirée. A ce sujet, M. François Bassil, président de l’Association des banques, a rappelé que le service de cette dette représentait au 30 juin 97 près de 94% des recettes de l’Etat, l’Association a proposé une série de mesures basées sur les points suivants: améliorer la perception des taxes et élargir la base des imposables, ainsi que l’éventuelle révision du système de taxation. Les deux premiers points seront probablement inclus dans les recommandations qui seront publiées ce matin.
Industrie, agriculture, tourisme, finances et politique sociale, tels sont les thèmes examinés hier lors de la deuxième journée du «séminaire économique» organisé à l’hôtel Coral Beach à Beyrouth à l’initiative du premier ministre. Dans le même temps, s’ouvrait à l’hôtel Commodore un colloque sur «les droits et les libertés des syndicats», au cours duquel les principaux...