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Actualités - ANALYSE

Jérusalem : un test majeur pour la cohésion arabe

Une impression largement partagée à Beyrouth: il n’y a vraiment rien à attendre des Etats-Unis, trop engagés aux côtés d’Israël comme le prouve la résolution de la Chambre des Représentants reconnaissant Jérusalem comme capitale de l’Etat hébreu. Certes, les députés américains ne détiennent aucun pouvoir en matière de politique étrangère mais l’Administration Clinton n’est pas en reste de partialité puisque depuis des mois elle laisse à Netanyahu, ennemi juré de la paix, la bride sur le cou et le soutient même à l’ONU quand il s’y trouve attaqué...
«Partant de ce constat, dit un ancien ministre, les Arabes se trouvent devant une alternative simple: capituler ou faire front et résister. Le recours au verdict des armes leur étant interdit, ils peuvent, s’ils choisissent de lutter, resserrer l’embargo économique sur Israël, réactiver l’Intifada, dynamiser les opérations au Sud-Liban mais aussi déstabiliser de tous les autres côtés les bordures de l’Etat hébreu et les territoires arabes qu’il occupe, jusque-là trop calmes...». Une claire allusion à l’une des contradictions arabes les plus flagrantes, à savoir qu’on se contente de vitupérer verbalement contre Israël en laissant le Libanais résister seul sur le terrain occupé...

Manœuvres
antérieures

L’ancien responsable insiste ensuite sur la «gravité extrême du geste de la Chambre des Représentants qui veut allouer cent millions de dollars pour le transfert de l’ambassade U.S. de Tel-Aviv à Jérusalem. Le Département d’Etat a beau répéter que sa politique par rapport à Jérusalem n’a pas changé, que le statut de la cité ne peut être réglé qu’au cours de la dernière phase des négociations israélo-palestiniennes, l’attitude des députés U.S. est un encouragement tout à fait marquant à l’intransigeance de Netanyahu. Il bénéficie déjà d’une position israélienne unifiée sur Jérusalem. Et maintenant il sait pouvoir compter sur des alliés sûrs au sein même de l’appareil politique américain, pour contrer les éventuelles pressions de l’Administration Clinton qui s’en trouve sévèrement affaiblie. Une Administration qui d’ailleurs montre très peu de zèle dans son rôle d’arbitre impartial, puisqu’on l’a vu user de son droit de veto aux Nations Unies contre une résolution du Conseil de Sécurité condamnant l’opération d’implantation sioniste à Abou Ghoneim. Netanyahu va donc pouvoir accentuer la colonisation des quartiers arabes pour judaïser définitivement Jérusalem».
Cette personnalité rappelle ensuite que «Robert Dole, alors leader de la majorité républicaine au Congrès américain, avait présenté dès 1995 une motion réclamant le transfert de l’ambassade U.S. de Tel-Aviv à Jérusalem. Les Arabes, alarmés, s’étaient réunis d’urgence au siège de la Ligue puis avaient inspiré au Conseil de Sécurité un projet de résolution intimant à Israël de cesser les réquisitions de parcelles arabes à Jérusalem texte qui s’était heurté au veto des Etats-Unis. Shimon Pérès, à l’époque ministre des Affaires étrangères en Israël, soutenait que cet Etat avait pleinement le droit de placer des terrains sous séquestre, du moment qu’ils se trouvaient sous souveraineté israélienne. De son côté, Yitzhak Rabin, qui était à la tête du gouvernement israélien, se disait «surpris» par une réaction arabe «trop émotive» à son sens... Non moins faussement innocente, Madeleine Albright, qui dirigeait la délégation U.S. au Palais de Verre, affirmait qu’on pouvait tout régler par des indemnisations... Autrement dit, pour le fond, l’Administration Clinton elle-même n’est pas loin de penser que, pour peu qu’on paie aux Palestiniens, on peut laisser Jérusalem aux juifs. Toujours est-il que le sujet étant par trop sensible, le président Bill Clinton a gelé, pour une période renouvelable de six mois, la décision sur le transfert ou le maintien de l’ambassade U.S. en Israël».
Pour cet ancien ministre, «il est certain que la réactivation de cette bombe diplomatique qui s’appelle Jérusalem résulte du blocage du processus de paix, imputable aussi bien à la partialité américaine qu’au radicalisme du Likoud au pouvoir en Israël. Il faut que les Arabes, Palestiniens en tête, aient le courage de leurs opinions. Autrement dit, ils ne doivent pas se contenter de dénoncer verbalement le parti-pris américain. Il faut qu’ils en tirent les conséquences, en prenant leurs distances par rapport à un parrainage U.S. qui ne fait que couvrir les actions israéliennes hostiles à tout véritable règlement de paix. Les Arabes doivent donc lancer une vaste campagne dans la communauté internationale et ils auront de bonnes chances d’être entendus car Jérusalem est une cité sainte pour tous les musulmans, tous les chrétiens du monde aussi bien que pour les juifs. Il faut une levée de boucliers universelle pour empêcher son annexion politique définitive par l’Etat hébreu avec la complicité des Américains. Un effort d’autant plus nécessaire que l’annexion de la partie Est a été votée par la Knesset en 1980, à l’instar de l’annexion du Golan. Autrement dit, si on laisse faire pour Jérusalem, le haut plateau pourrait suivre. Et Le Sud-Liban resterait éternellement occupé...».
E.K.
Une impression largement partagée à Beyrouth: il n’y a vraiment rien à attendre des Etats-Unis, trop engagés aux côtés d’Israël comme le prouve la résolution de la Chambre des Représentants reconnaissant Jérusalem comme capitale de l’Etat hébreu. Certes, les députés américains ne détiennent aucun pouvoir en matière de politique étrangère mais l’Administration Clinton...