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Actualités - ANALYSE

Encore une fois le gouvernement en butte aux critiques... des ministres

On ne lit que cela dans la presse écrite, on n’entend que cela dans les médias audiovisuels: plus encore que le «cochon de payant», ce consommateur ou contribuable de base, les ministres se déchaînent contre les récentes décisions gouvernementales frappant d’interdit certaines importations agroalimentaires et surtaxant les voitures de tourisme privées. A se demander comment, devant si ferme, si large opposition, ces mesures ont pu être approuvées en conseil des ministres...
On ne saurait toutefois accuser les ministres de «démagogie facile»: ce n’est pas en effet à l’intérêt des gens qu’ils songent mais à la défense d’un «principe supérieur», en l’occurrence le libéralisme économique...
Leur collègue de l’Agriculture M. Chawki Fakhoury n’arrive donc pas à les convaincre, pas plus que ses fervents plaidoyers publics en faveur de la «protection de la production locale» ne semblent avoir touché l’opinion courante. Le tollé est tel que M. Fakhoury a dû déclarer que si l’opposition populaire et parlementaire se confirmait à ce niveau, il serait prêt à renoncer à son action. Ce serait d’autant plus méritoire, peut-on relever au passage, que la décision ne lui appartient pas et relève le cas échéant du Conseil de ministres. Ou plus exactement, car il faut être pratique, de M. Rafic Hariri qui orchestre les débats à sa guise... quand les décideurs n’interviennent pas dans un sens ou dans l’autre.
Toujours est-il que M. Fakhoury, pour en revenir à lui, a eu la surprise hier d’apprendre à travers ses contacts avec les industriels locaux de l’agroalimentaire que pour leur part ils sont opposés à la protection qu’il veut leur offrir! Et cela pour des raisons en rapport avec l’équation simple des vases communicants: si les importations sont interdites, les exportations en subiraient automatiquement le contre-coup; or, ce n’est pas sur un marché local trop exigu que ces fabricants peuvent faire... leur beurre. Autrement dit, et tout esprit phénicien le réalise d’instinct, en affaires, c’est toujours donnant-donnant et si l’on interdit le troc on risque de s’en retrouver Gros-Jean comme devant, tout interdit...
Il convient toutefois de noter que les membres du gouvernement, qui se disent prêts à se battre pour les libertés, précisent qu’il n’est pas question pour eux de jouer les frondeurs jusqu’au-boutistes, comme cela s’était vu lors du tout premier Cabinet Hariri. Echaudés par cette expérience passée qui avait débouché, avec l’aval des décideurs, sur l’élimination des contestataires dans le deuxième Cabinet du milliardaire, ils indiquent en substance qu’ils respectent «les décisions prises» mais s’efforceront «de les faire annuler ou amender par des propositions déterminées» qu’ils présenteront au Conseil des ministres. Une précision qui montre que ces responsables sont par dessus tout attachés à la continuité du service qu’ils assurent, autrement dit, qu’ils ne sont pas disposés à mettre leur portefeuille en jeu pour remporter la bataille de la libre économie...
On peut se demander de ce fait si la réfutation effective des dernières mesures ne viendrait pas plutôt des milieux populaires et parlementaires et non de l’intérieur même de l’Exécutif. Ainsi, au début des années soixante-dix, le gouvernement avait dû retirer le fameux décret 1943 de M. Elias Saba surtaxant certains produits importés...
Mais aujourd’hui, même du côté de la Place de l’Etoile, il n’est pas certain du tout que le premier élan d’opposition aux mesures annoncées garde sa vigueur. On relève en effet que, retour de Damas, le président de la commission des Affaires étrangères, M. Ali Khalil, en a convoqué les membres pour discuter, en présence des ministres de l’Economie et de l’Industrie... d’un projet de marché commun arabe! Lequel projet, disent certaines sources, ne serait pas sans rapport avec la brusque éruption dirigiste du gouvernement libanais. C’est ce qui expliquerait que les ministres techniques les plus directement concernés, à savoir M. Fouad Siniora pour les Finances, et M. Yassine Jaber pour l’Economie-Commerce, après avoir protesté en Conseil des ministres contre des mesures qui portent atteinte au système libanais, ont fini par les voter...
Ph. A.-A.
On ne lit que cela dans la presse écrite, on n’entend que cela dans les médias audiovisuels: plus encore que le «cochon de payant», ce consommateur ou contribuable de base, les ministres se déchaînent contre les récentes décisions gouvernementales frappant d’interdit certaines importations agroalimentaires et surtaxant les voitures de tourisme privées. A se demander comment, devant...